jeudi 4 mai 2006 - par David Carayol

L’OMC, ou la grande comédie

Devinette. Quel est le point commun entre le montant total à gagner de la libéralisation totale du commerce agricole, le montant total des subventions agricoles des pays du Nord et le montant total de la dette des pays africains ? Réponse. Le montant total : 300 milliards de $ !!

Enfin pour être plus précis, ce sont 360 milliards de $ de subventions agricoles, mais on n’en est plus à quelques dizaines de milliards près...
Et alors ? diront les néophytes...
Eh bien les accords de libre échange qui sont conclus à l’OMC entre les 149 pays membres sur quatre volets, l’agriculture, les marchandises non agricoles, les biens industriels et les services, ont pour objectif de favoriser le libre échange en supprimant tout ce qui pourrait entraver le commerce, à savoir :
- les barrières tarifaires et non tarifaires
- les subventions aux exportations
- les aides internes

Pourquoi le libre échange ?
Pour favoriser la croissance mondiale, à la fois celle des pays riches et, surtout, celle des pays pauvres. La croissance du commerce mondial favorisera ainsi la richesse de chaque pays, qui, par le jeu des vases communicants, se répercutera sur toute la population.
Et voilà comment le niveau de vie de toutes les populations mondiales s’élèvera, dans un cercle vertueux où chacun gagnera...

C’est beau, n’est ce pas ?

Mais alors, pourquoi la réunion du 30 avril à l’OMC vient-elle d’être annulée quelques jours seulement avant le début de la suite des négociations ?
Pourquoi les négociations entre pays riches et pays en voie de développement (PVD) apparaissent-elles de plus en plus inexorablement bloquées ?
Pourquoi tant de haine, enfin, de la part des mouvements altermondialistes et autres sociétés civiles (ONG, syndicats...) envers ces négociations ?
Les pays membres n’ont-ils pas eux-mêmes agréé, d’un commun accord, la déclaration d’ouverture du Cycle de Doha en 2001 : « Le commerce international peut jouer un rôle majeur dans la promotion du développement économique et la réduction de la pauvreté » et « Nous visons à mettre leurs besoins et leurs intérêts (aux PVD) au centre du programme de travail adopté dans la présente déclaration ».

Une libéralisation néfaste au plus grand nombre
Le fait est que bien que la libéralisation du commerce mondial soit censée réduire la pauvreté et enrichir le plus grand nombre, elle a pour l’instant exactement l’effet inverse, à savoir :
- Augmentation du nombre de pauvres (+18 millions de pauvres entre 1995 et 2001[1]) à 852 millions en 2002.
- Dépendance accrue des petits producteurs et des exploitations familiales.
La « théorie libérale » de la globalisation prône la notion d’avantage comparatif d’un pays à l’autre. Un pays bénéficiant de bonnes conditions pour la production sera donc fortement encouragé à se spécialiser dans la culture d’exportation la plus appropriée. Mais si les bénéfices sont au rendez-vous pour les quelques transnationales oligopolistiques[2] et les entreprises nationales transformatrices souvent liées aux élites de ces pays, il n’en est pas de même pour la majorité. Les rationalisations des cultures ont eu pour effet une baisse des prix de production, rémunérant d’autant moins les petits producteurs. Les surplus de production générés au niveau du marché mondial grâce aux cultures intensives ont eu pour effet de faire baisser de façon (dite) structurelle les cours des matières premières. Les petits producteurs incités à produire de la sorte en utilisant les intrants (engrais et pesticides) des multinationales se sont trouvés endettés, les coûts de production augmentant et les prix de vente ne cessant de baisser. Enfin, ces cultures d’exportation se sont faites au détriment des cultures vivrières (ou de subsistance) qui, jusqu’à il y a peu, étaient le lot de la majorité des 2,8 milliards d’agriculteurs, pour la plupart des pays du Sud. Ces paysans se retrouvent donc pour beaucoup dépendants d’une culture (et/ou d’une transnationale), endettés et sous alimentés.

Mais que le libre échange soit dur, le capitalisme l’est en soi, on entend bien dire que ce dernier est le moins mauvais des systèmes...

Pourquoi le cycle patine
Et les blocages du cycle de Doha ne proviennent pas de ces conséquences « fâcheuses », mais acceptées par les gouvernants des pays du Sud.
Les mécontentements concernent les subventions agricoles à l’exportation qui sont allouées par les pays riches à leurs agriculteurs. Ces subventions, illégales, ne représentent que 5 à 10% du total des subventions agricoles des pays du Nord. L’accord obtenu à l’arraché, lors de la dernière réunion ministérielle de l’OMC à Hong Kong, engage les pays riches à supprimer les subventions agricoles à l’exportation (uniquement) d’ici 2013, et ceci dès 2010.
Les modalités d’application devaient être étudiées lors de la rencontre du 30 avril...
Enfin, et heureusement pour nous, pays du Nord, le gros de nos subventions, illégales, liées à la politique agricole commune (PAC) en Europe par exemple, est préservé, lui... soit, pour l’Union européenne, plus de 40 milliards d’€ ou près de la moitié du budget de l’Union européenne.
Les Etats-Unis dépensent, eux, près de 100 milliards de $ pour leurs subventions agricoles...
Au total, ce sont 360 milliards de $ qui sont ainsi donnés par les Etats-Unis, l’UE, la Chine, le Pakistan, l’Inde ou la Turquie à leurs agriculteurs.

Alors, tant mieux pour nos agriculteurs, et surtout tant mieux pour les quelques grosses transnationales et intérêts liés.
Cela ne change rien pour nous autres consommateurs européens ou occidentaux, puisque les prix des produits transformés que nous payons restent les mêmes, ou suivent l’inflation... alors que les prix d’achat des matières premières ne cessent de baisser[3] ! Où va la différence ? Devinez, mais certainement pas dans les mains du plus grand nombre....
C’est également illégal, anti-libéral, profondément injuste pour des PVD qui n’ont aucun moyen de sanction envers les pays du Nord et sont obligés, eux, d’appliquer des règles qui, in fine, appauvrissent la majorité des habitants de ces pays !

Pour mémoire : libre échange = non intervention de l’Etat ; et l’OMC vise à favoriser le libre échange en vue d’une croissance mondiale générant de l’enrichissement pour tous.

Alors, nos pays du Nord, Etats-Unis en tête, seraient-ils opposés au libre échange ? Le libre échange serait-il un prétexte qui arrange bien nos dirigeants et les intérêts liés ? Quand cela ne concerne pas trop leurs pays ?
En tout état de cause et finalement, c’est à se demander à qui profitent le plus les difficultés actuelles que rencontre le cycle de négociations de Doha...

Enfin et pour finir... une devinette : si le libre échange ne bénéficie ni aux petits producteurs du Sud, ni à nos agriculteurs (dans la mesure où ils sont subventionnés pour pouvoir vivre), ni à nous autres, consommateurs, alors, à qui[4] ? Car la croissance a lieu, tout de même...

David Carayol (Paris)

[1] « L’état de l’insécurité dans le monde », Food and Agriculture Organisation, 2003, p6
[2] Des entreprises sont en situation d’oligopole lorsqu’elles sont une poignée à se partager un marché. Par exemple le marché mondial de la banane est dominé par 4 ou 5 grandes entreprises (ou transnationales).
[3] Une des plus fortes baisses concerne le café, qui a perdu 70% entre le début des années 1990 et 2002.
[4] Et cet éditorial ne traite que du volet agricole...



23 réactions


  • Arthem (---.---.98.243) 4 mai 2006 13:07

    Pour répondre à la devinette : aux intermédiaires : grossistes, revendeurs, import-export.

    N’est-ce pas la cause de la création de la fondation Max Havelaar ?

    Avant qu’un fruit ou un légume arrive jusqu’à notre frigo. Il aura changé de propriétaire quelques fois.


  • romario (---.---.219.2) 4 mai 2006 13:11

    dommage les liens ne sont pas valides...


  • parkway (---.---.18.161) 4 mai 2006 13:57

    La réponse n’ est pas difficile : les financiers du CAC40 !!

    NOte :il y a un truc : ce sont toujours les mêmes qui s’enrichissent sur le dos des peuples !

    Et devinez qui est derrière l’OMC ? Le copain Bush !!!!

    Y’a pas de problèmes, vous pouvez faire confiance...


  • c florian (---.---.162.39) 4 mai 2006 14:24

    toute la cohérence des pays riches, on accepte la mondialisation que si on reste les maitres du monde. mais je suis sur que l’omc est totalement independante des us et de l’ue. d’ailleurs j’aimerai bien en connaitre la composition, les dirigeants doivent être élus par les pays concernés non ?


    • parkway (---.---.18.161) 5 mai 2006 13:20

      Si vous aviez bien lu le traité Giscard, vous auriez vu qu’il y a parfaite concordance avec Les directives de l’OMC au moins en ce qui concerne la libéralisation des marchés et des services : la poitique de raffarin et de villepin va vers une suppression régulière de toute notre administration publique, non rentable : Voir M. de robien : fermeture de classse de bep à Clamecy parce qu’il n’y a pas assez d’èlèves, alors que la ville de Clamecy se désertifie et grace à ce genre de personnage, cela va empirer.

      vous ne travaillez sans doute pas dans l’éducation nationale. Je peux vous assurer que l’application des directives de Bruxelles se fait sans état d’âme par nos chers Recteurs qui obéissent maintenant aux Préfets. Eh ! oui, depuis le 1er janvier 2005, les préfets ont autorité sur le recteur. la mainmise de l’état est devenue encore plus importante.

      cela ne change pas grand chose, les recteurs n’ont jamais été très virulents pour la défense de l’éducation nationale. bonne journée


  • Romain (---.---.22.205) 4 mai 2006 15:25

    Le libéralisme économique n’est qu’un pretexte pour que les plus riches le reste et que les plus pauvres espérent en profiter, voir devenir riche. Le libéralisme pourrait fonctionner et profiter à tous mais il est complétement perverti par la volonté des hommes d’avoir de plus en plus de pouvoir et de $$. Les grandes entreprises ne se génent pas pour garder seulement les aspects du libéralisme qui leur rapportent quelquechose tout en ne respectant pas ce qui risquerai de leur causer du tord.


  • gem (---.---.117.250) 4 mai 2006 18:32

    Tout cela est un peu confus et je m’interroge sur l’enseignement dispensé en école de commerce...

    On parle beaucoup des subventions agricoles, mais cela n’a aucun sens si on ne parle pas en même temps des taxes et impôts supportés par le monde agricole, comme tout le monde, et de la façon dont les subventions sont absorbés par le marché (la subvention baisse le prix de vente par l’agriculteur, mais l’effet pour le consommateur est négligeable puisque ce qui fait le prix c’est le transport, la transformation, la manutention, le marketing, etc.)

    Un détail : en France, le montant des subventions est pratiquement égal au revenu des agriculteurs (avant impôts !). Et les agriculteurs touchent maintenant l’essentiel de ces subventions qu’ils produisent ou pas. Si on supprimait les subventions, l’effet sur la production serait donc négligeable, et il faudrait les mettre au RMI...


  • jean-pierre (---.---.151.122) 4 mai 2006 18:52

    C’est intéressant d’expliquer le point de vue des partisants de la libéralisation, mais vous n’allez pas au bout des choses.

    Et je suis surpris qu’il n’y ait aucune conséquence positives à la globalisation.

    Par exemple : Comment se fait il que l’accroissement considérable de la classe moyenne en Chine, en Inde ou en Russie ne se traduise pas dans vos chiffres ?

    Est-ce que la baisse générale de la mortalité infantile et l’augmentation de la durée de vie dans le monde ne traduit pas une amélioration ?

    +18 millions de pauvre sur 6000 millions, est ce réellement significatif ?

    Surtout la pauvreté mesurée, est ce une valeur absolue ou relative à la condition des autres êtres humains ?

    Si c’est une valeur relative, c’est pas significatif car cela peut signifer que rien n’a changer pour ces pauvres.


    • Mathieu (---.---.49.60) 5 mai 2006 13:23

      « Et je suis surpris qu’il n’y ait aucune conséquence positives à la globalisation. »

      Si, il y en a une, la globalisation augmente les écarts de richesse. Enfin conséquence positive, ça dépend pour qui, hein !


    • jean-pierre (---.---.151.122) 7 mai 2006 22:25

      Vous vous gargarisez de mots qui ne veulent rien dire.

      Qu’est ce que c’est, votre écart ?

      Si la situation moyenne de l’humanité s’améliore, c’est positif, non ? Et c’est bien la cas ; et pourtant la population sur terre n’arrête pas d’augmenter !


  • Grip (---.---.43.147) 5 mai 2006 00:32

    Tout comme gem, je m’interroge sur les âneries qu’est capable de produire un diplômé d’école de commerce. Les faits et les théories fumeuses sont mélangés.

    Non, la pauvreté n’augmente. Votre lien est une fumisterie, rapport ici http://www.fao.org/sof/sofi/index_fr.htm La santé mondiale s’améliore, le confort de vie aussi.

    Oui, la mondialisation profite au monde. Oui, certains (peu à léchelle mondiale) parasitent le système et s’enrichissent plus que de raison. Oui, les subventions agricoles existent.

    C’est bien beau de vouloir casser du sucre sur l’OMC, alors que c’est la seule entité qui apporte un peu de contrôle sur les échanges mondiaux. Les subventions agricoles existent (et c’est une entrave au commerce libéral), mais il y a tellement de paramettres dans la balance que leur suppression aurait pour effet la délocalisation de la production alimentaire (avec les inconvénients de pollution due aux transports et à l’utilisation massive d’engrais, de risque géopolitique, de spécialisation de pays dans une moculture fragile, de poids accru pour Mansanto & Co qui prendraient l’Afrique en otage, ou alors des multinationales alimentaires qui se jetteraient sur les PVD, peu chers et subitement rentables) A moins que les prix triplent. Sans oublier que les agriculteurs des pays dits développés perdraient leur métier. La mondialisation brutale, qui fait déjà le jeu des extrêmes politiques, trouverait un nouvel electorat chez les agriculteurs, et radicaliserait les ouvriers. Et si les extremes arrivent au pouvoir quelque part (japon, europe, EU), ils rétablissent le protectionisme.

    Je rappelle aussi que les subventions sont accolées à des taxes d’importation, ce qui fait au final que la PAC se résume plus à un choix de société qu’à un profit des profiteurs margoulins.

    la libre concurrence ne se fera pas en un jour tant les déséquilibres sont énormes. La libéralistion totale soudaine serait assez comique à voire, mais ce ne seraient certainement pas les PVD qui en profiteraient le plus. La baisse des taxe/subventions doit se faire, c’est inévitable, mais il faut laisser le temps au temps. Il y a beaucoup de progrès depuis quelques années. La question est complexe, et réduire la question à des enjeux financiers de quelques uns, c’est un peu court. Et réduire la politique en général à des interêts de quelques uns, c’est faire du populisme à la Bové. Il y a des enjeux financiers pour des multinationales, mais c’est pas l’essentiel de la question.

    En tout état de cause, cette article est creux et superficiel. Sans analyse profonde et intellectuellement douteux.


    • fabien (---.---.69.233) 5 mai 2006 10:44

      D’apres le lien fourni :

      "Les améliorations des années 80 étaient intégralement dues aux progrès de l’Asie. Dans toutes les autres régions en développement, le nombre des victimes de la faim a en fait augmenté."

      « Il y a des enjeux financiers pour des multinationales, mais c’est pas l’essentiel de la question. »

      Eclairez nous, quel est l’essentiel de la question ?

      fabien


    • parkway (---.---.18.161) 5 mai 2006 13:28

      cher grip !

      La pauvreté n’augmente pas ???

      Vous êtes un peu aveugle ou busché, non ?

      je vous conseille de porter votre téléviseur au recyclage et d’écouter un peu plus la radio !


  • José W (---.---.25.142) 5 mai 2006 10:27

    Il semblerait qu’une poignée de multinationales soit assez intéressée par l’OMC, la mondialisation et la dérégulation.

    Mais chut, on va encore crier au complot !!


  • David Carayol (---.---.104.108) 5 mai 2006 10:44

    Bonjour Et merci pour vos commentaires qui vont me permettre d’argumenter plus mes propos.

    Pour répondre à Gem : Cet article ne vise pas à stigmatiser les agriculteurs de nos pays développés mais à dénoncer les incohérences qui entourent les accords multilatéraux de libre échange négociés à l’OMC. Je constate que des accords de libre échange censés bénéficier à tous échouent puisque le marché agricole est soutenu artificiellement au Nord et affecte les paysans du Sud. Merci ensuite de compléter mon enseignement par une description de la composante du prix, mais vous avez oublié la marge que réalisent les intermédiaires. Pour le marché de la banane par exemple qui se répartit entre 4 ou 5 grosses transnationales la répartition des bénéfices parmi les acteurs de la suivante est la suivante : Planteur : 10% Transporteur / exportateur : 30% Importateur : 20% Grande distribution et détaillants : 40% (source : Le très instructif rapport de Coordination Sud, http://coordinationsud.org/IMG/pdf/Agriculture_-_Pour_une_regulation_du_commerce_mondial.pdf) Enfin la conséquence pour le consommateur ne se voit effectivement pas puisque les baisses de prix d’achat des matières premières n’est pas répercutée sur le prix final, les marges des intermédiaires augmentant...

    Pour répondre à Jean Pierre : En ce qui concerne la Chine et l’Inde, la classe moyenne a effectivement augmenté puisqu’elle représente 10 à 15% pour la Chine. Ces deux pays ont pourtant comme particularité d’avoir mené une ouverture très progressive de leurs marchés, s’opposant alors aux conseils des FMI et autre Banque Mondiale. L’Inde est par exemple très peu intégré dans le Commerce mondial et a largement participé à l’échec de Cancun en 2003. Ci-joint un article intéressant. http://www.monde-diplomatique.fr/2004/01/JAFFRELOT/10658 Enfin c’est cette ouverture progressive et ce refus de libéralisation rapide et non maîtrisé de ces deux pays qui leur a épargné pour une large part les ravages de la crise financière asiatique de 1997. La Russie, elle, a eu beaucoup moins de chance, il faut dire qu’elle avait suivi à la loupe les recommandations du FMI. Pour ceux que ça intéresse Monsieur Stiglitz, prix nobel d’économie et ancien Vice-Président de la Banque Mondiale a écrit un best seller qui décrit très bien le rôle de ces institutions financières internationales, et leur ‘rôle’ dans le déroulement de cette crise... le titre : La Grande Désillusion Le niveau de vie en Russie à la fin des années 90 avait considérablement baissé par rapport à la fin des années 80. Enfin erratum ce n’est pas une augmentation de 18 millions de pauvres mais de 18 millions de sous alimentés. Cette augmentation, n’en déplaise à Grip, s’est réalisée sur une période relativement courte puisque entre 1995 et 2001, ce qui est la conséquence de l’intensification des cultures d’exportation sur cette période. Source : http://www.fao.org/documents/show_cdr.asp?url_file=/docrep/006/j0083f/j0083f00.htm, p6. Enfin 18 millions sur 6000 être humains, c’est aussi 2% d’augmentation sur 6 ans alors que l’effet inverse était escompté, c’est de toutes façons toujours trop !

    Pour répondre à Grip : En ce qui concerne mes fumisteries, vous trouverez le lien après mon erratum ci-dessus. Pour ce qui est des délocalisations de la production alimentaire, je vous rassure elle est déjà bien entamée, avec tous les inconvénients de pollution, monocultures...qui s’ensuivent. On est donc bien d’accord la dessus puisque vous faites explicitement référence à une prise en otage de l’Afrique par les Monsanto et autre qui est déjà bien entamée ! A ce propos j’ai également publié un article sur les OGMs qui y fait référence. Pour ce qui est des agriculteurs de nos pays je suis d’accord qu’ils perdraient leur métier sans subventions, mais sans libéralisation excessive des échanges, en seraient-on là ? Pour ce qui est des taxes d’importation imposées par les pays du Sud, merci d’y faire référence. Vous trouverez toujours dans ce très instructif rapport de Coordination Sud , http://coordinationsud.org/IMG/pdf/Agriculture_-_Pour_une_regulation_du_commerce_mondial.pdf) à la page 17, une explication très claire des incohérences entre politiques prônées à l’OMC et politiques prônées par les Institutions Financières Internationales. On y apprend que les taux plafond des taxes douanières peuvent être librement fixés par les PVD, en vertu des accords de libre échange, alors que les politiques de développement exercées par le FMI et la Banque Mondiale, obligent ces mêmes PVD à les réduire considérablement. Résultat : il revient moins cher à un habitant de ces PVD d’acheter un produit alimentaire importé, plutôt qu’issu des productions locales, renforçant ainsi leur dépendance, entre autres.

    Enfin nous sommes d’accord la libre concurrence ne se fera pas en un jour, la libéralisation totale pourrait être comique si effectivement des gens n’en souffraient pas derrière. Le fait est qu’elle est déjà bien entamée dans des PVD, en particulier en Afrique, pour lesquels une large part de leur PIB provient de l’agriculture.

    Voilà la question est effectivement complexe, et ce n’est certainement pas un modeste diplômé d’Ecole de Commerce qui détient la vérité. Je ne crois pas que ce soit faire preuve de populisme d’informer le plus grand nombre de gens sur l’enjeu de négociations qui sont bien souvent gardées secrètes. C’est au contraire s’exprimer dans une démocratie, et il est facile d’avoir recours à vos arguments systématiquement dès qu’un sujet peu déranger le consensus bienséant.

    Enfin je vous rassure ce n’est pas en Ecole de Commerce que l’on aborde ces sujets, ce qui ne veut pas dire que ce type de formation ne soit pas bonne. Elle mène à tout en tout cas...

    Sincères salutations

    David Carayol


    • parkway (---.---.18.161) 5 mai 2006 13:44

      A david carayol

      j’ai été informé sur L’OMC depuis 2001. et je m’aperçois chaque jour, que nos chers dirigeants (pour rester polis) en suivent à la lettre les directives.

      j’ai déjà cité l’exemple de DE ROBIEN fermant des classes de BEP à Clamecy, non rentables, mais ce qui va encore désertifier plus ce pays qui n’en a pas besoin et qui est pourtant agréable à vivre.

      ben oui, grip lui doit trouver cela très bien.

      Mais tout sera comme ça : on ne peut pas suivre ses humanités si on ne voit que les chiffres !

      Quand les enfants ou les petits enfants de grip seront obligés de louer un logement à 200 kms de chez lui pour aller étudier, ou pour aller se soigner,etc...

      Cest pas grave, ça va faire travailler des transporteurs ou user plus d’essence : ça sera rentable pout TOTAL et les marchands de camions !!

      Tu sais, grip, on t’aime !


  • plo (---.---.172.146) 5 mai 2006 11:01

    Le libre échange est une vaste couillonade pour les gogos et ne fait qu’avantager, les parasites en tout genre, qui ne sont que les promoteur de cette idéologie, car ce n’est qu’une idéologie, rien de plus. Elle n’est promue que par les idiots utiles qui ne comprennent à ce qui sous tend le modèle, et par les élite mondialisé et cosmopolites, qui elles, sont les véritables bénéficiare de celui ci. En effet celui ci ne favorise que les intermédiaires, alors que ceux ci n’apportent aucune valeur ajouté, dans le processus de production. A partir du moment ou l’on a compris cela, on a presque tout compris ... A chacun d’en tirer les conscequences qu s’imposent ....


  • Rage Rage 5 mai 2006 11:15

    Réponse à votre question (article intéressant) : La globalisation est un aspirateur à concentration d’argent et de pouvoir entre peu de mains.

    La croissance mondiale profite donc à ceux, minoritaires, qui en scandent haut et fort les vertus en permanence. Cela ne serait pas si insupportable si les écarts n’étaient pas aussi abyssaux, si l’on n’entendait pas tous les 3 mois « bénéfices record de Total à hauteur de 3 milliards d’euros » ou si, en cherchant bien il est vrai, l’on ne regardait pas autour de nous 90% de la population mondiale vivre dans la crasse, la pauvreté, l’oppression, l’insalubrité etc... et j’en passe, et des pires...

    Combien de personnes en profitent ? Sur 6,5 milliards d’individus, peut être 650 millions (10%) ? Je n’y crois même pas. 65 millions ? Plus plausible mais cela ferait déjà beaucoup. Pour être franc, je pense que tout ce petit jeu profite vraiment à moins de 1 million de personnes qui concentrent 99,9% des richesses totales. On n’a donc pas fini d’entendre leur morale à longueur de journée...


  • www.jean-brice.fr (---.---.233.74) 5 mai 2006 11:56

    Tant qu’il n’y aura pas un REGULATEUR FIABLE (étalon/or de préférence), l’OMC ne sera qu’une machine qui tourne dans le vide : le fait, pour les anglo-saxons, d’avoir transformé les monnaies en vulgaire marchandise, dérègle tout le commerce mondial avec les conséquences que l’on voit. Ce qui est certain est que nous allons dans le mur ... POUR EN SAVOIR PLUS , clicquez sur RUEFF (Jacques).


  • (---.---.128.2) 5 mai 2006 21:01

    Je cite une phrase de votre présentation : « Je suis convaincu que la mondialisation ne peut bénéficier au plus grand nombre que si elle est limitée et strictement encadrée par des représentations citoyennes indépendantes. »

    C’est la définition de la démocratie représentative ! Nous élisons des députés et un président, qui nomme un gouvernement soutenu par les députés. Ces élus nous représentent dans les négociations européennes et internationnales, établissent et appliquent des lois qui limitent et encadrent plus ou moins le commerce, selon le mandat (explicite ou implicite) qu’ils ont reçu de la majorité du peuple. Nos élus ne sont pas très bien élus, vu le fort taux d’abstention et la dispersion des votes, les campagnes électorales ne sont pas bien riches sur les questions de fonds... Mais nos représentants sont dépendants... des citoyens ! Réjouissons nous en ! Tous les peuples, hélas n’ont pas cette chance. Je préfère cela à la tyranie de minorités « citoyennes » agissantes, prétendant représenter les peuples.

    La critique des gouvernants, des puissants de toutes sortes est nécessaire, saine, salutaire. Une démocratie se doit d’être pluraliste, c’est à dire libérale. En ce qui concerne le commerce, dans un monde libre et prospère, c’est le consommateur qui choisit.


  • Renaud D. (---.---.80.165) 5 mai 2006 22:13

    Deux témoignages de personnes ayant vécu le FMI de l’intérieur. L’un avoue ingénument qu’il portait trop d’attention au dogme et pas suffisamment à la manière de procéder. Du moment que les critères idéologiques étaient respectés, plus personne ne se souciait de l’application concrète de ces mesures.

    L’autre avoue tout de go avoir travaillé pour un groupe d’élite d’hommes et de femmes qui utilisent les organisations financières internationales pour créer les conditions permettant d’assujettir d’autres nations à la corporatocratie formée par nos plus grandes compagnies, notre gouvernement et nos banques.

    - Ernesto Tenembaum (2005), Enemigos. Confessions d’un homme clé du FMI, édition Danger public.
    - John Perkins (2005), Les confessions d’un assassin financier. Révélations sur la manipulation des économies du monde par les États-Unis, édition alTerre.

    L’article concernant ces bouquins est à lire sur le site du CADTM


  • brigetoun (---.---.68.6) 7 mai 2006 21:29

    et à la limite les théories économiques peuvent devenir un jeu intellectuel. Le problème est qu’on les applique à de la chair humaine


  • babar (---.---.14.101) 9 mai 2006 01:44

    pfff pathétique cet article. Franchement, aucun regard critique, que de l’idéologie. Seule la réflexion sur les politiques agricoles semble intéressante, et encore, les dérives que vous imputez à la libéralisaton des échanges paraissent au contraire provenir de protectionnismes divers et de politiques irréflechies et inconséquentes. Par ailleurs où sont les sources sur lesquelles s’appuient ces slogans ? Par exemple sur l’augmentation du nombre de pauvres ? Vous dites qu’il y a de plus en plus de pauvres, mais sur quelle définition de la pauvreté vous appuyez-vous ?? Précisez car c’est capital ! La pauvreté est définie de manière RELATIVE donc forcément votre point de vue est biaisé. Certes les écarts de richesses existent et se creusent (et c’est un problème) mais les pauvres sont moins pauvres et proportionnellement moins nombreux qu’il y a dix ans. Et il faut arrêter l’histoire du complot mondial ! La mondialisation n’est pas une idéologie, c’est un effet. Un effet du progrès techniques et non pas l’application machiavélique d’une stratégie hégémonique de quelques firmes américaines. Soyons un peu sérieux. Telle ou telle mesure peut en effet être remise en cause mais les dérives que vous pointez ne peuvent pas être imputées à la mondialisation qui est le contenant de l’histoire contemporaine et non son contenu ! Si vous n’acceptez pas cette mondialisation, allez voir en Corée du Nord comme ils sont contents d’y échapper. Et puis l’évolution de notre société est affaire de personnes. Que ceux qui n’en voient que des côtés négatifs en changent le cours ! Mais avant de sortir les drapeaux noirs (ou rouges ?), have a look : www.gapminder.org de quoi être plutôt optimiste !


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