Commentaire de Fanny
sur Vive la baston, Vive l'UE !


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Fanny 29 janvier 10:43

@Lynwec

Alors, je ne perçois pas très clairement la notion « d’inimaginable chez nous »...Pas besoin de l’imaginer, elle est bien présente ...

 

Pour éclairer mon propos, je dois préciser d’où je parle.

Je suis un citoyen de classe moyenne supérieure, sans fortune (juste mon logement), issu d’une famille immigrée de 2ème génération côté père, de 1ère génération côté mère. Du coup, le Français n’est pas ma langue maternelle. Je suis moi-même de catégorie moyenne supérieure. J’avais 20 ans en 68.

De cette « révolution » de 68 à laquelle j’ai participé, je garde le souvenir d’une sorte de complicité entre un pouvoir gaulliste complètement désorienté, complètement paumé face à la révolte, et une jeunesse bien décidée à défier « le Père », à le « tuer ».

Mais finalement, personne n’a tué personne et le Préfet de Paris Grimaud (1913-2009) a fait tout son possible pour ménager les « jeunes », la jeunesse française petite bourgeoise en révolte. On « n’enferme pas Sartre », et on ne tire pas sur les jeunes. Ça s’est passé « en famille », bien que fin mai, ça aurait pu tourner à l’aigre. Merci la CGT qui a sauvé Pompon et le Vieux (lui, juste pour quelques mois)

Les choses ont changé avec le temps et les CRS utilisent aujourd’hui les LBD en tir tendu, crevant les yeux de citoyens innocents. C’est nouveau, le complexe « Oussekine » tend à s’effacer. Et puis cette complicité entre le pouvoir et les révoltés de 68 a disparu : l’oligarchie parisienne n’a rien en commun avec les Gilets Jaunes. La haine monte très vite. On est davantage dans l’ambiance « Commune de Paris » que mai 68. C’est clairement une haine de classe que l’on ressent, haine de classe que personnellement je n’avais pas perçue dans les décennies d’après-guerre.

Les OMON (CRS) russes ont suivi un autre chemin. On dirait qu’ils ont copié les techniques de maintien de l’ordre occidentales d’après-guerre, ne tabassant les manifestants que « modérément », juste autant que de besoin. Il s’est produit une sorte de croisement entre une société française plus dure, plus brutale et une société russe plus « civilisée ».

Cela dit, la haine entre l’oligarchie française et le peuple (des gilets jaunes, des agriculteurs) est purement économique, purement « marxiste ». Deux mondes qui n’ont pas les mêmes intérêts, prêts à se battre pour ces intérêts, mais deux mondes qui se réconcilieraient ou du moins s’apaiseraient une fois la question économique réglée en faveur des classes inférieures (je ne parle pas des « banlieues »).

Autre chose en Russie entre les classes moscovites aisées, pro-occidentales, et le peuple russe. C’est culturel, presque « civilisationnel ». Deux mondes différents qui se regardent en chiens de faïence. Un gouffre entre les deux. Ils ne se comprennent pas (plus). Peuple « barbare » aux tentations staliniennes (poutiniennes) contre élite « civilisée » aux tentations démocratiques. On ne voit pas de réconciliation ou d’apaisement possible entre eux. Un mur. C’est un peu ce qui se joue en Ukraine, avec une violence à son maximum.

Le peuple a toujours raison, par définition, quoi qu’il en coûte (mon avis, mais je n’ai peut-être pas toujours raison).


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