Commentaire de Philippe VERGNES
sur Nommer la perversion dans une société néolibérale déshumanisée


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Philippe VERGNES 11 janvier 2018 10:08

@ Hervé Hum,


« Attention, s’il faut sans doute distinguer le méchant du pervers tel que définit ici en tant que cause, on ne peut pas distinguer l’action de l’un ou de l’autre en tant que conséquence destructrice pour la ou les victimes. »

Oui, je suis bien d’accord. Mais la question de leur distinction est importante pour les solutions à prévoir, car c’est bien l’une des difficultés, notamment pour les victimes qui, elles, souffrent véritablement de la situation On ne discute pas avec un pervers, on le fuit parce que, comme déjà précisé dans mes précédents articles sur l’expulsion psychique, etc., le pervers fait inconsciemment souffrir autrui pour s’éviter d’avoir à affronter sa propre souffrance qu’il se refuse de voir se déchargeant ainsi de la responsabilité d’avoir à se prendre en main. Autrement dit, c’est un lâche qui n’a pas le courage d’affronter ses propres difficultés et qui fait payer à une personne innocente le prix des maltraitances qu’il a subit dans son enfance. Et ça, c’est vraiment dégueulasse (pour ne pas faire usage de mot plus péjoratif), car ça ne laisse aucune chance à ses victimes de tirer l’affaire au clair. Le pervers applique à la lettre la maxime socratique : « Le chef-d’oeuvre de l’injustice, c’est de paraître juste sans l’être » ou celle de Cicéron : « De toutes les injustices, il n’y en a pas de plus énorme que celle des gens qui, au moment même où ils trompent les autres, s’arrangent pour paraître hommes de bien. » (Il y a un véritable spécialiste qui sévit sur ce site depuis des années en réussissant à tromper tout son petit monde sans doute parce qu’il réussit également à se tromper lui-même.)

Bien sûr que le pervers ne se voit pas pervers, sinon, il n’agirait pas inconsciemment. Et il est évident qu’il se perçoit comme un dominant, mais il n’adopte cette attitude dominante que pour mieux contrôler son environnement sur un mode masochiste (pour le pervers narcissique alors qu’il existe également des pervers sadiques qui, contrairement à ce que la psychanalyse l’affirme, ne font pas couple).

Concernant le capitalisme, ou autre, il faut savoir que le pervers est en manque absolu de créativité. Généralement, son seul talent est de s’approprier le travail d’autrui, et ce dans tous les domaines. Un pervers pourra par exemple avoir la prétention de mieux connaître l’oeuvre d’un écrivain, en en lisant que deux chapitres seulement, que celui qui étudie l’oeuvre très dense de ce même écrivain depuis plus de quinze ans. D’où la l’aphorisme de Racamier : « Ils cherchent à nourrir leur gloire de la déconfiture narcissique d’autrui, croyant qu’à chaque pied qu’il écrase, il gagne un pied de hauteur. »

Sur la normalité de la notion de perversion, oui et non. Oui dans son acception courante, non dans celle clinique. D’où probablement de grandes confusions. Cliniquement, la perversion se définit toujours par un double déni : déni des sexes ET des générations ou déni du déni. C’est d’ailleurs pour cela que l’homosexualité est sortie du cadre de la pathologie perverse puisqu’elle ne concerne qu’un seul déni : celui des sexes (mais il peut exister des cas d’homosexualité ou ce double déni subsiste, il y a alors perversion, bien évidemment).

Toutefois, la perversion au sens de perversité est très difficile à définir avec exactitude comme en atteste les milliers d’études qui ont été faites sur le sujet depuis des siècles, je n’ai donc pas la prétention de résoudre à moi seul cette énigme qui touche au problème du Mal absolu, car il y a tant de représentation qu’on ne peut dire laquelle est la bonne. Cela ne doit cependant pas nous interdire d’essayer de comprendre ce problème, car c’est un fléau majeur de nos sociétés, probablement même le plus important.

Ps : Pour avoir longuement échangé avec toi, je ne t’en tiens pas rigueur, mais ne m’associe pas STP avec des imposteurs mythomanes qui sévissent sur ce site. Tu ne connais pas mon parcours et perso, j’ai failli perdre la vie pour avoir refusé de me laisser corrompre par le système en dénonçant son hypocrisie. 25 ans après, j’en paye toujours le prix. Ce n’est pas pour autant que je jette la pierre à tous ceux qui luttent contre ce système tout en le nourrissant, car je ne sais que trop ce qu’il en coûte de s’y opposer.


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