Commentaire de Daniel Paruzzi
sur Faut-il interdire l'Ancien Testament et la Torah ?


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Daniel Paruzzi 4 février 2014 11:28
Cher Avuser,

Bien que je doive tout d’abord saluer en vous un musulman cultivé qui raisonne et se documente, et sait respecter son interlocuteur même s’il n’est pas d’accord avec lui, ce qui n’est pas très fréquent sur les forums du web, il me faut tout de même m’inscrire en faux contre votre première affirmation :

Vous voulez vous placer en exégète pointu du christianisme en tentant immédiatement de désarçonner votre adversaire sur une accusation à peine voilée d’hérésie, en laissant entendre que la doctrine paulinienne ne serait pas chrétienne : 

Malheureusement, cette objection n’est pas recevable, car d’une part, les apôtres Pierre et Paul ont accordé la doctrine en parfaite harmonie lors du concile de Jérusalem en l’an 48 : Pierre, que tous reconnaissaient comme le chef de l’Eglise, confirmait ainsi que l’intuition de Paul, résumée dans la formule « vous n’êtes plus sous la loi, mais sous la grâce » (Romains, 6:14) était conforme à la doctrine de Jésus qui accomplissait l’acte universel d’abolir le racisme qui, comme je l’ai dit plus haut, avait été le lot de toutes les religions antiques.

La doctrine de Paul n’est donc pas une hérésie solitaire, mais elle est avalisée par le concile de Jérusalem, et devient la doctrine de toute l’Eglise. Pierre a eu d’autant plus de facilité à l’admettre que lui-même avait fait l’expérience de cette remise en cause révolutionnaire de la mise à part des Juifs, dans un songe que Dieu lui avait envoyé : 

« J’étais dans la ville de Joppé, et, pendant que je priais, je tombai en extase et j’eus une vision : un objet, semblable à une grande nappe attachée par les quatre coins, descendait du ciel et vint jusqu’à moi.
Les regards fixés sur cette nappe, j’examinai, et je vis les quadrupèdes de la terre, les bêtes sauvages, les reptiles, et les oiseaux du ciel. Et j’entendis une voix qui me disait : Lève-toi, Pierre, tue et mange. Mais je dis : Non, Seigneur, car jamais rien de souillé ni d’impur n’est entré dans ma bouche. Et pour la seconde fois la voix se fit entendre du ciel : Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé. » (Actes, 11:5-9)

Ce qui amène Pierre à conclure :

« Vous savez, leur dit-il, qu’il est défendu à un Juif de se lier avec un étranger ou d’entrer chez lui ; mais Dieu m’a appris à ne regarder aucun homme comme souillé et impur. »(Actes, 10:28)

Ainsi, quand Paul se dit « juif avec les Juifs et grec avec les Grecs », c’est précisément en raison de l’universalité de la religion nouvelle, qui a fait disparaître les cloisons entre les peuples : Le salut, bien que venu par les Juifs, est pour tous, Edom et Ismaël ne seront plus jamais maudits, contrairement à ce que peut laisser penser le rejet d’Ismaël par Abraham sur demande de Sara, car Jésus réalise la prophétie donnée par Dieu à Abraham : 

« Abraham deviendra certainement une nation grande et puissante, et en lui seront bénies toutes les nations de la terre. » (Génèse, 18:18)

La doctrine de Paul est donc la concrétisation de la promesse faite à Abraham, et ne constitue en rien une branche égarée du christianisme, mais se trouve au contraire au coeur de la foi chrétienne, car nous pouvons être assurés qu’elle est inspirée par Jésus lui-même, c’est pourquoi Pierre a pleinement adoubé Paul comme apôtre des Gentils.



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