Commentaire de Christian Labrune
sur Le sens de la mort, et son apport pour l'homme. Un élément nécessaire et constitutif pour la vie


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Christian Labrune Christian Labrune 9 avril 2017 21:23

à l’auteur,
C’est bien écrit, il y a quelques envolées lyriques, mais j’avoue que je n’ai pas pu aller jusqu’au bout. Je ne suis pas loin des soixante-dix ans, je n’ai toujours pas commencé à apprendre le chinois. Etiemble dit bien qu’après vingt ans, ce n’est plus envisageable, mais si j’avais l’éternité devant moi, je m’y mettrais, et au piano, aux mathématiques, et à quantité d’autres choses auxquelles je n’ai jamais eu le temps de m’adonner. L’éternité fait peur à des individus qui s’ennuient par ce qu’ils n’ont rien entre les oreilles.

C’est une bien mauvaise idée de commencer par Camille Flammarion. Sans doute, il était curieux des sciences, passionné d’astronomie, mais il vivait à une époque où on faisait tourner les tables. Dans son exil à Jersey, le père Hugo s’était adonné lui aussi à ces expériences ridicules. Le spiritisme était à la mode. On interrogeait des médiums, de parfaits mystificateurs exhibaient les photos des esprits qui apparaissaient dans la pénombre des salons. Bref, c’était une autre époque, et si on veut s’interroger sur la mort, il faudrait trouver des penseurs un peu plus puissants. Il y a l’admirable bouquin de Jankélévitch (« La mort ») : quelques centaines de pages pour dire qu’on n’en peut rien dire. La performance ironique est remarquable, mais nulle part il ne viendrait au philosophe l’idée saugrenue de trouver des charmes à l’instant fatal.

Dans la dernière phrase du « Cantique des créatures », François d’Assise remercie « notre soeur la Mort ». C’est d’un goût masochiste vraiment exécrable ! « Viva la muerte ! » gueulaient les fascistes espagnols, et les néo-nazis du jihad, avec leurs ceintures explosives, nous chantent actuellement la même chanson obscène. Si on faisait lire votre article à ces Coptes d’Egypte dont les proches viennent de laisser il y a quelques heures leur peau un dans attentat immonde, je crains qu’ils ne l’apprécient guère.

L’espèce humaine touche à la fin de son évolution. L’avenir de l’intelligence n’est pas dans la boîte crânienne rudimentaire d’homo sapiens, il est dans les machines pensantes qui prendront la relève et qui ne seront pas mortelles. Cette idée d’une fatalité de la mort, et plus encore sa justification, nous vient des religions les plus archaïques. Il y a déjà longtemps qu’elles agonisent et qu’elles n’ont plus d’avenir. S’il y une mort qu’il faut souhaiter, et de toute urgence, c’est celle de l’obscurantisme.


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