Commentaire de Étirév
sur La nation
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Il faut distinguer entre nationalité et nationalisme, écrit Julius Evola. Le Moyen Age connut des nationalités, non des nationalismes. La nationalité est une donnée naturelle, qui circonscrit un certain groupe de qualités élémentaires communes, de qualités qui se maintiennent autant dans la différenciation que dans la participation hiérarchique, auxquelles elles ne s’opposent en aucune manière. C’est ainsi qu’au Moyen Age les nationalités s’articulaient en castes, en corps et en ordres ; mais bien que le type du guerrier, du noble, du marchand ou de l’artisan, fût conforme aux caractéristiques de chaque nation, ces organisations représentaient en même temps des unités plus vastes, internationales. D’où la possibilité, pour les membres d’une même caste appartenant à des nations différentes, de se comprendre peut-être mieux que ne le pouvaient, dans certains cas, les membres de deux castes différentes à l’intérieur d’une même nation. Le nationalisme moderne représente le contraire de cette conception. Il se fonde sur une unité qui n’est pas naturelle, mais artificielle et centralisatrice, et dont on éprouva toujours plus le besoin, au fur et à mesure que le sens naturel et sain de la nationalité se perdit et que toute tradition véritable et toute articulation qualitative étant détruite, les individus s’approchèrent de l’état de pure quantité, de simple masse. C’est sur cette masse qu’agit le nationalisme, au moyen de mythes et de suggestions propres à galvaniser, à réveiller des instincts élémentaires, à la flatter par des perspectives chimériques, de privilèges et de puissance. Quelles que soient ses prétentions à se référer à une race ou à une autre, la substance du nationalisme moderne n’est pas un « ethnos », mais un « demos », et son prototype demeure le prototype plébéien suscité par la Révolution française.
NB : Le monde actuel est fermé et recroquevillé sur une seule dimension et un seul aspect de l’univers, sa dimension matérielle. Cette vision unidimensionnelle se retrouve dans ce que l’on désigne aujourd’hui avec les termes « racisme » et « anti-racisme ».
Ces deux positions procèdent d’une même vision du monde, matérialiste et quantitative. Aussi, leur opposition est fausse et concoure, de façon complémentaire, à renforcer le système moderne, le premier par dénigrement et réductionnisme, le second par assimilation puis dilution. Elles conduisent à reconnaître ou à façonner et à glorifier une race unique. D’ailleurs, il est probable qu’à l’ultime fin de notre cycle, lorsque l’humanité sera entièrement « antéchristique », « racisme » et « anti-racisme » se rejoindront pour célébrer la même société.
On peut établir une relation entre d’une part « racisme » et nationalisme, d’autre part « anti-racisme » et collectivisme. Il y a là deux étapes du développement du monde moderne. Le collectivisme s’applique généralement avec le système communiste.
Ce que l’on nomme « racisme » consiste principalement à admettre des différences entre les races et à accorder à l’une d’entre elles la supériorité. Cette dernière tentation a toujours plus ou moins existé. Elle est humaine et se rapporte à l’orgueil et à la vanité qui sont deux aveuglements. Toutefois, le « racisme » ne s’est pleinement développé qu’avec le monde moderne. Celui-ci en réduisant le monde à une seule dimension lui a offert un terrain de prédilection. Le « racisme » fut pratique pour briser l’unité spirituelle et les liens qualitatifs entre les peuples pour y substituer l’orgueil, l’étroitesse d’esprit, l’impérialisme, et les obliger à se livrer une surenchère désastreuse pour la domination du monde.
Le « racisme » se fonde sur les formes. Il peut être biologique, ethnique, culturel, religieux, financier, idéologique ou autre. Il est foncièrement uniformisant.
Sauf exception, le « racisme » ne peut guère se développer dans les sociétés tradionnelles. En effet, celles-ci sont polydimensionnelles. Le système des castes en constitue une illustration.
Les sociétés tradionnelles étant orientées vers le supra-humain, la subversion anti-traditionnelle a détourné les hommes, afin qu’ils se replient vers l’humain. La contre-tradition les assujettit à l’infra-humain. L’un de ses vecteurs est le collectivisme. Celui-ci va de pair avec la contre-Tradition et l’« anti-racisme ».
L’« anti-racisme » est le complément et le continuateur du « racisme », tout comme la contre-Tradition succède à l’anti-Tradition. Lui aussi réduit le monde à une seule de ses formes. Il prône l’uniformisation en donnant toutes les facilités aux métissages et plus encore en les exaltant.
L’« anti-racisme » est donc une contrefaçon impulsée par la contre-Tradition. Celle-ci vise à la domination mondiale et à l’édification d’un modèle planétaire unique. L’« anti-racisme » lui permet d’abaisser les frontières, de mélanger les peuples, les cultures, les religions, ainsi de suite. Il répand la confusion sur toute la Terre. Il opère un nivellement général de façon à transformer l’humanité en une seule masse. Il poursuit et amplifie l’œuvre destructrice du « racisme ». Ce dernier exalte une entité, un pays, un peuple, une race, une catégorie, parmi d’autres. Il est un contre plusieurs.
L’« anti-racisme » étend ce raisonnement à la totalité de notre monde.
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