Commentaire de Taverne
sur Didier Raoult, candidat des populistes à l'élection présidentielle de 2022 ?


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Taverne Taverne 27 mai 2020 12:21

J’ai trouvé le professeur Raoult intelligent et convaincant.

Il dit préférer les faits aux opinions et, face à lui, Pujadas se comportait en journaliste du macrocosme parisien saint simonien, friand de polémiques. Il a, à juste titre et avec beaucoup d’à-propos, relever les raccourcis de raisonnement de son interlocuteur qui ne faisait que remuer ressasser des opinions toutes faites que véhiculent les médias depuis des semaines.

Il a parlé du rapport au temps ne pas être dans l’immédiateté) indispensable pour établir la vérité. La vérité n’est pas dans les projections statistiques ni dans les études que l’on commande pour qu’elles abondent dans votre sens. La vérité dépend aussi de la crédibilité. Or, il ne suffit pas d’être nommé, comme Véran (ou les représentants des hauts comités Théodule), pour être crédible ipso facto (Véran a interdit un remède préventif et en a réservé l’usage pour les cas graves, avec les risques néfastes connus aujourd’hui pour ces cas). C’est sur la question de crédibilité qu’il a parlé de faire un sondage et non pas pour chercher la ferveur populaire et encore m oins « populiste ».

La question de la causalité qu’il a exprimée est aussi très éclairante. « La causalité est une chose compliquée. » (à propos des décès que Lancer attribut avec une certaine légèreté à la chloroquine). Il a raison ; songez à la causalité en matière pénale par exemple. Avec des raisonnements courts, beaucoup de politiciens seraient en train de purger de longues peines de prison pour le sang contaminé e autres affaires. La causalité doit être prouvée.

En revanche, la causalité directe est prouvée et connue pour le Doliprane, ce qui n’a pas empêché le ministre et les acteurs de santé publique de recommander publiquement et avec force insistance aux patients de rentrer chez eux avec du Doliprane. Au passage, cette préconisation associée à la peur qui a été créée a conduit à des morts, des gens ne venant à l’hôpital qu’au dernier moment et allant directement en réanimation !

il dit qu’il a fait un choix : tester en masse pour soigner plutôt que de perdre deux mois ou plus à faire une étude parfaite avec randomisation et autres protocoles longs et incertains.

La science, a-t-il dit, n’est pas un domaine de consensus (le consensus, c’est la mort de la science) mais elle ne doit pas non plus, à l’extrême opposé, être livrée en pâture aux polémiques de salon et de plateaux télé.

Je trouve dommage que Raoult ait été interrogé par un journaliste qui n’est pas à la hauteur des idées profondes que le professeur Raoult a exprimées.

Il s’est affiché en homme de combat, mais pas de combat politique.


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