Commentaire de Paul Leleu
sur Terroristes ou malades mentaux ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Paul Leleu 21 juin 2016 20:39

la schizophrénie n’est pas une maladie mais un ensemble de symptômes... pour faire bref, un toussement peut être aussi bien le symptôme d’un rume que d’un angine ou d’un cancer du poumon... et les neuropleptiques « stabilisent » la patient, mais ne le « guérissent » pas. 


----------

Un autre aspect des choses me semble la manière dont les symptômes sont décrits par la sphère médicale et juridique. D’parle celui qui qualifie ? 
La psychiatrie n’est pas seulement une science qui essaye de connaitre les causes des symptômes et les moyens de les guérir, elle n’est pas seulement une médecine qui essaye de prendre soin de la personne, elle est aussi un rempar érigé par la société inquiétée par la « maladie mentale ». Cette fonction est plus que problématique.

La « société » a du mal à comprendre qu’il existe un continuum ininterrompu entre la « normalité » et la « folie »... Entre la santé et la pathologie... entre le centre et les marges... entre l’agora et la banlieue... On passe dans la maladie mentale un peu comme on passe des beaux quartiers à un quartier chaud et d’un quartier chaud à un endroit dangeureux... voilà mon avis. Il n’y a pas de « fronitère »... Chacun peut faire cette expérience « géographique ». 
 Et d’ailleurs la plupart des gens qui habitent dans les quartiers chauds sont de parfaits citoyens simplement pauvres... a contrario de délinquants en col blanc qui habitent les quartiers riches...

tout est très trouble et complexe et mélangé... 

La fonction psychiatrique intervient presque toujours beaucoup trop tard (après un drame), et pour de mauvais motifs (dire le bien et le mal au lieu de prendre soin). 

Concernant les terroristes, je rejoins l’avis d’un lecteur : terroristes et malades mentaux

Le problème, c’est que le djihadisme offre une magnifique voie aux malades mentaux en tous genres (« accomplissement » mystico-cinglé, aussi bien que « vengeance » frustrée-nihiliste). Le djihadisme offre en effet aux malades mentaux ce qu’ils demandent très souvent : une politisation de leur vécu mental.

La psychiatrie comme les autres secteurs de la société a vécu depuis les années 80 la vague néo-conservatrice... La pensée arrogante néo-conservatrice agit un peu comme l’excès de stérilisation à l’hôpital : création de germes encore plus virulents et résistants aux traitements. C’est une sitation complexe. 

L’antipsychiatrie (par exemple) offrait une politisation alternative. Aujourd’hui ce serait un outil utile à reprendre et moderniser. 

Pour faire bref, la société actuelle met sur les épaules du malade tout le chemin à parcourir vers la « normalité », figurée par la société qui incarne cette normalité.
Cette vision repose sur deux axiomes : soit la société se considère comme déjà parfaite, soit elle se considère comme un modèle indépassable. En d’autre terme : TINA (il n’y a pas d’alternative). Et bien-sûr, tout le reste ne serait que « thérories fumeuses des 68ards »

A contrario, l’antipsychiatrie ne crée pas de frontière étanche entre le malade et la société. Elle propose que chacun face un pas. Non pas l’un vers l’autre. Mais vers un ailleurs commun. 
Il ne s’agit pas de faire une société « à-moitié » folle comme le pensent certains. Ni de faire des malades « à-moitié castrés ». Il s’agit non pas d’avancer l’un vers l’autre de cette manière. Mais d’avancer vers un « tiers-lieu » où les deux parties pourront se retrouver. 

Voilà l’idée... Je pense qu’elle est plus que jamais d’actualité avec les actes de terrorisme actuels... Le djiadisme 2.0 étant effectivement un politisation de leur situation par des malades mentaux. 

-------

Après, la lutte contre l’idéologie islamiste (au point de vue politique et théologique), la lutte contre ses financements (les milliardaires arabes), et la lutte contre son intrumentalisation (y compris parles USA depuis 50 ans) est un autre domaine. On s’entend bien. 

Mais le cas individuel des individus qui nous frappent aujourd’hui doit aussi être considéré dans un point de vue anti-psychiatrique... Ne serait-ce que par pure efficacité. Car il n’y a pas de moyen policier de lutter totalement contre les « passages à l’acte ». La « prévention » paternalisante non plus n’est pas efficace... Le djiadisme contemporain met la société face à ses propres failles (c’est pourquoi il attire les malades mentaux qui y voient une issue politique pour eux). L’anti-psychiatrie propose une double victoire : désamorcer les passages à l’acte y compris dans des angles-morts de la police, renouer avec le meilleur de nos traditions humanistes et progressistes qui sont notre identité. 

Voir ce commentaire dans son contexte