Commentaire de Octave Lebel
sur M. Le Pen : inéligibilité, la course à l'échalote
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@Eric F
Vous avez
raison, devant l’évidence, il faut dire le contraire comme si de rien n’était
Heureusement qu’il y a des journalistes qui nous décodent le fonctionnement de ce qui nous tient lieu de médias.
Quand on voit cela, je ne sais pas comment quelqu’un peut venir nous expliquer que nous vivons encore en démocratie.
→ Condamnations du RN : saturation de la comm’, discrédit de l’État de droit (Pauline Perrenot, 15/04/2025).
Synthèse impressionnante et commentaires très consistants et techniques sur les procédés ce qui nous donne aussi des repères transférables sur d’autres contenus.
https://www.acrimed.org/Condamnations-du-RN-saturation-de-la-comm
Extraits : « Mais c’est peu dire que les chefferies éditoriales ont fait primer les règles de la « politique spectacle » sur l’information. Entre le 31 mars et le 7 avril 2025, nous avons dénombré les passages de 9 députés RN dans l’audiovisuel [1], mais aussi du député européen Jordan Bardella, du député Éric Ciotti (allié du RN), du maire de Perpignan Louis Aliot et de Marion Maréchal. Bilan des courses ? Au moins 77 invitations en une semaine – dont 48 au cours des trois premiers jours, portant la moyenne à 16 passages quotidiens à cette période ! Incluant des directs sur les chaînes d’information en continu, ce palmarès non exhaustif fait surtout apparaître une captation des formats médiatiques les plus exposés : le 20h de TF1, mais également 16 matinales audiovisuelles et nombre des émissions politiques parmi les plus prescriptrices du PAF – « L’événement » (France 2), « Les Grandes Gueules » (RMC), « C à vous » et « C ce soir » (France 5), « Le grand jury » (RTL), « BFM Politique » (BFM-TV) ou encore, dans le cas de Jordan Bardella, une matinale élargie sur Europe 1 et CNews (1/04) et une interview spéciale sur LCI (4/04).
Dès le 20h de TF1 – dont Marine Le Pen a profité au sortir du tribunal sous les yeux de près de sept millions de téléspectateurs –, les rédactions françaises disposaient de l’intégralité des éléments de langage du parti. Elles se sont pourtant livrées une véritable course à l’échalote et de concurrence mimétique en sensationnalisme, ont permis au tapage d’extrême droite de donner sa mesure. Comme le relevait le journaliste Youmni Kezzouf, au matin du 1er avril, « pour comparer la France à une dictature des juges, au choix : Laurent Jacobelli sur LCI, Marion Maréchal sur TF1, Sébastien Chenu sur FR2, Jordan Bardella sur Europe 1 [et CNews, NDLR], Edwige Diaz sur RFI, Louis Aliot sur BFM [et RMC, NDLR], Julien Odoul sur Sud Radio. » (Bluesky, 1/04) Ajoutons cet oubli : dans la matinale de France Info, successivement Julien Odoul – quelques minutes avant son passage à Sud Radio ! – et Jean-Philippe Tanguy, au micro du « 8h30 ». Avec un personnel en grève ce jour-là, la matinale de France Inter est restée sur la touche, mais son équipe a jugé nécessaire de rattraper le peloton : le 2 avril, Sébastien Chenu était dans les studios face à Sonia Devillers, sans oublier Jérôme Sainte-Marie, ancien candidat RN aux législatives, présent dans « Le débat du 7/10 » face au journaliste de Mediapart, Fabrice Arfi. Un goût de trop peu pour Apolline de Malherbe, qui, pour le deuxième jour consécutif, remit le couvert dans sa matinale en compagnie d’Éric Ciotti (RMC et BFM-TV, 2/04).
« Il est particulièrement frappant d’observer la quasi-totalité de l’éditocratie installer aujourd’hui la petite musique du « vol » d’une élection imaginaire alors qu’il y a quelques mois, la corporation s’appliquait méthodiquement à faire oublier la victoire de la gauche aux élections législatives – bien réelles quant à elles –, tout en stigmatisant l’ensemble des interlocuteurs qui cherchaient alors à dénoncer le coup de force d’Emmanuel Macron qui en ignora les résultats. Non moins éloquente est l’obsession des journalistes politiques à prophétiser les conséquences « néfastes » d’une future échance électorale sans Marine Le Pen… et leur silence assourdissant quant aux préjudices qu’un détournement massif d’argent public aura engendrés sur le cours de la vie démocratique et politique durant la dernière décennie, marquée, accessoirement, par l’ascension du parti incriminé. »