@Soucougnan

Cette question de « sphère d’influence » est compliquée. On est à la frontière conflictuelle entre idéalisme et pragmatisme (« cynisme », diront certains). Sur le principe, je suis pour la liberté et l’autonomie de chaque peuple. Je suis donc contre le fait que des grands « pays-civilisations » englobent des pays frontaliers en empiétant en partie sur la souveraineté de ceux-ci.

Mais dans les faits, chaque grande civilisation ou puissance s’est toujours assurée la coopération, en tout cas la neutralité de ses voisins. La Russie a les pays de la CEI et a (avait) la neutralité de la Finlande et de l’Ukraine. Les Etats-Unis ont le Canada et, dans les faits, ont vassalisé le Mexique (même si Lopez-Obrador se rebelle un peu). Ceci ne me réjouit pas spécialement, et par exemple pour le Mexique, que je connais bien, c’est une catastrophe.

Mais si on accepte la position pragmatique selon laquelle les grandes puissances vont de toute façon protéger leurs arrières, il s’agit alors d’appliquer la même marge d’acceptation à tout le monde. Et donc, que les Américains aillent faire des coups d’Etat en Amérique du Sud, c’est pousser un peu loin le bouchon ; alors l’Ukraine, n’en parlons pas. Mais de la même façon si les Russes commencent à vouloir faire des regime changes en Thaïlande ou au Canada.

Encore une fois, dans les relations internationales, il me semble que la valeur-clef devrait être la réciprocité. Vous ne pouvez pas prétendre interdire aux autres de faire ce que vous faites, ni vous plaindre qu’ils fassent à leur tour ce que vous faites. En ce sens, j’estime sincèrement que Poutine a eu, globalement, une approche de réciprocité avec les Américains et les Européens. Mais que l’inverse est très loin d’être vrai. D’où mon texte sur la différence entre ennemi et adversaire.

Voilà. Vous me demandez d’être sincère, j’ai essayé de l’être ici, comme dans tous mes messages et dans l’article lui-même. Ensuite, chacun peut adhérer ou non.