Commentaire de bakerstreet
sur Fleur Pellerin : Héroïne de Modiano, ou compagne de OSS 117 ?


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bakerstreet bakerstreet 27 novembre 2014 01:40

Merci Fergus


J’aime bien Modiano. 
Toutefois, j’avoue que j’ai comme lui était très surpris qu’il ait le Nobel.
 Mais j’aime bien être surpris de cette manière, justement. 
On avait pronostiqué Murakami....
Beaucoup de journalistes à l’étranger ont du rechercher leur fiche. 

Il est vrai que son motif est très répétitif, bien qu’envoûtant, même pour les gens qui l’aiment, Mais c’est peut être bien pour ça qu’ils l’aiment. 
Mais c’est vrai que je ne citerais aucun de ses livres dans les vingt ou trente livres les plus importants qui ont compté pour moi. 

Et ça me désole un peu, puisqu’il doit arriver en trente et unième position.
 Ce qui n’est pas si mal tout de même, dans mon p’tit panthéon. 
J’ai bien envie de le pistonner, de le faire entrer tout de même « dans ma petite bande »

Je n’ai pas cherché sur internet les raisons de leur choix, qui me semble étrange tout de même.
 Il y en a d’incontestables, comme Marquez par exemple. 

Mais la prose intimiste de Modiano est elle universelle, à travers ses thèmes ?
C’est un peu comme quelque chose de typiquement français, le roquefort, dont on est surpris et étonné qu’il fasse un malheur à l’export.

Il existe des femmes pas forcément belles, mais qui ont quelque chose d’autre. 
Les mots manquent bien sûr, et surtout la raison.....
C’est là, après que ce situe la chose, ce vertige impalpable, qui retient les regards, et dont les gens cherchent longtemps les mots.

Peut être bien qu’un des jurés à un moment donné a dit ce que tous les autres pensaient, sans oser le dire : « Je ne sais pas pourquoi ce type doit avoir le prix, mais c’est lui qui doit l’avoir ! »

En lisant Modiano, on arrive dans une zone grise, un peu glissante, on l’on se retrouve souvent en porte à faux avec ce que l’on avait dit l’instant d’avant, comme un adolescent perdu à une époque trouble.

Tous ces livres composant une sorte de chaîne de de variations sur les même thèmes, ce qui amène une certaine amnésie de leur lecture, et des événements. 

Ce quelque chose justement qui est au creux de la condition humaine, et peut être dans la continuité de la pensée de Proust, avec là aussi son histoire de temps revisité. 

Quand on parle du Modiano, forcément on fait du Modiano, dans l’hésitation, le non sens de sa présence en ces lieux, cherchant quelque chose qui nous unirait à l’événement, et qui fait qu’on est « off ».
,Un peu comme cette Fleur Pellerin par exemple, qui même si elle ne l’a pas lu, fait du Modiano, en disant qu’elle n’ a jamais lu un livre de lui. 
Un type dont elle a entendu parler. 
Toutes les histoires de Modiano ont cette dynamique de l’amnésie et de l’oubli.

Elle ne le connait pas, mais pourtant elle l’interprète à travers ses hésitations, puis ses emballements ; c’est ce que j’ai trouvé un peu aveuglant qui m’a donné l’idée de partir dans cet écrit sans savoir où j’allais aller.
Ce Modiano est redoutable...
.Aussi, après qu’il vous ait transformé en un de ses personnages, gardez sur vous comme le petit poucet un marque page. 
EN se méfiant de ne pas sentir la couverture du livre se refermer sur vous ! 
Même si ce n’est pas Stephen King, il est redoutable de bien des manières.
 
Il y a toute une intelligence et une connivence souterraine des choses qui forgent les lapsus, les non dits, les ignorances, les envolées, et j’ai voulu un peu rebondir la dessus, en cherchant à retrouver un peu les mots, les couleurs, et l’intelligence d’un auteur, qui au delà des titres, m’ont souvent bouleversé.


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