Commentaire de Jean Dugenêt
sur La fraternité du peuple russe


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Jean Dugenêt Jean Dugenêt 18 mars 11:46

@Eric F
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Pour comprendre ce qu’a été et ce qu’est la russification en Ukraine, il faut connaître l’histoire de l’Ukraine. En fait la nationalité ukrainienne est très ancienne. Elle commence vraisemblablement au XVIIème siècle. Des personnalités connues comme le peintre Ilya Répine (1844-1930), l’écrivain Nicolas Gogol (1809-1852) ou le musicien Piotr Ilitch Tchaïkovsky (1840-1893) revendiquaient cette nationalité. Sans remonter jusqu’au XIXème siècle, nous allons examiner l’histoire récente de l’Ukraine, à partir de sa déclaration d’indépendance.

L’autonomie de l’Ukraine a été proclamée le 23 juin 1917 par la Rada centrale d’Ukraine. J’ai publié plusieurs fois le texte de la déclaration d’indépendance

Contrairement à ce que dit Poutine, ne fut pas le fait de Lénine. (Lire à ce sujet mon article : « Poutine contre Lénine »). Auparavant, le peuple ukrainien, conservant sa culture, s’est souvent trouvé écartelé entre les impérialismes polonais, russe et ottoman, avec plus tard aussi l’empire austro-hongrois. Dans ces périodes, ce sont assurément les ukrainiens qui étaient dans la partie conquise par les russes qui ont été les plus persécutés. Ils ont notamment subi la politique d’éradication de la langue ukrainienne imposée par la Grande-Russie tsariste.

Les internationalistes partagent sur ce sujet le point de vue de Lénine qui écrivait notamment (Voir ce texte) :

« Pas un démocrate, pour ne rien dire d’un socialiste, n’osera contester l’entière légitimité des revendications ukrainiennes. Pas un démocrate, de même, ne peut nier le droit de l’Ukraine à se séparer librement de la Russie : c’est précisément la reconnaissance sans réserve de ce droit, et elle seule, qui permet de mener campagne en faveur de la libre union des Ukrainiens et des Grands-Russes, de l’union volontaire des deux peuples en un seul Etat. Seule la reconnaissance sans réserve de ce droit peut rompre effectivement, à jamais et complètement, avec le maudit passé tsariste qui a tout fait pour rendre étrangers les uns aux autres des peuples si proches par leur langue, leur territoire, leur caractère et leur histoire. Le tsarisme maudit faisait des Grands-Russes les bourreaux du peuple ukrainien, entretenant systématiquement chez ce dernier la haine de ceux qui allaient jusqu’à empêcher les enfants ukrainiens de parler leur langue maternelle et de faire leurs études dans cette langue. »

Ou encore (Voir ce texte) :

« C’est ce poison du nationalisme grand-russe qui intoxique l’atmosphère politique de la Russie tout entière. Malheur au peuple, qui en asservissant d’autres peuples, renforce la réaction dans toute la Russie. »

Ces écrits de Lénine sont à nouveau d’actualité en Ukraine et en Russie. Les poutinolâtres se prononce entièrement en faveur du « poison du nationalisme grand-russe ». Ils en viennent à affirmer que, puisque pendant un temps, « Le tsarisme maudit faisait des Grands-Russes les bourreaux du peuple ukrainien   » les habitants des régions concernées se sentiraient maintenant davantage Russes qu’Ukrainiens. Ils voudraient nous faire croire que les ukrainiens russophones seraient favorables à la domination russe alors que leurs aïeuls ont été victime de cette domination.

Pourtant, les ukrainiens se sont prononcés clairement à ce sujet par référendum dès 1991.

(Je ne reprends pas les chiffres)

Voyez aussi en exemple ce témoignage de Médiapart sur un ukrainien russophone, dont le père était russe. Cet ukrainien est rentré en Ukraine à la suite d’un échange de prisonniers :

« Il faut le raconter mais c’est douloureux de s’en souvenir. » Oleksander Teteryatnikov, 47 ans, épaules larges et coupe en brosse, lutte en se remémorant ses « 632 jours » de captivité au cours desquels il a perdu 50 kilos. Cet ambulancier est aujourd’hui mû par une haine profonde de la Russie, qu’il désigne avec un terme ordurier. Lui, natif du sud de l’Ukraine dont la langue maternelle est le russe, dont le père est né à Saint-Pétersbourg, et dont le grand-père était un héros de l’Union soviétique pour avoir servi dans l’Armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale. »


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