Commentaire de Bovinus
sur L'âme russe, une « arme » pour Poutine ? (Second volet)


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Bovinus Bovinus 9 octobre 2014 21:11

@ Nicole C.
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C’est dommage, j’avais fait un assez long commentaire exprès à votre intention, mais on dirait que vous ne l’avez pas vu. Cette fois, je vais critiquer votre position, pas par ressentiment, simplement parce que vous êtes comme la plupart des gens qui croient chercher des solutions alors qu’ils ne font que patauger dans le constat.
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L’endettement des Etats est un scénario pour justifier du démantèlement des Etats-Nation (les États Providence), et l’instauration du tout-libéral sans foi ni loi et toutes les mesures anti-sociales et violentes qui l’accompagnent.
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Le « tout-libéral sans foi ni loi » est conceptualisé dès le siècle dit « des Lumières », fondamentalement, c’est la même idéologie qui est à l’œuvre aujourd’hui, avec simplement des adaptations techniques ou de circonstance.
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Le démantèlement de l’État-providence, c’est plutôt la conséquence directe du « démantèlement » de l’URSS (voir le commentaire de Pierre ci-dessus et ma réponse). L’endettement des États, c’est pas un truc qui a été programmé exprès pour justifier la fin de l’État-providence. C’est une tendance lourde qui apparaît dès le « Choc pétrolier », et peut-être même une conséquence de l’État-providence, dont l’apparition en Occident remonte plutôt à grosso-modo 1946.
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Le PC s’est effacé, malheureusement, victime de ses querelles intestines internes, et cette démission devant l’avancée du capitalisme-financier coûte à la France les plus belles réalisations du CNR (gaullistes + parti communiste) mis en place dès l’après-guerre.
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Le PC s’est surtout effacé parce que Moscou a cessé de le soutenir. La chute de l’URSS a été un véritable cataclysme, certaines conséquences ne deviennent visibles que maintenant, mais elles étaient prévisibles dès 1991. La démission des syndicats vient aussi de là, de même que l’extension de l’OTAN-UE et sa mainmise sur toutes les organisations qui dépendaient plus ou moins directement de l’URSS auparavant.
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Bref, rien de sérieux ni de dissuasif ce qui mettaient en rage les militants syndicaux de la base. Une base appelée à s’incliner.
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Demandez-vous à quand remonte la dernière grève générale en France. Dès après cette époque, on peut déjà constater une « castration » progressive du syndicalisme. Certains analystes russes disent aujourd’hui que la passivité soviétique pendant les « évènements de mai 1968 » fut une erreur stratégique majeure. Effectivement, il n’y a plus rien à espérer de ce côté-là, à moins que la « base militante » française ne redécouvre soudainement sa propre culture et n’exhume les thèses de Georges Sorel. Allez, je vais être sympa - voici un lien ( http://www.kontrekulture.com/produit/textes-choisis-sorel ), vous en faites ce que vous voulez.
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D’ailleurs, une chose m’a toujours étonné, c’est le terme « partenaire sociaux » qu’avaient adopté les syndicats. Voir la définition du mot partenaire dans le dictionnaire.
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Un autre français, un certain Eric Hazan, a écrit un bouquin sur ce thème. La subversion du langage n’est pas une vue de l’esprit, c’est une question réelle et grave, au point qu’on la retrouve par exemple dans le Tao Te King (c’est pas tout jeune, pourtant), ou encore, certains penseurs de l’Antiquité grecque. C’est un sujet qui rentre aujourd’hui le domaine de ce que nos « amis » américains appellent le Social Engineering, et dont on commence à peine à entendre parler en France. En voilà assez là-dessus pour vous donner le vertige - http://ae-editions.eklablog.com/comite-invisible-ingenierie-sociale-et-mondialisation-a4714322 . Et ce n’est qu’un avant-goût de ce qui se fait de notre temps.
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Il faut renouer avec le programme du CNR (véritable programme révolutionnaire s’il en est), faire contrepoids aux partis bien en place et agissant contre le PEUPLE : UMPSFN. Là me semble l’essentiel. C’est une question de survie.
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Le « programme du CNR » est entièrement inspiré de la Constitution stalinienne de 1936, et adapté à la réalité française. Cette constitution est en effet, bel et bien « révolutionnaire » par ses dispositions sociales (congés payés, sécu sociale, travail limité à 8h par jour, etc. etc.). Comme vous avez pu le constater par vous même en profitant de tous ces avantages, c’est pas si « bidon » que ça, n’est-ce pas, camarade bourgeoise ?
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Le reste, n’est que billevesées.
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Faites attention quand même au fanatisme dogmatique. C’est moi, le Russkof stalinien qui vous le dis, de par ma propre expérience et mon histoire. Oui, certes, il y a du bon chez nous, mais il y en a aussi ailleurs. Intéressez-vous à votre propre Ancien Régime pour commencer, vous serez très surprise de ce que vous y trouverez comme institutions à caractère social et anti-libéral. Il y a aussi d’autres systèmes qui sont tout à fait respectables, la démocratie athénienne par exemple (vous en trouverez certains traits en Suisse aujourd’hui même, notamment). Ou d’autres encore que je ne connais pas.
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J’en ai assez dit, bonne lecture.


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