Commentaire de Koba
sur La fraude au RMI et aux Assedic depuis l'étranger


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Koba (---.---.177.134) 3 avril 2007 16:07

On le sait tous : les malheurs de ceux ayant des bas salaires et même de tous les salariés, ce sont les RMIstes, ces fainéants qui profitent de notre système social si généreux ! Quand des dirigeants de grandes entreprises se préparent des parachutes dorés de plusieurs centaines de milliers d’euros, quand les actionnaires de ces mêmes entreprises s’octroient d’importants dividendes sur les profits, quand certaines grandes fortunes fuient à l’étranger pour ne pas payer l’ISF, cela ne contribue en rien aux malheurs des salariés et autres travailleurs ayant des bas salaires, c’est sûr ! Effectivement, les RMIstes, il faudrait les mettre au boulot ou leur couper les vivres ! Mais au fond, qui sont ces RMIstes ? Ils sont divers et forment de nombreuses catégories et sous catégories différentes (chômeurs de longue durée ne percevant plus les indemnités chômages, jeunes diplômés de plus de 25 ans et à la recherche d’un premier emploi, SDF, etc.). Pourquoi ne travaillent-ils pas et le veulent-ils vraiment ? Certains ont travaillé, d’autres voudraient le faire, mais l’état actuel du marché du travail ne leur permet pas de pouvoir occuper un emploi en CDI qui soit décemment rémunéré : dans les conditions actuelles du marché du travail, mieux vaut en effet rester chez soi à toucher le RMI plutôt que d’aller travailler en intérim dans le bâtiment ou dans l’agriculture pour un salaire équivalent au SMIC. Bref, si l’on assurait des formes d’emploi non précaires avec des salaires viables dans les secteurs qui peinent à recruter, le nombre de RMIstes baisserait rapidement ! D’ici là, il est beaucoup plus facile pour de nombreux hommes politiques de cracher sur les RMIstes en les traitant de feignants et d’assistés, en généralisant ainsi à l’ensemble de la population des bénéficiaires du RMI la situation d’une partie d’entre eux qui effectivement ne veut pas ou plus travailler (souvent d’ailleurs plus par découragement ou par fatalité que par choix mûrement réfléchi). Le contrat d’insertion que doit signer tout RMIste n’est-il que purement formel ? Dans bien des cas, oui. Le RMIste signe un contrat d’insertion, puis il est accompagné par un référant qui bien souvent est lui-même un ancien chômeur ou même un ancien RMIste : l’objectif est de parvenir ainsi à la réinsertion sociale, voire professionnelle du RMIste, mais il est rarement atteint, faute de moyens et faute de réelle volonté politique ; bref, le RMIste a toutes les chances de rester RMIste : cela n’est pas dû à sa volonté, mais aux réalités économiques et politiques actuelles. Faudrait-il alors mettre les RMIstes au travail et leur couper les vivres en cas de refus ? On peut essayer de réactualiser les fameuses « poorhouses » anglaises du 19ème siècle et faire en sorte que les RMIstes aillent travailler pour « gagner » leur RMI, mais : 1) cela ne réglera nullement le problème du chômage et empêchera même de créer de vrais emplois (les tâches qui pourraient les concerner étant en effet assurées par les RMIstes) ; 2) cela nuira à la paix sociale en générant stigmatisations, frustrations, conflits et violences ; 3) cela ne changera rien au problème des gros profiteurs (voir ci-dessus : dirigeants d’entreprises véreux, gros actionnaires, stars du show-bizz et autres vedettes richissimes) qui profiteront toujours autant qu’avant et seront très heureux de voir les regards inquisiteurs des « travailleurs pauvres » et autres salariés orientés vers les RMIstes. Pour conclure, il faut finalement dire les choses comme elles sont : les hommes politiques ont besoin des RMIstes, car 1) sans le RMI, il y aurait beaucoup plus de pauvres en France, ce qui amènerait inévitablement à des conflits et nuirait à la paix sociale dans le pays et 2) la population des bénéficiaires des RMI constitue une cible facile qu’on peut accuser de bien des maux lors des périodes électorales ou lorsqu’il faut faire diversion et créer la division dans l’opinion publique face aux problèmes économiques et sociaux majeurs.


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