mercredi 29 avril 2020 - par rosemar

Comme s’ils venaient au monde...

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"La mer sans arrêt, Roulait ses galets... ", tout le monde connaît le début de cette célèbre chanson, interprétée et composée par Jean Ferrat, Deux enfants au soleil.

Poème d'amour et de liberté, ce texte mêle l'évocation de la mer à l'innocence de sentiments naissants qui réunissent deux adolescents... Dès les premiers mots, on croirait entendre le roulis des vagues sur la grève, grâce aux sonorités réitérées de gutturale "r".

L'emploi du pronom "ils", au pluriel, dès le premier couplet, donne une valeur générale au texte, les personnages n'étant pas nommés, ni caractérisés.

Le regard des deux amoureux qui se découvrent est souligné, à deux reprises, par un imparfait à valeur durative et itérative : "Ils se regardaient".

 

Le décor marin, qui sert de cadre à cette rencontre, est suggéré par quelques détails :"l'odeur des pins, du sable et du thym", belle harmonie de senteurs qui enivre les sens.

Ces parfums envahissent la plage, comme le montre l'emploi inversé du verbe "baigner", dans l'expression :"l'odeur qui baignait la plage."

Le décor et les personnages en viennent à se confondre : "Ils se regardaient, comme s'ils buvaient l'eau de leurs visages", belle image qui restitue cette fusion des deux amoureux et de la nature.

 

On assiste, alors, à une sorte de renaissance liée à la rencontre : "c'était comme si tout recommençait..."

L'innocence des deux jeunes gens est mise en valeur par l'emploi du verbe "trembler" qui traduit une émotion intense, celle du "miracle de l'amour".

Le terme religieux "miraculeux" associé au nom "voyage", montre toute la force de cet amour.

La "nuit" survenue saisit les deux personnages, et ils se laissent bercer par la mer... Le texte empreint de pudeur suggère, plus qu'il ne dit, et les deux amoureux se réveillent "comme s'ils venaient au monde Dans le premier matin du monde..."

Ces images, pleines de fraîcheur, soulignent une idée de renouveau et de renaissance, liée à l'amour.

 

Le refrain déroule, alors, à nouveau les galets de la plage et l'on voit les deux enfants "courir dans l'eau, les pieds nus", images de liberté et d'insouciance.

Des gestes tendres apparaissent : "ils se sont pris la main Et sans se défendre Sont tombés dans l'eau Comme deux oiseaux."

Cette comparaison avec deux oiseaux relie encore les deux personnages à la nature et ils semblent, ainsi, se fondre harmonieusement en elle...
Les sonorités de sifflantes "s" et de fricative "f", empreintes de douceur, suggèrent toute la tendresse et la simplicité de cette évocation.

"L'ombre des pins" semble, aussi, veiller sur les amoureux et les protéger.

Un baiser plein de fougue et de tendresse les réunit, dans ce décor idyllique, fait de liberté et de bonheur...

 

La mélodie tendre et lyrique s'amplifie avec l'évocation du renouveau et du "voyage miraculeux de l'amour."

Simplicité, bonheur des sens, harmonie, cette chanson de Jean Ferrat nous emmène dans un univers empli de pureté, d'innocence.

Ce poème restitue aussi une intimité : les deux amoureux sont comme isolés sur cette plage : le monde alentour disparaît ou se met à l'unisson des deux jeunes gens.

 

Les paroles de cette chanson, parue en 1961, ont été écrites par Claude Delécluse, parolière à qui on doit de nombeux textes interprétés par Jean Ferrat, Juliette Gréco, Isabelle Aubret, Léo Ferré, Fabienne Thibault et Hugues Aufray.

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2015/06/comme-s-ils-venaient-au-monde.html

 

Vidéo :

 
Photo : Christelle



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