Commentaire de Hermes
sur L'Homme aux mains des sciences biologiques ?
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@lsga
Bonjour Isga, je suis heureux de voir que vous acceptez le débat. Effectivement ce sont des questions essentielles. Je vais essayer de donner mon point de vue le plus clairement possible. Il m’est difficile d’en rendre compte dans la linéarité du discours, et je m’aperçois que j’aurais tout aussi bien pu commencer par la fin ou le milieu.
Pour beaucoup, il y a la peur de faire face aux questions essentielles. Si on travaille l’attention (à travers les sens internes/externes) dans le présent, on se rend compte du caractère illusoire de notre imagination et de l’idée qu’on a du passé. On avance ainsi sur la connaissance de soi, et on voit apparaître un chemin de sortie de la peur et de l’angoisse fondamentale. Petit à petit se dessine une capacité d’accepter notre condition humaine,et d’accompagner les choses avec une sérénité grandissante.
On peut s’apercevoir que les changements s’effectuent alors sans brutalité autour de soi.
Cela amène à reconsidérer la question de la révolution et l’ordre dans lequel on considère la nécessité du changement : extérieur-intérieur ?
Votre approche (qui semble) unilatérale de révolution globale laisse l’homme face à son angoisse, et les mécanismes d’avidité et de possession qui sont parmi les plus répandus pour calmer cette angoisse (il y a aussi les certitudes absolues). Ces mécanismes se remettraient inévitablement à l’oeuvre.
Il est indispensable me semble-t’il d’avancer sur le « front » du développement de la connaissance de soi, de la conscience de soi pour ne pas simplement faire tourner la roue des révolutions/contre-révolutions sanglantes.
Une société ne sera paisible et perçue gloablement comme juste que lorsqu’une grande majorité de femmes et d’hommes auront atteint un seuil de tranquillité interne qui leur permette de gérer de façon positive et constructrice les inévitables divergences de points de vue, avec la capacité de les intégrer et de les dépasser. Bien sûr je ne prétend pas qu’il faille tout supporter : l’état actuel du monde est tel qu’il peut être nécessaire de savoir se défendre ou éviter une menace....
De génération en génération le gain vers cette paix intérieure se transmet et se développe. C’est très fragile, car le négatif est un attracteur piussant, à travers les mécanismes de survie dont nous avons hérité, et le positif est au contraire un choix. Par ailleurs les traumatismes que sont les guerres (armées ou économiques) et les révolutions violentes, en exacerbant les passions et répandant la souffrance, sont des obstacles qui retardent la possibilité d’une généralisation de l’émergence des consciences à chaque fois pour quelques générations. La mémoire traumatique est mauvaise conseillère et ne se transforme que lentement.
Il n s’agit pas d’être idéaliste et de nier la réalité des luttes d’intérêt (Gorabtchev était le cas typique d’un idéaliste manipulé), mais de se rendre compte avec humilité que faire notre part honnêtement avec nous même n’est déjà pas si facile, et qu’une grande partie du chemin d’intégration que nous faisons, nous la transmettons implicitement à nos enfants ou nos compagnons.
Peut être un jour y aura-t’il un grande transformation des rapports humains dans nos sociétés, mais ce sera sans doute le fruit d’une évolution dont nous ne connaissons ni la durée, ni la forme, ni le chemin.
En tout cas cela se joue , pour soi-même et notre entourage, clairement dès maintenant, dans chaque positionnement interne que nous prenons individuellement dans les « petits » événements du quotidien. Maintenant est la seule réalité que nous pouvons expérimenter. L’expérimenter permet de voir que l’attention au présent, en laissant choir les tensions inutiles, en laissant choir les considérations morales et les jugements, nous redonne une capacité réelle de choix dans une optique constructrice qui génère une qualité d’être non imagnaire. Le dialogue est toujours bienvenu.
Merci de votre lecture.