Commentaire de velosolex
sur Fillon et Pénélope, au château de Sablé, dix ans après : En pensant à « Bouvard et Pécuchet »


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velosolex velosolex 7 mars 2017 10:53

@Jeussey de Sourcesûre
Chacun fait sa lecture d’une oeuvre, et sa réussite réside autant dans sa beauté littéraire, que dans les interprétations qu’on peut en faire. Plus elle sont multiples, et plus on peut dire que c’est réussi, en montrant qu’on en n’a jamais fait le tour, ce qui potentialise l’intérêt de ce livre, et son coté circulaire et universel, car s’attachant à l’encyclopédisme. Peut être sommes nous tout un peu des « Bouvard et Pécuchet ». Il y a la lecture académique qu’on peut en faire, les critiques évidentes du comportement de deux hommes qu’on peut dire ridicules, en s’attachant à la raison pure. Et sans aucun doute Flaubert est parti avec ce cahier des charges quand il s’est lancé dans ce projet. 

Mais quelque chose me dit qu’à un moment du livre ces deux escogriffes se sont plus ou moins emparé de lui, l’ont assez amusé, pour qu’il y mette une partie de lui même, dans ce récit où brille l’humour. Et quand celui ci apparaît, la tendresse et la compréhension humaine,, voir la connivence, ne sont jamais loin.
Tolstoï avait été lui même vampirisé par cette « Anna Karénine », personnage secondaire et superficielle, qu’il détestait, et à qui il avait prévu de régler son compte, avant que celle ci se rebelle, et s’imposa assez, pour prendre le nom du titre du roman, et en être la pièce centrale, « en dépit de son propre gré ».
Flaubert, Maupassant, tous ces grands ogres, vivant une vie faite de paradoxes, de passions et de reniements, où il fallut payer parfois au prix fort leurs erreurs, ne sont ils pas des Bouvard et Pécuchet en puissance, avec pour différence deux grands avantages : Le style de l’écriture, et la qualité de mettre si bien en histoire les facéties du destin, qu’elles ressemblent à des mécanismes d’horloge.

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