Commentaire de Ciriaco
sur Nommer la perversion dans une société néolibérale déshumanisée


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Ciriaco Ciriaco 9 janvier 2018 01:02

@Christian Labrune
Pour ma part je crois qu’il est important de dire que les lanceurs d’alerte prennent toujours de gros risques. Vous savez, un acte aussi anodin à notre époque qu’un licenciement pour non respect des engagements informels peut être très dangereux : vous pouvez vous retrouvez d’un seul coup sans ressource pendant plusieurs mois, et ne comptez que sur très peu d’aide dans ce cas, à peine celle que vous irez chercher au bout de votre essoufflement solitaire.


Un lanceur d’alerte est une personne qui agit au seuil de la légalité ; l’ordre social est toujours bâtit ainsi. A ne pas confondre avec le bruit médiatique, c’est une expérience toute autre.

Deux éléments de réflexions, à lire conjointement :
- Attac assigné au tribunal par Apple, ici, le 08/01/2018 ;
- Altercys, la plateforme qui protège les lanceurs d’alerte, le 03/01/2018.

Deux choses que je remarque rapidement :
- légale : la loi Sapin indique que pour entrer dans son cadre, le lanceur d’alerte doit informer d’abord sa hiérarchie ; autrement dit, le cadre légal reconnu par l’État est celui qui fait du lanceur d’alerte un lanceur de silence, celui-ci n’étant autorisé à s’exprimer dans la sphère publique qu’après 3 mois de silence (délai qui correspond à la période sans droit en cas de licenciement pour faute) de la part de la hiérarchie et des institutions ; passé cette période, la capacité du lanceur d’alerte à se sortir de la solitude dépendra de sa compétence à s’entourer dans le bruit de la sphère publique (les institutions s’étant implicitement prononcées) ;
- structurelle : l’exemple donné plus haut montre un rapprochement des acteurs du privé et du droit ; c’est une tendance très inquiétante qui se généralise (voir l’excellente conférence de G. Lewkowicz, « Théories du droit global, une théorie systémique », que vous trouverez facilement sur le net).

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