Commentaire de Christian Labrune
sur La gauche est-elle condamnée à perdre ou à trahir ?


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Christian Labrune Christian Labrune 21 juin 2017 12:16

@Jordi Grau
Il y a telle phrase, dans le Discours sur l’Inégalité, où Rousseau évoque la décadence de la société moderne corrompue par le luxe, le développement des techniques et des spectacles. Tous ces changements sont pour lui autant de progrès qui vont dans le sens d’une forme de civilisation qu’il méprise, et autant d’avancées vers une « décrépitude de l’espèce ». L’espèce humaine, pour lui, c’est l’essentiel, et l’individu n’a de raison d’être que s’il se soumet à ses intérêts supérieurs. Il y a longtemps que je n’ai pas relu le Contrat, mais vous y trouverez des quantité de formules qui vont plus ou moins explicitement dans le même sens.
Cette manière de penser, vous la retrouverez dans tous les totalitarismes. Sacrifiez-vous au bonheur des générations futures, disait Staline. Je veux que la femme italienne mette au monde un enfant tous les ans, disait le Duce. Aucun propos d’Hitler ne me vient à l’esprit maintenant, mais c’est sans doute qu’il y en a trop.
L’état est tout, l’individu n’est rien. Voilà la pensée de Rousseau ; on en voit la conséquence chez un Robespierre et même plus tard chez un Napo.
Il est à la mode de critiquer l’individualisme consumériste de nos sociétés actuelles, mais il est l’héritage de la pensée anglaise des Lumières qui a réinventé la démocratie moderne et accorde à l’individu dans l’état une place prééminente.


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