Commentaire de Régis DESMARAIS
sur Covid-19 et éléments de langage : la mort du politique


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Régis DESMARAIS Régis DESMARAIS 2 mai 2020 23:29

@Pic de la Mirandole
C’est réducteur. D’une certaine manière, c’est comme pour M. Jourdain qui fait de la prose sans le savoir, tout le monde fait de la politique car nous vivons en société et dans un monde de pouvoirs. Mais il y a politique et politique. Il y a ceux qui gèrent leurs petites affaires et leur petit pouvoir et il y a ceux qui ont des ambitions pour une nation.
Ce qui a été confisqué par Bruxelles, c’est la croyance en l’impossibilité de faire de la politique au sens de gestion d’un pays. Bruxelles n’a d’influence que sur ses adorateurs et les idiots utiles qui croient en son pouvoir. La Grande-Bretagne n’a pas été dupe de ce leurre.
Mais Bruxelles c’est de l’amuse bouche. Le vrai problème c’est la finance et l’immense pouvoir qui lui est rattaché. Les marchés financiers dépossèdent bien plus les Etats de la capacité à exercer une action politique que Bruxelles. L’autre écueil est l’absence d’homme politique. Nous avons des petits gestionnaires, des zélateurs de la finance, des individus totalement dépossédés de la notion d’intérêt général. 
Les références à De Gaulle sont intéressantes mais le monde a bien changé depuis 1970. Jamais il n’a été aussi urgent de poser une question simple : quel est l’objectif de notre société ? quels buts doit-elle servir ? Quels moyens utiliser ? Les zélateurs de l’économie de marché et de la finance répondront la croissance, le produit national brut. Des utopistes répondront le bonheur des individus. Comme le disait Jan Tinbergen, prix Nobel d’économie.
Croire que la politique c’est fini, c’est s’avouer vaincu car c’est abandonner la cité au système financier.
Aujourd’hui, l’absence d’homme et de femme politique réellement soucieux et capables de gérer la cité est un drame dont la gestion médiocre de la crise sanitaire est une conséquence. Il est urgent de redonner sens à la politique. Il est urgent de se désaliéner de croyances infondées selon lesquelles nous serions déposséder de notre faculté à influer sur notre avenir. Cette faculté est certes très amoindrie mais la volonté doit nous aider à agir.


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