Commentaire de Analis
sur « Wokisme » : le délire conservateur qui annonce la fin du monde (et rate la cible)
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Ce que m’inspire cet article : une grande moue de scepticisme et d’expectative, avec l’impression que l’auteur est confus (avec l’excuse que la matière est elle-même confuse). Le terme woke, au départ, signifiait simplement une adhésion à l’antiracisme et à l’antisexisme militant, légèrement radical car motivé par un désir d’activisme mais dans un simple but de ne pas s’endormir face à un chauvinisme blanc et patriarcal toujours bien présent, quoi qu’en disaient les flagorneurs de droite. Mais en une douzaine d’années, les choses ont bien changé, et oui, les wokistes sont désormais bel et bien des gens qui veulent raser et éradiquer dans une ferveur révolutionnaire de reconstruction (dans la lignée des ultra-jacobins des années 1790, qui disaient « du passé faisons table rase »), n’en déplaise à votre affirmation un peu hâtive. Une mentalité réactionnaire inversée, en quelque sorte.
Elle se manifeste entre autres par une politique délirante en matière de ’’genres’’, insultant tant la raison que la décence, érigeant l’instabilité mentale en droit sacré, tout ça notamment dans le but d’éradiquer tout reste de patriarcat, à moins que ce ne soit tout simplement de bousiller l’espèce humaine tout simplement (ce qui explique la propension des transhumanistes des GAFAM à soutenir cette « politique »).
Ou par une tendance à vouloir réécrire le passé par le biais des médias de fiction, en mettant des minoritaires à des places qu’ils ne pouvaient pas occuper aux époques où les histoires où ils figurent sont sensés se passer. Ainsi dans la grotesque série télévisée (tirée de romans) Les chroniques des Bridgerton, qui se permettent de faire comme si dans l’Angleterre de la Régence (fin de l’époque napoléonienne) noirs et mulâtres étaient présents en masse dans toutes les couches des hautes et moyennes sociétés. Le nouveau film sur Blanche-Neige (et que cela se passe dans un monde fantastique n’a pas d’importance pour ce débat, car ce dernier est basé sur le Moyen-Âge européen historique) en est un symptôme de plus.
Le pire, c’est que cette approche que l’on ne peut que qualifier de révisionniste est insultante pour les minorités ’’flattées’’, car elle ignore les problèmes quelles ont rencontrées dans la version réelle de ce passé. Ironiquement, on peut ainsi dire que cette stratégie est anti-wokiste, le but du wokisme étant de contrer les divers tourments qui leur ont été et sont toujours infligés. À force de vouloir trop en faire, les wokistes en viennent à se mordre la queue, à s’auto-éventrer. Tout ceci n’étant en fait qu’un ensemble de comportements chaotiques, qui se veulent animés par une volonté de changement mais sont en réalité complètement irréfléchis et en viennent à desservir la cause des minorités qu’ils prétendent défendre. Tout en faisant la joie des réacs qu’ils s’imaginent combattre, mais qui n’en sont à la fin que trop contents de réduire toute forme de progressisme et de lutte contre les discriminations à la caricature. En attendant que ces excès facilitent le retour de bâton qu’ils appellent de leurs vœux, retour de bâton qui est déjà en marche aux USA avec Trump.