Commentaire de David Carayol
sur L'OMC, ou la grande comédie


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David Carayol (---.---.104.108) 5 mai 2006 10:44

Bonjour Et merci pour vos commentaires qui vont me permettre d’argumenter plus mes propos.

Pour répondre à Gem : Cet article ne vise pas à stigmatiser les agriculteurs de nos pays développés mais à dénoncer les incohérences qui entourent les accords multilatéraux de libre échange négociés à l’OMC. Je constate que des accords de libre échange censés bénéficier à tous échouent puisque le marché agricole est soutenu artificiellement au Nord et affecte les paysans du Sud. Merci ensuite de compléter mon enseignement par une description de la composante du prix, mais vous avez oublié la marge que réalisent les intermédiaires. Pour le marché de la banane par exemple qui se répartit entre 4 ou 5 grosses transnationales la répartition des bénéfices parmi les acteurs de la suivante est la suivante : Planteur : 10% Transporteur / exportateur : 30% Importateur : 20% Grande distribution et détaillants : 40% (source : Le très instructif rapport de Coordination Sud, http://coordinationsud.org/IMG/pdf/Agriculture_-_Pour_une_regulation_du_commerce_mondial.pdf) Enfin la conséquence pour le consommateur ne se voit effectivement pas puisque les baisses de prix d’achat des matières premières n’est pas répercutée sur le prix final, les marges des intermédiaires augmentant...

Pour répondre à Jean Pierre : En ce qui concerne la Chine et l’Inde, la classe moyenne a effectivement augmenté puisqu’elle représente 10 à 15% pour la Chine. Ces deux pays ont pourtant comme particularité d’avoir mené une ouverture très progressive de leurs marchés, s’opposant alors aux conseils des FMI et autre Banque Mondiale. L’Inde est par exemple très peu intégré dans le Commerce mondial et a largement participé à l’échec de Cancun en 2003. Ci-joint un article intéressant. http://www.monde-diplomatique.fr/2004/01/JAFFRELOT/10658 Enfin c’est cette ouverture progressive et ce refus de libéralisation rapide et non maîtrisé de ces deux pays qui leur a épargné pour une large part les ravages de la crise financière asiatique de 1997. La Russie, elle, a eu beaucoup moins de chance, il faut dire qu’elle avait suivi à la loupe les recommandations du FMI. Pour ceux que ça intéresse Monsieur Stiglitz, prix nobel d’économie et ancien Vice-Président de la Banque Mondiale a écrit un best seller qui décrit très bien le rôle de ces institutions financières internationales, et leur ‘rôle’ dans le déroulement de cette crise... le titre : La Grande Désillusion Le niveau de vie en Russie à la fin des années 90 avait considérablement baissé par rapport à la fin des années 80. Enfin erratum ce n’est pas une augmentation de 18 millions de pauvres mais de 18 millions de sous alimentés. Cette augmentation, n’en déplaise à Grip, s’est réalisée sur une période relativement courte puisque entre 1995 et 2001, ce qui est la conséquence de l’intensification des cultures d’exportation sur cette période. Source : http://www.fao.org/documents/show_cdr.asp?url_file=/docrep/006/j0083f/j0083f00.htm, p6. Enfin 18 millions sur 6000 être humains, c’est aussi 2% d’augmentation sur 6 ans alors que l’effet inverse était escompté, c’est de toutes façons toujours trop !

Pour répondre à Grip : En ce qui concerne mes fumisteries, vous trouverez le lien après mon erratum ci-dessus. Pour ce qui est des délocalisations de la production alimentaire, je vous rassure elle est déjà bien entamée, avec tous les inconvénients de pollution, monocultures...qui s’ensuivent. On est donc bien d’accord la dessus puisque vous faites explicitement référence à une prise en otage de l’Afrique par les Monsanto et autre qui est déjà bien entamée ! A ce propos j’ai également publié un article sur les OGMs qui y fait référence. Pour ce qui est des agriculteurs de nos pays je suis d’accord qu’ils perdraient leur métier sans subventions, mais sans libéralisation excessive des échanges, en seraient-on là ? Pour ce qui est des taxes d’importation imposées par les pays du Sud, merci d’y faire référence. Vous trouverez toujours dans ce très instructif rapport de Coordination Sud , http://coordinationsud.org/IMG/pdf/Agriculture_-_Pour_une_regulation_du_commerce_mondial.pdf) à la page 17, une explication très claire des incohérences entre politiques prônées à l’OMC et politiques prônées par les Institutions Financières Internationales. On y apprend que les taux plafond des taxes douanières peuvent être librement fixés par les PVD, en vertu des accords de libre échange, alors que les politiques de développement exercées par le FMI et la Banque Mondiale, obligent ces mêmes PVD à les réduire considérablement. Résultat : il revient moins cher à un habitant de ces PVD d’acheter un produit alimentaire importé, plutôt qu’issu des productions locales, renforçant ainsi leur dépendance, entre autres.

Enfin nous sommes d’accord la libre concurrence ne se fera pas en un jour, la libéralisation totale pourrait être comique si effectivement des gens n’en souffraient pas derrière. Le fait est qu’elle est déjà bien entamée dans des PVD, en particulier en Afrique, pour lesquels une large part de leur PIB provient de l’agriculture.

Voilà la question est effectivement complexe, et ce n’est certainement pas un modeste diplômé d’Ecole de Commerce qui détient la vérité. Je ne crois pas que ce soit faire preuve de populisme d’informer le plus grand nombre de gens sur l’enjeu de négociations qui sont bien souvent gardées secrètes. C’est au contraire s’exprimer dans une démocratie, et il est facile d’avoir recours à vos arguments systématiquement dès qu’un sujet peu déranger le consensus bienséant.

Enfin je vous rassure ce n’est pas en Ecole de Commerce que l’on aborde ces sujets, ce qui ne veut pas dire que ce type de formation ne soit pas bonne. Elle mène à tout en tout cas...

Sincères salutations

David Carayol


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