Commentaire de argoul
sur Désintégration par le feu
Voir l'intégralité des commentaires de cet article
Ce repli de chacun sur soi, c’est un fait qui se manifeste partout dans le monde. Il faut l’analyser. Il est dû surtout, à mon avis, aux mutations brutales et rapides qui ont lieu dans l’économie mondiale avec la chute du bloc soviétique. L’émergence de la Chine dans le système capitaliste est un gros morceau, le choc du 11-Septembre aux Etats-Unis est du jamais vu, la guerre en Irak déstabilise la région et menace le pétrole... Sévère ralentissement économique, idéologie dépassée, gros pays qui commencent à se manifester, il n’en suffit pas plus pour engendrer la crainte chez tout le monde - donc le repli sur soi, la régression de la pensée, l’enfermement. Ce sont les Etats-Unis de George Bush, les Islamistes radicaux, les réactions électorales en France (et les corporatismes fonctionnaires), le nouveau nationalisme chinois : chacun pour soi, chacun chez soi. De plus, la modernité n’est plus optimiste mais pessimiste (sida, grippe aviaire, vache folle, OGM, nucléaire...). Ce choc économique, ce nouveau repli nationaliste, cette crainte de la science, tout cela joue sans doute mais le pire me paraît être le vieillissement des pays développés. L’âge rend frileux et les soixante-huitards si insouciants en leur jeunesse, prêts à toutes les folies et à toutes les innovations, sont devenus des vieux soucieux de confort, de retraite, de « planques », lassés de tout et surtout de penser. Ils ressassent les vieux slogans, ils n’inventent plus. Aux Etats-Unis (néo-conservateurs et intégristes chrétiens) comme en France, ils ne veulent surtout pas repenser l’avenir. Et c’est probablement là le pire. Il n’y a pas grand chose à faire, sinon à rassurer, à montrer qu’il y a un pilote dans l’avion, que l’identité n’est pas en cause. Ensuite, mais ensuite seulement, une fois cette peur de disparaître atténuée, on pourra réapprivoiser, apprendre à accueillir l’autre. Mais il faut que chacun fasse des efforts. Ce n’est pas en se collant des étiquettes infâmantes que l’on avancera.