Commentaire de Christian Labrune
sur La Corée du Nord et l'Impasse des Mollahs iraniens
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L’Iran doit comprendre que le pouvoir militaire doit se traduire par un
pouvoir politique et renforcer les négociations entre les États.
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à l’auteur,
Je crains - ou plutôt, j’espère ! - que le régime iranien ne comprendra rien du tout.
Il y a longtemps que le communisme, religion des ancêtre de Kim Jong-un, n’a plus de dévots en Corée du Nord. Les Chinois eux-mêmes, qui conseillent le joufflu, sont depuis longtemps convertis à l’économie de marché capitaliste ; ils y réussissent très bien, et leur « communisme » ressemble à la vieille robe de chambre élimée que Diderot avait portée tant d’années pour écrire et qui faisait si bien partie de lui-même que, devenu un peu plus riche, il lui peinait de devoir s’en débarrasser. Bref, il n’y a pas d’autre solution pour kim Jong-un, désormais, que de faire face à la réalité de la manière la plus pragmatique. Il semble qu’il ait compris que les occidentaux cesseraient immédiatement d’être des ennemis si les objectifs de son régime cessaient de leur être hostiles.
Dans le cas de la République islamique d’Iran, aucune flexibilité politique ne sera jamais possible. L’objectif de l’ayatollah Khomeiny, c’était la « guerre sainte » qui devait propager l’islam « d’un bout à l’autre de la planète ». Objectif délirant, mais force est de constater que c’est ce programme, aussi rigide et définitif qu’un logiciel d’ordinateur avant l’IA, qu’est en train de mettre en oeuvre le régime des mollahs, lors même qu’il n’en a plus du tout les moyens. Le rial aura perdu en six mois la moitié de sa valeur face au dollar, l’inflation progresse dangereusement, les grandes entreprises européennes, qui se rient de la sollicitude incompréhensible des Macron et des Moghérini, vont se retirer du pays avant la révolution, mais rien n’y fait : le Bazar (qui avait été si redoutable pour le shah) et les villes de province peuvent bien se soulever ; on peut bien brûler partout, et jusque dans les provinces les plus éloignées de Téhéran, les portraits de Rohani et de son Führer, gueuler « Mort à la Palestine », on continuera d’envoyer à Soleimani, au Hezbollah et au Hamas, les derniers sous des Iraniens ; on relancera au besoin les recherches sur la nucléarisation des missiles. Peu importe que les Iraniens soient au chômage, commencent à crever de misère et de faim, si on peut continuer à mener à bien le grand projet eschatologique de Khomeiny. Allah est grand, et si Dieu le veut, comme on dit toujours dans la région, à la fin, nous finirons par vaincre ce monde pourri dominé par le grand et le petit Satan. S’ils ne veulent pas se soumettre, nous les exterminerons.
Les ayatollahs ne connaissent évidemment pas la formule qu’on doit à Bussy-Rabutin, contemporain de Louis XIV : « Il est d’usage que Dieu soit du côté des gros bataillons contre les petits ». Autrement dit, ils ont choisi un type de rapport avec le reste du monde où ils n’ont aucune chance de l’emporter. Il vaut mieux qu’ils ne connaissent pas cette grande règle universelle de l’art des batailles que je rappelais, et qu’ils n’essaient pas de changer in extremis leur fusil d’épaule : ils ont fait leur temps, les Iraniens et le reste du monde, sauf des demeurés comme Macron et Moghérini, ne souhaitent plus qu’une chose : qu’ils disparaissent et aillent dilapider au plus vite, dans quelque coin fort reculé de la planète, les fortunes en dollars qu’ils auront pu patiemment amasser durant quarante ans.