Commentaire de velosolex
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velosolex velosolex 23 février 2021 21:26

Né dans la famille solex, j’en ai voulu un temps à mes parents de m’appeler Velo. Un nom propre à me faire stigmatiser quand j’étais à l’école. Mon seul ami s’appelait 103 Peugeot, et ce n’est pas un hasard si c’était le seul qui me comprenait.

Dans cette école de la violence et de l’exclusion, dont je suis l’incarnation du gâchis qui précipite chaque année une bonne centaine de milliers de véritables Arthur Rimbaud ignorés, vers ce qu’on appelait jadis la vie active, à 16 ans, je ne puis que vous plussez ! En terme de stigmatisation, mot qu’on ignorait dans cette époque des soi disant trente glorieuses, il faut dire que les pédagogues ne pratiquaient pas l’euphémisme. Je vous cite quelques expressions et mots structurant de l’époque : « T’en veux une ? ; » ’C’est de la bouillie que t’as dans la tête ?«  »C’est pas un poil que t’as dans la main, c’est un balai !«  »Si je me déplace, tu pends mon pied au cul« . Ayant fréquenté l’école laïque et le pensionnat religieux, je peux attester d’une continuité pédagogique en la matière. 

La seule chose qui m’a poussé comme racines au bout de mes mains tachés d’encre waterman, c’est la résilience, et l’humour. Celle qui fit remonter les fleuves impassibles à Rimbaud. Je lisais tout, et surtout tout ce qui n’était pas de mon âge. Je me souviens que la lecture de »libres enfants de summerhill« , me laissa dans la sidération. Un autre monde était il possible. Je fuguais et dis merde à Rousseau et à Voltaire. Mais j’étais tombé dans le caniveau. Bac moins trois sur l’échelle de Richter. Mais Reich me disait de prendre la tangente, si je ne voulais pas avoir un retour d’orgone, et un cancer à crédit. 

Je travaillais à l’usine, puis devançais l’armée, et supportais mal l’ironie de Le Forestier chantant »Parachutiste". Était-ce de ma faute si j’était devenu fachiste en dépit de mon propre grés ? Que connaissait il de la vie, cet enfant gâté, qui avait pianoté la fugue à Elise sur le piano familial avec sa sœur ? A vingt ans je partis aux indes pendant un an, puis fait les saisons. Les huitres l’hiver, les melon l’été. J’aménageais dans une grotte du Lubéron. A 25 je connaissais bien trop de choses qui n’avaient pas été de mon âge, mais enfin ça y était. J’avais fait mes universités et je repris mes études, la rage apaisée. C’était l’itinéraire d’un enfant du siècle. Celui des seventies. L’époque était assez glauque au niveau pédagogique, mais enfin malgré sa rudesse elle permettait aux fugueurs de revenir, en ne leur imposant pas un CV impeccable comme maintenant, et un paramétrage et un contrôle du parallélisme digne de l’école des mines. 


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