Commentaire de Emmanuel Aguéra
sur Ce dimanche, je n'étais ni Charlie, ni juif, ni musulman. Je ne suis qu'un, soyons tout
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Excellent article, j’ai bien votre sentiment diffus de « croisée des chemins ». Je le pense aussi, et c’est que bien déjà, je pense entendent par « un avant - un après ». Mais excusez-moi, Karol, votre titre est aussi con que la une du Canard Enchaîné est intelligente.
Jugez plutôt :
« Allez les gars, vous laissez pas abattre ! Un pour tous, tous Charlie ! »
Voilà pourquoi je ne refuse pas d’être Charlie.
On met le seuil de la fin de la cohérence sociale où on veut. La fin de Wolinski et Cabu, intimes intemporels de ma conscience, et celles de Tigneux et Chtarbé, insousmis de l’insoumission, a changé la donne. On oppose les meilleures pensées du monde, non plus à des idéologies nauséabondes, mais à des crimes. Alors on assiste à un regroupement grégaire devant l’horreur. Ce ciment artificiel, fruit d’émotions et de pensées entrechoquées n’a de valeur que celle qu’on veut bien lui donner. La plupart des charlies d’aujourd’hui sont les colporteurs de guerre que combat Charlie. Et alors ? Tant mieux.
N’être pas capable d’accepter les différences alors que de la cohésion dépend le changement, ça veut dire que nos amis sont morts pour rien. En faudra-t-il donc d’autres avant d’agir ? Les va-t-en guerre, je vous rappelle, sont de sortie, les actions anti-musulmanes, c’était à prévoir, se compte maintenant à la centaine, nourrissant, soyons-en surs, de nouvelles vocations désespérées et suicidaires chez les plus paumés des 2 côtés. Certains, sur notre échiquier politiques en font ouvertement profit.
N’être pas Charlie, voyez-vous, pour moi Emmanuel, n’est pas une option. Qui qu’il soit, ce Charlie, il m’est une opportunité d’avancer. D’avancer ensemble, dans la société, ce qui est mieux que dans une manif unicolore ou un groupe de supporters en transe. « Ensemble, dans une société »... faut-il que nous soyons tombés si bas qu’il faille user de pléonasmes aussi déconcertants pour convaincre ?
En fait, quoiqu’on pense de Charlie-Hebdo, être Charlie, c’est dire ensemble non à la connerie, au racisme, aux chapelles et aux fanatismes.
C’est pourquoi les racistes et les fanatiques ne veulent pas être ni ensemble, ni Charlie. C’zest dur de penser par soi-même.