Commentaire de Emile Mourey
sur Évangile de Matthieu, preuve historique, l'erreur de lecture du Pape


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Emile Mourey Emile Mourey 9 juillet 2017 12:26

@Pascal L

Merci pour votre commentaire. Je commence par la fin.

Vous dites : « Il n’y a aucun courant paulinien » et pourtant Paul parle de « son évangile » qui ne peut être que celui de Luc. Vous êtes dans une croyance mais pas dans la distance que tout historien doit avoir. Quand l’auteur des Actes des Apôtres adresse le dit texte accompagné de l’évangile de Luc à l’excellent Théophile, il s’agit du grand prêtre et non d’un prosélyte inconnu. Il est clair que c’est une recherche de conciliation d’un Paul, citoyen romain, avec le pouvoir en place. Mais quand, dans l’évangile de Matthieu, Jésus s’élève contre les Pharisiens et les autres, il est clair que c’est la réaffirmation d’une rupture. Vous ne pouvez pas dire que les quatre évangiles sont concordants.

Quant au terme de « judéonazaréen » du père Gallez, vous vous égarez dans le piège des noms plus ou moins vagues qui vous empêche de voir la réalité historique. A savoir que la majorité des Juifs étaient dans l’attente d’un sauveur, qu’Hénoch avait vu le Fils de l’Homme dans le ciel, que l’épître de Jacques lui avait donné le nom de Jésus, Christ, que l’Apocalypse de Jean le voyait venir dans le ciel en lui disant : « Viens, seigneur Jésus ! », qu’Il n’est pas venu en 70 lors de la guerre de Jérusalem, que certain passage de l’évangile de Matthieu laisse entendre que le Fils de l’Homme descendra du ciel avant que la présente génération ne meurt. Qu’à Rome, à l’époque de Néron, il y avait des chrétiens qui n’étaient certainement pas les doux chrétiens d’Antioche de Paul, bref, qu’il y avait « chrétiens » et « chrétiens », comme il y avait « juifs dans l’attente du messie », « juifs croyants qu’il est venu dans les évangiles’, »juifs sceptiques« etc... Et de même chez les gentils, les grecs et les païens. Pourquoi inventer une secte judéonazaréenne alors que la seule attestée par les textes de Qumrân et autres est celle des dits esséniens. Vous ne pouvez pas, d’un trait de plume, gommer de l’Histoire toutes ces nombreuses petites communautés dites esséniennes dont l’existence est attestée par les auteurs anciens. Ce n’est pas parce que les évangiles ont été publiés qu’elles se sont évaporées comme par miracle. Vous ne pouvez pas faire comme si dans les monastères, les moines ne réfléchissaient pas pour trouver une évolution dans la suite des évangiles, mais en les interprétant autrement. Une vague de fond dite judéonazaréenne qui, comme un ressac, reviendrait du fond des âges pour réapparaître dans l’islam, non, je ne vois pas.

Enfin, vous interprétez mal mon propos de »prophète inspiré". C’est une formule, ce n’est pas une reconnaissance. Ce que je veux dire, c’est qu’il est absurde d’imaginer que des auteurs aient réécrit, autrement dit inventé, une parole soi-disant descendu du ciel quelques siècles plus tôt.

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