Commentaire de Christian Labrune
sur L'Algérie et le monde arabe face au « Vent absolu du changement »


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Christian Labrune Christian Labrune 10 janvier 2019 21:35

vous n’acceptez pas l’argutie d’un chercheur honnête qui ne cherche qu’à comprendre les problèmes complexes du monde.

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@Hamed

Certes, je ne suis pas du tout disposé à avaler des « arguties », et à celles que vous proposez, je réponds non pas en opposant « ma vérité », mais des faits. S’il y a une nation dans le monde qui paraît actuellement à l’abri de la décadence, c’est bien Israël. Je n’ai même pas pris soin de répondre à ce que vous disiez de je ne sais quel effondrement démographique : tout le monde sait très bien en effet que le taux de fécondité est exactement le même du côté juif et du côté arabe. Les Arabes représentent 20% de la population aujourd’hui, et ce pourcentage va se maintenir ; peut-être l’écart va-t-il même se creuser en faveur des Juifs : la population orthodoxe augmente, elle fait plus d’enfants, et mis à part quelques groupuscules ultra-orthodoxes marginaux, cette composante de la société est infiniment plus persuadée de son droit sur la terre d’Israël qu’une gauche en pleine décomposition depuis pas mal de temps, laquelle commence tout juste à comprendre que les accords d’Oslo et la cession de Gaza ont été une véritable catastrophe.
 
Les positions que Pompeo vient très clairement de formuler au Caire, qui contrastent fortement avec le discours à l’eau de rose d’Obama en 2009, marquent la nécessité d’un rassemblement des états arabes sunnites et d’Israël aux côtés des Etats-Unis, pour faire obstacle aux ambitions hégémoniques de l’Iran. Après la destruction du Califat presque entièrement réalisée, c’est le régime des mollahs qui est désormais dans le viseur, et les Russes ne le soutiennent déjà plus que comme la corde soutient le pendu. Pourvu qu’ils puissent conserver leurs bases en Méditerranée que personne ne songe à leur contester ils s’estimeront contents, et un Poutine, de toute façon, ne peut pas avoir la moindre sympathie pour l’islam fanatique des Turcs ou des iraniens.

C’est tout le jeu des alliances qui va être restructuré au Moyen-Orient, mais parce que les décideurs des pays arabes auront enfin compris, comme ceux de la péninsule arabique, qu’il fallait suivre l’exemple de la Chine ou d’Israël, et rompre précisément avec le discours que vous nous proposez ici, qui serait celui d’un choc des civilisations au terme duquel le monde islamique serait victorieux sur les ruines de l’Occident. Il n’y a pas de choc des civilisations parce qu’il y a déjà longtemps que le monde islamique, enlisé dans des conceptions médiévales, ne fait plus partie d’une civilisation planétaire qui est exactement la même, par delà les traditions, de la Californie au Japon en passant par l’Europe et par Israël. La montée du jihadisme depuis les horreurs des années 90 en Algérie n’est pas un combat d’une civilisation islamique contre la civilisation occidentale, c’est le combat de deux moments séparés de l’histoire : le moyen-âge barbare de l’époque du Chamelier contre les temps modernes. Ca, c’est un combat aussi perdu d’avance que celui des mamelouks avec leurs sabres en face de l’artillerie de Bonaparte à la bataille dite des pyramides en 1798. La seule chance qui reste aux états arabes du Moyen-Orient, ce n’est certainement pas de se replier sur leur spécificité médiévale et islamique, c’est de prendre en marche le train de l’histoire, de s’asseoir définitivement sur leur religion archaïque pour ne plus jamais l’avoir sous les yeux, et de commencer à aller de l’avant dans tous les domaines de la recherche et du développement.


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