Commentaire de Philippe VERGNES
sur « Où est Charlie ? » : le retour du fascisme et du totalitarisme sous le masque de la perversion narcissique


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Philippe VERGNES 26 mars 2015 21:01

@ PIPO,

Je vous rejoins à tout point de vue concernant vos conclusions et très honnêtement, j’espère fortement me tromper quant à mon pessimisme sur le long terme.
Il est bien clair que la perversion narcissique s’attaque aux causes plutôt qu’au conséquence de la violence et c’est effectivement une chose que nous devons apprendre. J’en reparlerais tantôt sous une autre forme.
Cependant, je mets un bémol aux propos tenu par Alain Ksensé dans son article qui date de 2003 (ma lecture de son texte et presque tout aussi veille, mais je l’ai à l’époque « mal » noté 3/5 uniquement alors que je suis normalement très large dans mes notations : j’accorde à la plupart des auteurs un 5/5). J’annote tout les articles que je lis sur les sujets que j’étudie, et il ne m’est pas difficilement de dire pourquoi Alain Ksensé se plante lorsqu’il associe perversion narcissique et perversion sexuelle.
Comme vous avez pris connaissance de l’article de cet auteur, je pourrais si vous le souhaitais vous dire quel sont les passages de son textes qui ne cadrent pas avec la théorie de Paul-Claude Racamier tel que ce dernier la conçu.
Mais cela serait long et je peux résumer ainsi cette position :
Mon « exposé » en modération a finalement pu passer. J’y précise notamment que : « ... ce dont il est question ici est d’une dynamique intrapsychique, transsubjective et intergénérationnelle dont seule la troisième topique de Paul-Claude Racamier est à l’heure actuelle capable de rendre compte malgré les prodigieuses avancées de certaines théories telles que celle de la théorie de l’attachement de John Bowlby. »
La plupart des commentateurs qui prétendent connaître ce qu’est la perversion narcissique oublient que cette théorie émane d’une troisième topique psychanalytique spécifique à Racamier.
Comme je le précise dans mes deux précédents articles, cette topique est intra ET interpsychique. A ce titre, elle dépasse, surpasse et chapeaute les deux premières topiques freudiennes. Elle en corrige également les apories.
Or, que fait Alain Ksensé dans son article ?
Comme la plupart des intervenants sur ce sujet, il opère un retour aux topiques freudiennes pour expliquer une théorie qui n’y a que très partiellement recours et qui les dépasse. Ce faisant, il la mutile et en réduit le sens. Cette réduction de sens en pervertit la notion. Ce qui ne veut pas dire que tout soit faux dans son propos. Bien au contraire !
Il dit beaucoup de chose intéressante. Mais je maintiens : la perversion narcissique n’a rien de sexuel, car si le pervers sexuel possède certains traits du pervers narcissique, le pervers narcissique n’a rien d’un pervers sexuel.
Racamier est très clair dans ses écrits : la perversion narcissique est une défense de survivance répondant au double principe de survie et d’anéantissement (c’est du moi su sujet dont il s’agit ici). Principe qui apparaît AVANT le principe freudien, lui aussi double, de plaisir et de réalité.
Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que la relation entre ce principe mis à jour par Racamier, et celui plus connu de Freud, est une relation d’antériorité et non pas d’équivalence.
La confusion est ici évidente et courante chez tous ceux qui méconnaissent cette problématique : faire intervenir les vues de Freud dans la notion de perversion narcissique démontre une profonde incompréhension du sujet et de ses principales caractéristiques qui touche à la perversité et à la perversion morale (et non pas sexuelle).
Comme mon article qui devrait vous éclairer également sur ce véritable « fléau » et l’impact qu’il peut avoir sur notre société vient de paraître, je vous y renvoie pour prendre connaissance de l’un des éléments les plus fondamental de cette théorie qui est l’incestuel.
Vous noterez que dans son texte, Alain Ksensé, au contraire de ses collègues plus compétent que lui dans ce domaine et ayant participé à l’écriture de ce numéro spécial, ne s’y réfère pas une seule fois.
Or, ce concept est primordial pour comprendre qu’il n’y a rien de « sexuel », au sens freudien du terme, dans la perversion narcissique. (Car dans cette pathologie, le sexuel et « désexualisé » : il n’en a pas l’apparence, il n’est surtout pas ni montré, ni exhibé, et si découvert, il sera fortement nié. C’est très complexe, il faut lire les définitions de l’incestuel que je communique dans ce nouvel article.)
Si cela ne vous éclaire pas, je pourrais encore citer Racamier dans l’une de ses toutes dernières conférences qu’il a pu donner à ce sujet. Ses réponses aux questions posées par ses interlocuteurs sont très précises également à ce sujet.
(Comme a mon habitude pour les longs messages, je ne me relis pas avec tout ce que cela implique.) smiley

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