Commentaire de Encabane
sur L'événement du 2 août 1914, dont les médias français se gardent bien de parler


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Encabane Encabane 5 août 2014 22:20

C’est vrai que les médias Français du 2 août 1914 auraient pu mettre un peu mieux en balance ces deux événements d’égale importance, le début de la première guerre mondiale et votre congresso, là.

L’espéranto a échoué pour de nombreuses raisons, la première étant qu’il n’a jamais été, depuis le début, que le cache-sexe de francophones militants souhaitant, à défaut de pouvoir imposer leur langue, faire au moins barrage à l’anglais. Si Zamenhof était Polonais, le foyer actif de l’espéranto a toujours été en France, ce n’est pas un hasard. Ce n’est pas un hasard non plus si, durant la guerre froide, les régimes communistes ont poussé au prosélytisme de cette langue en URSS, dans les démocraties populaires d’Europe orientale, à Cuba, en Chine... Tous pays motivés, non par une réelle motivation à rendre l’espéranto populaire, mais par le dépit de voir l’anglais s’imposer partout. L’espéranto n’a eu de soutien politique que tant qu’il pouvait prétendre à représenter une alternative à la culture anglo-saxonne - et ce soutien n’est jamais allé bien loin d’ailleurs, même les mouvements syndicaux internationalistes ont laissé tomber l’affaire. Bref, le projet est un échec.

Il suffit, pour s’en convaincre, de suivre les chiffres dans votre propre article, où vous indiquez que bon an mal an, un congrès mondial d’espéranto rassemble, aujourd’hui, à peu près autant de participants qu’il y a un siècle. Et pourtant, à l’époque, on se déplaçait en train à vapeur, en paquebot à charbon, en calèche, et pour faire la propagande du congrès, réserver à l’étranger des voyages, des hôtels etc..., faire faire passeports et visas, cela prenait des semaines ! Et à l’époque, la population mondiale n’était que le tiers de ce qu’elle est aujourd’hui, avec un niveau de vie incomparablement plus bas.

L’espéranto a eu son heure. Il est aujourd’hui sans objet. Quelques douzaines de retraités de la fonction publique, la plupart Français, continuent à se retrouver tous les ans dans telle ou telle cité pas trop balnéaire, parce que sinon ça coûte cher, sous prétexte d’entretenir une flamme qui était éteinte avant leur naissance. C’est le seul lieu et la seule seule occasion où l’espéranto peut être utilisé. Puis après avoir passé trois jours à se distribuer des fanzines, vendre des bandes dessinées faites maison et écouté quelque Hongrois à moustache chanter la gloire de Zamenhof et les méfaits de Beaufront en grattant trois accords douteux sur sa guitare qui ne l’est pas moins, ils retournent à l’aéroport où ils demanderont l’enregistrement de leurs bagages en anglais.


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