Commentaire de Luc-Laurent Salvador
sur La conception alinienne de l'éducation


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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 6 février 2018 06:24

@Gollum

Tout à fait d’accord avec ce que vous disiez plus haut. L’opposition que fait Alain est par trop manichéenne et partant, un peu facile
 
L’approche de Nietzsche va davantage à l’essentiel qui tient simplement au fait que le plaisir doit venir de l’activité elle-même (motivation intrinsèque) et non d’une récompense externe (motivation extrinsèque) qui dévalorise l’activité d’autant plusqu’elle est importante (cf. les expériences de Festinger sur la dissonance cognitive, il y a plus de 60 ans).
(ceci dit je ne suis pas absolument contre un système de récompense pour aider l’enfant à traverser la phase d’ennui ou même de souffrance (quand il se vit déjà comme étant en échec).
 
Pour revenir à Alain, son propos se résume en deux mots chers à Piaget : l’assimilation et l’accommodation. La première est source des plaisirs faciles, la seconde celle des plaisirs qui coûtent. Et pour Piaget, il est évident que l’adaptation (l’intelligence) découle de l’équilibre assimilation et accommodation. Les deux sont nécessaires et un équilibre (dynamique, pas nécessairement statique) doit être constamment recherché.
 
Celui qui est (mis) dans l’accommodation en permanence, cad, n’accède pas aux fruits de ses efforts (l’assimilation), celui-là s’épuise et se désespère. C’est le cas des élèves en échec scolaire. Ils ont payé le prix de l’ennui, le prix de la souffrance et n’ont rien obtenu. Dès lors, ils refusent ce jeu pervers et n’avancent que contraints et forcés, quand ils ne s’enfuient pas smiley
 
Le grand malheur de l’éducation nationale est que des notions aussi élémentaires mais fondamentales que celles que je viens d’évoquer n’ont jamais vraiment fait trace ni sens dans l’esprit de la plupart des enseignants. Seuls les enseignants spécialisés du RASED ont grosso modo accédé à ces significations déterminantes pour leur pratique. L’avènement du cognitivisme STI (système de traitement de l’information) n’a fait qu’aggraver leur égarement. La récente OPA des neurosciences sur l’Education Nationale va définitivement les enterrer. Ils ne comprendront plus rien à rien et seront seulement dans une stratégie de survie au quotidien avec pour principales issues la démission ou le suicide.
 
Autrement dit, l’échec scolaire va bientôt être celui des enseignants autant que des élèves. Et il faudra patienter jusqu’à ce qu’il devienne aussi celui de l’Education Nationale. C’est pourquoi l’entrée en lice des neurosciences est finalement une bonne chose. L’échec patent du ministère n’arrivera que plus vite !


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