@phan Et le père dans tout ce bazar pervers ? 

Que soit dans le domaine pédagogique ou dans la sphère thérapeutique, mais aussi dans les analyses sociopolitiques, peut-on faire l’économie d’une analyse approfondie d’un besoin de croyance inassouvi et perverti ? Non seulement la science n’a pas fait reculer l’obscurantisme, comme on a pu l’espérer depuis le siècle des Lumières jusqu’à Auschwitz, mais en prenant la place de la spiritualité, elle a laissé l’espace de l’irrationnel, de la croyance, à une forme dévoyée de religiosité dont le complotisme est un des avatars. C’est ce que certains ont appelé le déclin de la fonction paternelle et/ou du monothéisme.

57Il ne s’agit pas d’être nostalgique d’une société patriarcale ; il s’agit de mesurer les effets de la perte des organisateurs symboliques contribuant à l’équilibre dialectique entre expression et répression pulsionnelles, négativité et sublimation. Sans entrer plus avant dans ces débats et sans attribuer à la religion plus de mérites que nécessaire, il s’agit de réfléchir à la question de la transmission de valeurs opérantes comme support identificatoire (tout en permettant à l’ambivalence de s’exprimer) garantes de la construction d’une personnalité la moins aliénée possible. Seul rempart contre l’embrigadement complotiste qui est parfois la première étape vers la radicalisation de jeunes fragiles narcissiquement, en quête d’idéal.