Commentaire de Séraphin Lampion
sur Psychologie de l'argent par Georg Simmel


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Clark Kent Séraphin Lampion 8 juin 2020 09:22

Cette vision de l’argent comme un péché n’est pas nouvelle. Depuis Philippe le Bel (qui annulé sa dette en neutralisant ses créanciers les Templiers), les catholiques ont un rapport compliqué avec l’argent.

Ensuite, la Réforme protestante a été avant tout une histoire de sous opportu,iste. Luther s’en prenait aux « indulgences », des papiers qui permettaient en échange de quelques pièces d’écourter le temps passé au purgatoire.

Un des grands changements a concerné le prêt à intérêt (faire de l’argent avec de l’argent) qui était interdit par la doctrine catholique, quand Luther et Calvin ont admis la possibilité d’un taux d’intérêt et estimé que les théologiens n’étaient pas compétents pour les affaires temporelles, même si, soucieux de « protéger les pauvres », ils avaient fixé un plafond autour de 5 %. La légalisation du prêt à intérêt a déclenché une déculpabilisation vis-à-vis de l’argent et de la finance dans les pays à majorité protestante, et depuis, les principales bourses occidentales - Francfort, Londres et New York se situent toujours en terre protestante.

Mais malgré cette déculpabilisation, les protestants ont toujours cultivé l’austérité et préfèré l’épargne à l’endettement, ce qui explique en partie le parti pris allemand actuel. Calvin avait une conception curieuse de la richesse qui, pour lui, était un signe de la grâce et considérait que ce « don gratuit de Dieu » obligeait le croyant à redistribuer sa richesse, le fameux ruissellement : il faut la faire croître sans l’utiliser pour soi-même.

L’économie n’est pas une science, mais une idéologie.


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