Commentaire de Ludovic Charpentier
sur Libération : Rothschild change la vaisselle


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Ludovic Charpentier (---.---.68.100) 14 juin 2006 12:14

« A part ça j’ai lu le pré-programme du PS : du vide. »

Disons que cela ressemble d’avantage à une gentille déclaration d’intentions et de valeurs, un ’statement of purpose’ comme j’avais quand je bossais dans une association : ’nous nous engagerons à réduire les inégalités, le chômage, à promouvoir l’éducation’, etc. C’est évident qu’à chercher à ne froisser personne comme le fait Hollande en réduisant le projet à un dénominateur commun entre Emmanuelli, Mélenchon, Fabius, DSK, Royal, Bockel, Lang, et compagnie, on finit par se retrouver sans réelles propositions concrètes et qu’il le veuille ou non, je suis persuadé que 90% du programme sera déterminé lors du choix du candidat, DSK n’ayant pas une même approche de la fiscalité que Fabius, Ségolène n’ayant pas les même approches sécuritaires que Lang, etc. Recueillir les idées, c’est bien, mais il manque au PS un type autoritaire à la Miterrand, capable de dire (en tapant sur la table s’il le faut) : les débats idéologiques c’est bien gentil mais concrètement on fait quoi ?

Ceci dit, tout n’est pas ’à jeter’ dans le projet. Le vrai problème est que le financement n’est jamais évoqué, ni la priorité des projets. Renationaliser EDF, est-ce vraiment urgent, ou ne vaudrait-il pas mieux mettre le paquet sur la création du service civique, la lutte contre la surcharge carcérale, ou le développement des énergies renouvelables pour rester dans le même secteur au lieu de claquer de l’argent dans un rachat d’action aux petits porteurs (qui ne sont pas tous des sales capitalistes de droite...) pour de simples raisons idéologiques ?

C’est un peu le défaut du projet, par moment il se résume à ’détricoter ce que la droite a fait’, sans vraiment aller trop loin sur des points précis. Tout ce qui fait débat (la réforme institutionnelle, la réforme fiscale, la réforme des retraites...) a été amputé, à peine évoqué sous la forme de ’concertation sociale’ (déjà qu’entre socialistes, on arrive pas à être d’accord, alors avec l’ensemble de la gauche et des syndicats, ça va pas être triste...).

Il est gentil et travailleur, Hollande, mais vraiment trop idéaliste et angélique à mon goût... J’ai l’impression qu’il se façonne cette image du gentil médiateur tandis que sa compagne se farcit l’image de la provocatrice de débats. Remarques, ce n’est pas une mauvaise stratégie en soi, mais ça déconcerte un peu les militants de base...


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