Commentaire de JL
sur Fébrilité et lynchage 2.0


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Francis, agnotologue JL 1er février 2018 09:23


 @Jacques-Robert SIMON
 
’’Malheureusement, les dirigeants ne sont pas idiots.’’
 
 Je dirais plutôt hélas ils sont idiots. ou plutôt les plus aptes au perversif. Il ne faut pas confondre opportunisme et bon sens.
 
’’ Il nous faut admettre que nous évoluons dans un univers organisé autour de la perversion. L’individualisme de déliaison cher à l’économie néolibérale fait de chacun une petite entreprise à faire fructifier au mieux au mépris de l’autre, au pire, au prix de l’autre (*). Le travail, reflet des idéologies dominantes, offre ainsi une quantité de lieux d’exercice de la pulsion d’emprise ; il suffit de penser à la contamination du travail par l’évaluation pour s’en convaincre. Il est légitime de considérer que, selon le degré d’inclination au perversif d’un individu, ce dernier choisira de s’orienter vers une fonction lui autorisant à l’exprimer, voire l’encourageant au motif d’améliorer l’entreprise, càd son rendement, sa sécurité, le bien-être, sa compétitivité, en fait peu importe, l’amélioration étant simplement le prétexte imparable pour s’assure la maitrise sur l’autre par une comptabilité obsessionnelle de ses actes. La soumission obtenue est alors gage de jouissance pour qui l’a initiée. Dans ce cadre de compréhension, il nous faut conclure que les individus les plus aptes au perversif seront ceux sélectionnés « naturellement » par l’entreprise pour tenir des postes de pouvoir. Ce qui se comprend aisément, car un bon recrutement met face à une tâche à réaliser, non seulement une compétence, mais une joie à le faire, càd une prime supplémentaire au plaisir ’’ Marcel Sanguet, « Le pervers n’est pas celui qu’on croit » édité chez Eyrolles
 
Frédéric Lordon ne dit pas autre chose lorsqu’il parle de ’’« précolinéarisation » des conatus, c’est-à-dire d’inculcation de plus en plus précoce des valeurs de l’entreprise et d’intériorisation d’un destin salarial. Toute à sa représentation vectorielle du pouvoir où la divergence du désir-maître d’avec le désir de l’enrôlé est représentée par un angle α, l’auteur nous invite à réfléchir sur la manière dont les structures du rapport salarial travaillent à aligner les intérêts du second sur ceux du premier. Parmi elles la dette est incontestablement un des éléments-clés en ce qu’elle constitue, de plus en plus, une médiation impérative à la poursuite de nombre de désirs (se loger, s’éduquer, consommer). Encore plus primordial cependant pour Lordon, est la dépendance monétaire qui n’est autre que la nécessité d’en passer par le médium argent pour assurer sa reproduction matérielle (manger, boire, se vêtir). Lordon tient que le désir pour l’objet argent (dont le capitaliste et les financiers sont les exclusifs fournisseurs) ce désir basal, est le « roc de l’enrôlement salarial »’’ (Capitalisme, désir et servitude)
 



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