Commentaire de Milla
sur Après les déclarations du FLN Corse


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Milla (---.---.1.10) 30 juillet 2016 03:38

@tf1Groupi Le FLNC est composé majoritairement de gars d’extrême droite, de mercenaires , beaucoup de ces hommes viennent de boîtes de sécurité privés.

Droite, extrême-droite et judaïsme en France depuis 1944 Première parution : Jean-Yves Camus, « Droite et extrême droite », Dictionnaire du judaïsme français depuis 1944, Armand Colin, 2013.

Les termes « droite » et « gauche » apparaissent avec la modernité politique qui débute avec la Révolution française, l’époque antérieure ne connaissant guère qu’une opposition entre conservateurs absolutistes et libéraux. Avant la Libération, il est courant de se réclamer de la droite, du conservatisme ou du nationalisme et en 1936, des candidats aux législatives se présentent encore comme « antijuifs ». Toutefois la part prise par Vichy dans la discrimination et la déportation des juifs n’est pas la raison pour laquelle s’auto-désigner « de droite » devient rare après 1944. Les droites conservatrice et libérale ne feront sur cette question leur examen de conscience qu’entre l’affaire Touvier, dans les années 1970, et le discours historique du président Jacques Chirac le 16 juillet 1995, lors duquel il reconnaît que « la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français ».

Les ambigüités de l’après-Libération

La mise entre parenthèses du mot « droite » tient à ce que la France, libérée de l’occupation nazie, n’épure que très superficiellement ses élites politico-administratives ; la justice passe loin des responsables de Vichy. Après les lois d’amnisties de 1951 et 1953, le nombre des détenus pour faits de collaboration est inférieur à cent. Dès 1945 les jurys d’honneur commencent à relever de leur inéligibilité les parlementaires et autres personnalités qui ont soutenu l’Etat français. Aussi au début des années 1950, quasiment tous ceux qui sont libres et n’ont pas soit choisi l’exil, soit renoncé à la vie politique, retrouvent le chemin des urnes, notamment sur les listes de l’Union des nationaux indépendants et républicains UNIR, qui obtient en 1951, cinq députés ouvertement pétainistes dont Jacques Isorni, avocat du maréchal Pétain.

La recomposition des droites se réalise autour de la mobilisation anticommuniste née de la « guerre froide » (1947) et de l’attitude à tenir face à la « réconciliation nationale ». Pour l’immense majorité des gens de droite, celle-ci ne doit exclure que les pro-nazis avérés, non pas parce qu’ils furent antisémites mais parce qu’ils prirent le parti d’un occupant étranger. La France de l’époque se présente en victime, Londres et Vichy devenant, selon la théorie émise en 1950 par le colonel Rémy, un pays gagnant sa survie grâce à « la corde Pétain aussi bien que la corde De Gaulle ». L’attitude de Rémy, ancien sympathisant d’Action française et catholique fervent, découle aussi d’une réalité longtemps occultée : la part importante qu’eurent dans la Résistance les patriotes d’inspiration maurrassienne et les anciens cagoulards. Celle-ci aurait été attestée par le général de Gaulle lui-même, auquel on prête ce mot : « A Londres, je n’avais avec moi que la synagogue et la Cagoule ». Le rapport des hommes de la droite résistante avec les juifs est complexe : engagé dans les rangs gaullistes jusqu’à sa mort en 2001, l’ancien Camelot du Roi Pierre Guillain de Bénouville est dans les années 70 un des rares hommes d’affaires à traiter avec Israël malgré le boycott arabe ; héros des commandos de France, Pascal Arrighi devient un député gaulliste très engagé pour l’Algérie française, rejoint le Front national en 1984 mais le quitte quatre ans plus tard en raison des déclarations de Le Pen sur la Shoah.

(...)

Dans le domaine politique les partis de droite d’avant-guerre reformés sous d’autres noms, évitent toute prise de position anti-juive. Cependant le Parti Républicain de la Liberté (PRL) dirigé par le grand résistant André Mutter, ouvre les colonnes de son journal Paroles françaises à François Brigneau et dès 1947 dans une de ses réunions publiques parisiennes retentit déjà le cri « A bas les juifs ». A partir de 1949 le Centre national des indépendants et paysans CNIP devient le lieu de rassemblement des droites prônant la « réconciliation nationale » et l’amnistie, qui reviennent petit à petit au centre de la vie politique avec l’accession à la présidence du Conseil d’Antoine Pinay puis de Joseph Laniel. On ne saurait négliger l’importance parmi les conservateurs du radical René Mayer, chef du gouvernement en 1953. Ce haut-fonctionnaire et homme d’affaires, apparenté aux Rothschild, refusa d’abord de rejoindre Londres pour ne pas séparer son sort de celui de ses coreligionnaires. Ayant refusé un poste au sein de l’UGIF mais responsable de la commission juridique du Consistoire, rallié à la Résistance giraudiste, c’est lui qui mettra en œuvre une des lois d’amnistie et scellera la fin des jurys d’honneur, tout en devenant vice-président de l’Alliance Israélite Universelle. Il fut avec le ministre gaulliste Henri Ulver, un des rares israélites français engagé à droite sous la IVe République à assumer fièrement son identité juive.

Ambivalences à l’égard du sionisme

Le modèle israélite français, parfaitement résumé dans la devise consistoriale « Religion et Patrie », (abandonnée à la Libration), ne favorise guère le mouvement sioniste avant 1939. Pendant le conflit, les partisans de la France libre au Levant sous protectorat français manifestent peu d’enthousiasme vis-à-vis des offres d’aide sioniste.

Après la Libération, la politique extérieure reste fidèle à la préférence, influencée par l’école orientaliste française, pour une alliance avec le monde arabe. En 1948 à la naissance de l’Etat juif, le Rassemblement du Peuple Français (RPF), parti gaulliste, ne manifeste pas d’enthousiasme particulier malgré l’appui constant de certains de ses dirigeants à la cause israélienne. L’Association France-Israël sera ainsi constamment dirigée par des élus ou militaires de droite comme le Maréchal Pierre Koenig, le ministre gaulliste Diomède Catroux et Jacques Soustelle qui affirmait en 1963 : « Il est parfaitement exact que, depuis des années, j’ai exprimé sans équivoque mon admiration et mon soutien à l’État d’Israël et mon adhésion de non- Juif à la cause du sionisme. » Le Mouvement Républicain Populaire (MRP) chrétien-démocrate compte en son sein des avocats de la cause israélienne comme André Monteil. (...)

L’attitude de l’extrême-droite face à l’Etat naissant est elle-aussi contrastée et souvent différente de celle que cette famille politique continue de professer à l’égard des juifs. A cet égard il faut se souvenir que si tous les partis et journaux collaborationnistes cessent d’exister dès 1944 l’extrême-droite et sa presse se reconstituent très rapidement dans une semi-clandestinité puis, au début des années 50, légalement. La famille maurrassienne, la moins compromise avec les nazis, refonde le journal Aspects de la France en 1947. Elle demeure fidèle à la doctrine de l’anti-France, que formule ainsi en 1947 son plus brillant intellectuel, Pierre Boutang dans La dernière lanterne : « Je ne suis pas antisémite comme le furent certains Allemands, comme le sont quelques Russes et presque tous les Américains. Seulement il y a un point où il ne s’agit plus de cela, mais d’un racisme juif et de la communauté française, où je dois reconnaître une certaine frénésie juive qui s’arroge ma patrie ».

Ceci n’empêche ni Boutang, à la tête de l’hebdomadaire La Nation française de 1955 à 1967, ni Jean Madiran, ni le général Lecomte affilié à la Cité catholique, d’admirer ( un temps seulement pour Madiran), la renaissance de la nation juive sur sa terre, son ré-enracinement, la résurrection de sa langue, son patriotisme et, de manière moins désintéressée, son rôle de sentinelle de l’Occident face à un monde arabe armé par l’URSS. Cette ambivalence s’accroît au fur et à mesure que la France perd son Empire colonial, en particulier l’Algérie. Les guerres de 1956 et surtout 1967 consacrent ce basculement idéologique par lequel Israël, soutenu à l’origine surtout par la gauche socialiste, voit celle-ci s’éloigner au nom du « progressisme » tandis que la droite démocratique l’appuie volontiers, au nom de la lutte contre le communisme puis contre l’islam radical.

(...)

Les rapports entre la droite de filiation gaulliste, Israël et les juifs français ont été marqués par deux ruptures : celle de l’abandon de l’Algérie et de la guerre des Six-Jours. En choisissant d’admettre l’indépendance algérienne, le général de Gaulle s’aliène durablement la population des pieds-noirs (juifs et non-juifs) ainsi que tous ceux qui continuaient à croire à l’Empire. A une époque où le FLN incarnait à la fois le panarabisme et la pénétration communiste dans le monde arabe, il n’y a dès lors rien d’étonnant à ce que les milieux « Algérie française » aient considéré Israël comme leur allié naturel ni même à ce que ceux-ci, OAS comprise, aient trouvé un large écho parmi les juifs d’Algérie. L’axe qui se forme entre la droite israélienne et ces milieux s’articule autour de Jacques Soustelle mais il faut aussi rappeler que le capitaine Pierre Sergent, une des figures majeures de l’OAS, devenu en 1986 député du Front national, prendra ses distances avec Le Pen du FN, après sa déclaration sur le « point de détail » et soutiendra sans réserve Israël. De même le philosophe Pierre Boutang, venu de l’antisémitisme et qui avait tenté avec son journal La nation française, une synthèse gaullo-maurrassienne, se mue-t-il en ardent défenseur du ré-enracinement juif sur la terre ancestrale, admiratif de la renaissance de l’hébreu et le rôle de sentinelle du peuple de citoyens-soldats face au péril arabo-islamique.


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