Commentaire de JP94
sur C'est bien joli, tout de même, à Göttingen, à Göttingen...


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JP94 9 mai 2020 17:38

Eh bien j’ai aussi séjourné à Göttingen, jadis et le souvenir que j’en ai n’est pas si charmant, et il régnait une forte tension : les Français n’osaient y prononcer le nom de Hitler devant les Allemands  on sentait que ça serait malvenu  ils avaient aussi essayé d’interviewé les Allemands dans la rue, dans les magasins comme on faisait des enquêtes pour l’école en France, et les regards se figeaient, haineux, les yeux révulsés comme si on prononçaient des gros mots. il était interdit de parler politique  pour un Français ou un Italien, c’était inconcevable  sauf sous le fascisme.

Bref un climat oppressif d’Occupation. 

par contre les bouches allemandes se déliaient pour dénoncer la « dictature à l’est »  étant donné qu’évoquer celle du Reich était censuré et c’était un flot de haine.

Cette chanson consensuelle ne dérangeait personne, et censurait, de fait, la réalité.l’atmosphère en RFA, en ces années-là, était irrespirable. les filles de résistants communistes étaient victimes du Berufsverbot, déchues de leur nationalité : c’est ça la paix à l’Ouest ? 

Je me suis trouvé confronté à cette même haine à l’Ouest, à Münich dans une taverne  à la simple mention de mon itinéraire qui passait par Prague ( le passage en Autriche en Italie ne soulevant aucune objection) , et des années encore, à Berlin-Ouest, où le gars de l’office de tourisme a piqué une crise d’hystérie et a menacé d’appeler la police parce que je demandais s’il avait aussi les campings de Berlin-Est ...moi j’étais pacifiste ! mais ces gens-là ? 

J’étais avec un couple de vieux Berlinois de l’Ouest, très gentils, et ils m’ont dit : il faut fuir très vite, il va appeler la Police et elle va arriver ! et nous nous sommes sauvés sous les yeux apeurés de tous les gens présents dans ce bureau.

Non, ce n’était pas joli ! non, l’esprit n’était pas à la Paix et les associations d’anciens déportés et résistants en Allemagne sont catégorisées comme « potentiellement terroristes ».

J’ai pas mal voyagé à l’Est : là par contre, on parlait du fascisme, de ses mécanismes, on éduquait, l’école et l’université étaient gratuites et dénazifiées. (lire die Aula ) J’ai visité les anciens camps de concentration : Ravensbrück, Sachsenhausen et ça m’a fait comprendre pour la vie pas mal de choses. 

La chanson de Barbara n’a pas la force de vaincre le fascisme qui émerge à nouveau. Elle est loin du contexte de l’époque, elle évoque des images loin du réel, un rêve. En 1966, le chef du BND était Gehlen, le même nazi que sous Hitler.

En 1963, procès de Hans Globke , criminel de guerre nazi, conseiller personnel d’Adenauer. Un avocat français contre lui : Maître Charles Lederman.

Les résistants n’avaient pas de haine contre le peuple allemand. Mais il n’y a rien à ignorer des nazis et rien à pardonner.


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