Commentaire de Séraphin Lampion
sur Grand la Romaine


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Séraphin Lampion Séraphin Lampion 24 août 2019 08:59

@popov

Dans le même département, des fouilles et des terrassements ont permis de dégager les restes d’un importante forteresse ensevelie à un endroit de la Moselle qui était une enclave bourguignonne dans le duché de Lorraine

De nombreuses maisons utilisaient les souterrains comme caves, mais leurs propriétaires se gardaient bien d’en parler, de peur que le fisc ne leur tombe dessus.
Quand une HLM a été construite en plein milieu de l’emprise de la forteresse, quelques érudits locaux ont fait remarquer qu’il devait y avoir quelque chose dans le sous-sol. Alors, l’architecte a objecté que, s’il y avait eu un bâtiment à cet endroit, « ça se saurait » (sic). Il ne s’est pas demandé pourquoi la ville s’appelait « Châtel ».

Or, c’est pendant la conquête de la Lorraine par Louis XIV qu la place a été prise en septembre 1670 par les troupes du maréchal de Créquy, qui l’a démantelée l’année suivante. Ce n’est pas si vieux, mais il semble que les efforts centralisateurs des rois, puis des deux Napoléon, puis de la troisième république aient réussi à effacer de la mémoire de l’ensemble de la population l’existence de vestiges pourtant aussi visibles que ceux de Grand où l’église a été construite sur les déblais des vestiges du sanctuaire sans que cela choque l’évêque ni les maçons.

Encore dans le même département, à Plombières les Bains, quand Napoléon III a fait réaliser des travaux pour venir « prendre les eaux » avec sa cour, les ouvriers sont "tombés sur une étuve romaine enfouie mais intacte. Un robinet de bronze était toujours en place et il a suffi de l’ouvrir pour que l’eau chaude coule. Mais les propriétaires, les dames chanoinesses de Remiremont, n’avaient jamais entendu parler de thermes, ni de Romains.

La mémoire collective est encore plus infidèle que la mémoire personnelle. Elle se façonne au gré des puissants pour justifier leur position et s’enterre quand elle est gênante.


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