Commentaire de Christian Labrune
sur COURS D'ÉTÉ : Le Totalitarisme pour les Nuls


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Christian Labrune Christian Labrune 20 août 2018 13:35
C’est vrai je parle essentiellement du totalitarisme néo-libéral, c’est à dire américain.
=========================================
@Jacques-Robert SIMON
Le problème, c’est que le libéralisme n’est pas un système clos et ne comporte aucune visée eschatologique, ce qui serait la caractéristique essentielle du totalitarisme pour tous ceux qui se sont efforcés de le décrire. Il y a donc une contradiction tout à fait absurde dans l’expression que vous utilisez : « totalitarisme néo-libéral ». Vous pouvez bien parler d’un capitalisme néo-libéral si cela vous amuse, mais le capitalisme n’est pas non plus un totalitarisme.

Un système totalitaire, qu’il s’agisse du communisme, du nazisme ou de l’islamisme, prévoit un état de perfection auquel le monde, au terme d’un processus bien conduit, doit nécessairement aboutir. Par exemple, la société sans classes du communisme, ou la domination de la race aryenne ; dans l’Egypte de Morsi, on répétait à l’envi : « l’islam, c’est la solution ». Et quelle solution, comme on n’aura pas tardé à le voir !

Le libéralisme américain ne prétend pas conduire les hommes à quelque chose de parfait. Comme le capitalisme dès le moyen-âge, il s’adapte aux conditions du moment. Certes, avant qu’il parvienne à corriger des inégalités trop criantes, il lui faut bien trente ans et beaucoup auront eu largement le temps d’en baver, mais c’est cette plasticité même qui le rend increvable et permet la démocratie. La démocratie, c’est le bordel permanent. On ne peut pas rêver une perfection de la démocratie, ce serait un oxymore. 

Il n’y a donc pas d’utopie libérale ; il n’y a de ce côté aucune prétention à la perfection. Le néo-libéralisme, c’est le bricolage permanent. Au reste l’expression néo-libéralisme est intéressante puisqu’elle suppose qu’il y aurait eu un ancien libéralisme. C’est donc que cela change tout le temps. Ce système qui n’en est pas un ressemble au Protée de la mythologie qui change de forme constamment. A contrario, les totalitarismes sont toujours en quête d’un retour à la pureté des sources. Si le communisme a raté son coup, c’est parce qu’il avait rompu avec la pureté de l’exigence marxiste originelle. Si l’islam ne parvient pas à s’imposer, c’est parce qu’il s’est éloigné de ce qu’il était à l’époque des salafs et il faut donc retourner au VIIe siècle. Quant à ceux qu’on appelle néo-nazis, et dont on trouve dans le régime des mollahs iraniens les derniers représentants, ils n’innovent pas, ces décérébrés, et ils en sont restés à Wannsee en janvier 42.

A contrario, on n’a jamais vu des libéraux nostalgiques de la forme de capitalisme qui avait pu se développer au XVe siècle dans les principautés italiennes et les villes hanséatiques : tout cela est depuis longtemps périmé.


Voir ce commentaire dans son contexte