Commentaire de Patrick FERNER
sur Bill Gates philanthrope ? Oui, mais pas trop


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Patrick FERNER 22 février 2007 14:43

@gnarf

« Cette pollution à Ebocha, Nigeria, dont vous parlez, il s’agit simplement de torchères qui brûlent du gaz de pétrole...c’est beaucoup moins polluant que le moindre incinérateur de déchets en France... » Et ça, ce n’est pas de la naïveté ? J’ai traduit pour votre information ce passage de l’article du L.A. Times intitulé « Dark cloud over good works of Gates Foundation » (Le temps se couvre sur les bonnes œuvres de la fondation Gates) « A Ebocha, [là où vit Justice,] un médecin local, le Dr. Elekwachi Okey, dit que les centaines de torchères des installations pétrolières implantées dans le delta du Niger ont provoqué une épidémie de bronchite chez les adultes, de l’asthme et des troubles de la vue chez les enfants. S’il n’y a pas eu d’études définitives pour préciser ces conséquences sanitaires, on a en revanche établi depuis longtemps un lien de cause à effet entre les 250 produits toxiques que les fumées et la suie contiennent, d’une part, et les maladies pulmonaires et le cancer d’autre part.  »Nous sommes tous des fumeurs ici« , dit Okey, »mais sans cigarette". Les installations pétrolières implantées dans la région qui entoure Ebocha trouvent que cela leur coûte moins cher de brûler chaque jour quelques 330 millions de m3 de gaz, contribuant ainsi au réchauffement général, que de le vendre. Elles nient le fait que les torchères sont à l’origine des maladies. La haute cour de justice du Nigeria a fixé une échéance pour mettre fin aux torchères, soit mai 2007. Les gaz seraient injectés dans le sous-sol ou acheminés par camion et par des conduites pour être vendus. Mais les autorités s’attendent à ce que les torchères brûlent bien des années encore après cette échéance".

Par conséquent, vous comprendrez facilement que je n’ai pas mentionné ce dernier point car les autorités nigérianes elles - mêmes ne se font aucune illusion sur l’arrêt des torchères en mai 2007.

Enfin, encore une fois et au risque de me répéter, ce n’est pas le mode de financement qui est en cause, qu’on y adhère ou pas, mais le fait que d’un côté on aide les gens à se soigner et que d’un autre on contribue à les rendre malade. Il y a d’autres fondations qui se soucient du caractère éthique de leurs investissements en nommant des mandataires (proxies) qui vont vérifier ce critère auprès des entreprises concernées, pas uniquement comme des gendarmes mais aussi comme des conseillers. C’est ainsi qu’en Afrique du Sud, à l’époque de l’apartheid, ils ont réussi à persuader des entreprises de ne pas investir dans ce pays, contribuant ipso facto à mettre fin à ce régime de ségrégation ; ce fait est mentionné dans l’enquête du L.A. Times à laquelle je vous renvoie. Cela prouve que l’on peut financer une fondation sans pour autant investir dans des sociétés dirigées par des patrons-voyous. Ce n’est point faire preuve de naïveté que de le dire et affirmer le contraire me paraît relever d’un grand cynisme.


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