Commentaire de velosolex
sur Devoir de compétence


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velosolex velosolex 8 octobre 2016 10:57

@Trelawney
Un bien beau parcours, puisqu’il finit bien, et vous a ouvert à d’autres horizons, que celui formaté des TGV..C’est pas plus mal de prendre les trains de campagne et de jongler avec les correspondances, en pratiquant parfois l’auto stop. Mais un parcours ferroviaire qui n’existe plus maintenant, au réel, et en métaphores, ou du moins se faisant de plus en plus rare. Pendant longtemps , dans une France tout de même assez dure, très peu portée sur la prise en charge psychologique, ou l’on vous disait « qu’un coup de pied au cul allait vous remettre les idées en place », la seconde chance existait pourtant, même si on n’en parlait pas.

 Il y avait toute une méritocratie qui n’était pas bridée par l’obstacle pernicieux des diplômes, ce parcours en forme de saut d’obstacles, souvent artificiels, et qui sont avant de murs infranchissables pour les autres, des protection en fait pour la bourgeoisie...Le danger, quand on met la norme d’estime et de réalisation très haut (bac, puis maintenant master) on met ceux qui échouent devant le vide sidéral.
 Même un simple certificat d’études ne vous bridait pas, bien au contraire, et un CAP était une vraie reconnaissance.....Nous sommes retournés de fait dans l’ancien régime, avec des une société de plus en plus inégalitaire, se gargarisant d’ un humanisme de façade, avec des objectifs d’amélioration en façade. 
Moi aussi j’ai quitté l’école à 16 ans, révolté, après des expériences traumatisantes, un peu dans le genre Modiano, ou le Trufffaut des 400 coups. Je pourrais écrire longuement la dessus, mais le sujet reste douloureux. Pour raccourcir, je dirais que c’est le sens de l’injustice que j’ai le plus développé, en guise de rhétorique pour m’en sortir.....Travail à l’usine, devancement d’appel, puis expériences diverses, comme gardien de refuge, cap d’électricien industriel, ouvrier d’entretien dans les HLM, plusieurs campagnes de travaux saisonnier, à sillonner la France des années 70 avec mon amie, en moto, de Mai à Octobre. Ce qui m’a laissé tout de même des souvenirs éblouis.....Le tout entrecoupé de voyages : Par exemple un an passé en indes, retour en stop sans un sous en poche en hiver. .J’ai passé ensuite le concours d’infirmier à 25 ans reçu à la première tentative, dans une promotion ou j’étais le seul non bachelier, ce qui était pour moi une sorte de revanche. 
Il m’est resté des ces années une grande empathie avec le destin de jeunes gens fragiles que je croisais parfois, avec le sentiment, qu’il n’aurait pas fallu grand chose, pour que je sois à leur place. Néanmoins, en psychiatrie, j’ai rencontré non seulement des gamins en difficulté scolaire, mais aussi des élèves, ’ très brillants", et dont l’entourage et les profs ne comprenaient pas la raison de leur présence ici, les résultats scolaires étant manifestement pour eux la preuve de l’équilibre.....La route de Siddarda, pour mener à l’illumination est bien longue parfois...

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