Commentaire de Ys
sur On a retrouvé la trace des Celtes


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Ys (---.---.103.236) 17 mars 2007 17:54

Mais de rien, la confrontation d’idée est la seule manière de faire avancer son raisonnement. J’y prends part avec plaisir. ^^

« J’essaie de répondre aux questions qui me paraissent les plus importantes. »

Ma question concernant vos sources, j’estime qu’elle était importante, voir primordiale. Pas d’Histoire, ni d’Archéologie sans sources.

« Je suis bien conscient que les interprétations que je propose concernant les chapiteaux peuvent être discutées, étant donné que les mots que j’emploie ne correspondent pas forcément et exactement à ce que voulaient exprimer les sculpteurs. »

Je ne pense pas pour le moment avoir critiqué votre interprétation des chapiteaux. Juste vos théories concernant la provenance du cratère de Vix et votre interprétation du « Cernunos » du chaudron de Gundestrup.

« Si je prends la question du serpent, je crois qu’on vous a répondu et qu’il ne faut chercher ailleurs que chez les Sémites la signification de ce symbole qui a perduré dans notre culture. »

Spéculation, quelles sont aujourd’hui les traces visibles d’un héritage celtique dans notre culture ? Quelques mots, certaines langues peu usitées, mais encore ? Croyez-vous sincérement que la signification actuelle du serpent nous vient en droite ligne des celtes !?

« Or, le principal argument de la thèse d’une fabrication en Grèce ne tient plus, dès lors que l’archéologie démontre aujourd’hui que le peuple qui avait la plus grande capacité dans le travail du métal était le peuple celte (voir émission d’Arte). »

L’argument comme quoi les celtes aient un grand savoir dans le travail du métal doit-il forcément oblitérer le savoir faire des autres civilisations ? Le savoir serait-il soumis à la régle des vases communiquants ? Je reformule une de mes questions précédente : pourquoi des celtes, pourtant dépositaires d’un savoir faire et d’une stylistique propre et affirmée, caractéristique même de leur culture, s’amuseraient-ils à faire des copies de bronzes grecs ou étrusques alors qu’ils pouvaient sans problèmes les échanger contre d’autres biens ? La copie est fréquente, et ce, à toute les périodes, je ne dis pas le contraire, mais dans le cas présent les efforts mis autour d’une telle production auraient laissés beaucoup plus de traces, des ratés, des hybrides... Mais là le cratère est typiquement grec, de sa forme à ses décors.

« Dans un de ses commentaires, Antenor évoque un peu plus haut, parmi d’autres vestiges, une cuirasse de l’époque des princes celtes. Peut-on- vraiment croire que de tels objets ont pu être fabriqué dans un village gaulois de plaine, même fortifié derrière une palissade de pieux ? Impossible ! »

Ais-je jusqu’à présent parlé de village gaulois de plaine ? Pour le moment deux styles d’habitations celtes ont laissés des traces archéologiques pour la période de La Tène : les oppidas, qui sont des monts fortifiés et à priori habités, surtout dans les périodes récentes où ils se généralisent, et les « villas » qui sont des habitats isolées en plaine. Le problème (si s’en est un) avec les artefacts celtes et notament avec les équipements militaires, c’est qu’is ne sont précisément pas retrouvés dans les contextes des villes ou des habitations. Leurs contextes archéologiques sont plutôt des dépôts -caches ou dépôts rituels, beaucoup de ces armes étant cassées intentionnellement voir « sacrifiées »- ou des tombes, qui se trouvent toujours hors des « enceintes » dévolues aux habitations. Les celtes, comme la plupart des peuples de l’Antiquité, ont apparement eu tendance à séparer très nettement morts et vivants. Rien d’étonnant donc au fait de retrouver du mobilier dans un lieu dépourvu de toute habitation, même si dans le cas présent la tombe se trouve à proximité d’un oppidum. Sinon, pour revenir aux forges celtes, nous en avons retrouvé moins d’une dizaine, seuls constats possibles dans l’attente d’autres découvertes : ils utilisaient des enclumes en pierre et se référaient à priori à la couleur du métal pour évaluer sa température. Rien n’exclu donc qu’ils aient pu forger à peu près n’importe où. Un savoir faire très avancé n’est pas forcément accompagné d’infrastructures à l’avenant, et vis versa d’ailleurs.

« Vous dites : »qu’est-ce qui empêcherait un peuple celte de demander l’obtention d’un cratère grec en guise de paiement d’une dette.« Sans vouloir vous froisser, j’avoue que je ne sais pas quoi répondre à une hypothèse aussi tirée par les cheveux. Idem pour les échanges amicaux. »

En quoi des rapports amicaux sont inconcevables ? Je suis perplexe. La guerre n’est jamais permanente, surtout à cette époque.

Concernant l’échange, ou le paiement, ou le don du cratère à cette princesse celte -diversifions les hypothèses-, je ne vois pas ce qu’il y a de si capillotracté. Des traces d’échanges concernant toute l’Europe sont attestées depuis la sédentarisation du Néolithique. Les coquillages fréquemment utilisés en grand nombre dans les tombes de cette même période proviennent parfois de mers situées à des milliers de kilométres et je ne parle pas de coquilles fossilisées trouvées sur place. La tombe exposée au MAN de saint Germain en Laye en est un bon exemple. Pour revenir aux celtes, ils ne vivaient sûrement pas reclus sur eux-mêmes, pourquoi l’auraient-ils fait ? De plus, les moyens d’acheminer une telle marchandise existaient (bâteaux, chars...), pas de problème : 2000 ans avant eux les hommes élévaient des mégalithes de plusieurs centaines de tonnes (Menhir d’Er Grah, Locmariaquer) avec des outils rudimentaires et sans la roue ! Alors un malheureux cratère de 200 kilos...

« Excusez-moi, mais si votre roitelet du mont Lassois vivait dans une ferme à la campagne au milieu des vaches et des cochons, ce sont des auges qu’il aurait commandées, pas un cratère avec des décorations d’hoplites. »

Ais-je dis celà quelque part ?


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