Commentaire de O Coquinos
sur Beethoven et la 5e symphonie
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@Antoine
J’apprécie beaucoup les rares oeuvres gravées sur CD de Hans Rott, disparu si jeune. Sa symphonie pour grand orchestre et son quatuor à cordes notamment sont des oeuvres absolument géniales. Mahler a reconnu sa dette envers son condisciple et pour moi, mais ce n’est qu’un avis strictement personnel, la musique de Rott est en plus totalement dépourvue de ce clinquant cuivré qui affecte certaines grandes symphonies de Mahler. J’aime la musique de Casella et ne connais point encore celle de Tyberg (il y en a tant à découvrir !).
Sur Vivaldi, ce que vous écrivez (« faire du remplissage ») rejoint quelque peu la phrase assassine imputée à Stravinsky selon laquelle il aurait recommencé six cents fois le même concerto. J’ignore si vous connaissez les oeuvres de Vivaldi que j’ai brièvement évoquées dans ma première réponse adressée à Laertes ; si c’est le cas, libre à vous de faire ce reproche au compositeur vénitien, qui est d’ailleurs justifié dans une certaine mesure au vu de l’immensité de son oeuvre (et de la rapidité de son écriture), dans laquelle il y a forcément des redondances et des oeuvres plus faibles que d’autres. Mais si vous ne connaissez la musique de Vivaldi que de façon relativement superficielle, alors je vous assure qu’il vaut la peine de se pencher dessus plus attentivement. Vous y découvrirez une quantité proprement confondante de purs joyaux qui semblent avoir été composés avant-hier. Par ses trouvailles rythmiques, ses ruptures de rythme, sa fantaisie imprévisible, ses alliages inhabituels de timbres, son saisissant traitement des voix, ses contrastes d’atmosphère déconcertants qui vous font soudainement passer d’une jubilation extrême à une infinie mélancolie, et par-dessus tout la richesse et la grisante beauté de ses mélodies, la question que l’on se pose est : où l’esprit humain peut-il puiser les ressources d’une pareille inventivité ? Vivaldi semble sorti de nulle part : il n’avait pas véritablement de précurseurs et la musique de ses contemporains et concurrents tels Albinoni, autre compositeur de génie, ou les Marcello, n’avaient pas cette rutilance, cette spontanéité, cette intelligence fusant de tous côtés, cet élan irrésistible qui sont les marques de fabrique du « prêtre roux ». Ce fut un météore. Ni prédécesseurs, ni successeurs réels, un peu comme Berlioz à une autre époque et dans un autre registre, ou Alkan. Ses sonates pour violoncelle sont splendides, le moindre morceau de chant est épatant.
Je ne suis pas dithyrambique, c’est le legs musical vivaldien qui est époustouflant pour celles et ceux qui prennent le temps de sortir des sentiers battus en allant au-delà des cycles bien connus de concertos de violon qui ont fait sa célébrité.
A bientôt peut-être en commentant un autre article de Fergus ?