dimanche 16 juin - par C’est Nabum

De Daudet à Pagnol

 

De l'eau à mon moulin.

 

S'il existe un moulin des Tacreniers sur la belle rivière Loiret, c'est en bord de Sarthe que mes histoires vont le temps d'une animation patrimoniale faire tourner la roue de mon moulin à paroles. Il ne s'agira pas de trier le bon grain de l'ivraie entre Alphonse et Marcel quoique les meuniers d'autrefois aimaient à porter un marcel et un bonnet mais tout simplement de restituer ce magnifique ouvrage sur la Sarthe dans sa fonction initiale.

Un moulin à tan se charge de broyer les écorces de chêne, de châtaigner ou de mimosa sous d'autres latitudes pour les transformer en poudre afin d'en tirer ce tanin qui fait l'alchimie de nos vins quand ils sont élevés en fût de chêne (et aussi de châtaignier). Les tacreniers étaient ces meuniers des écorces que Daudet n'a jamais évoqués.

Il est vrai que nous sommes là dans un artisanat qui n'avait rien d'agréable puisque les tanneurs prenaient le relais pour travailler les peaux. Les odeurs ne devaient pas manquer dans le secteur en dépit de la beauté sublime de ce magnifique moulin dont Pagnol fit sa demeure pendant plus de vingt ans en une époque où nul effluve ne venait interrompre sa villégiature.

Mais revenons à notre Tan qui fleure bon son origine gauloise puisque Tann chez nos ancêtres revendiqués signifie chêne vert. Le monument de Parcé quant à lui nommé Moulin d'Ignières pose une nouvelle énigme étymologique puisque du côté du latin nous trouvons l'origine Feu -Ignis- tandis que nos gaulois renvoient à une terre basse qui s’inonde facilement Igas.

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L'eau et le feu, la belle association que voilà qui a sans doute séduit Marcel qui tourna même son premier film en 1933 : « Le gendre de Monsieur Poirier ». Mais ne marchons pas sur les pieds des animateurs locaux qui raconteront bien mieux que moi l'histoire de ce moulin qui remonte au XVII° siècle. Il s'agit alors de suivre les traces d'Alphonse pour narrer les péripéties des moulins à eau dans l'imaginaire des contes.

Le meunier n'y joue pas souvent le beau rôle. Il a la fâcheuse tendance de s'endormir ce dont profite son épouse qui aime à courir le guilledou. Les histoires aiment à traîner ce pauvre meunier dans la farine tandis que lui poussent des cornes. Ce sera même l'origine légendaire de la ville de Moulins sur l'Allier avec les frasques de la belle meunière et de son galant Archambault VIII dans la forêt de Molardier. D'autres farces permettent au meunier de s'en sortir la tête haute en tournant en ridicule celui qui abusait de sa naïveté. C'est de cette farine que je ferai ma pâte lors de cette racontée sarthoise.

La Sarthe quant à elle porte la même histoire autour d'une navigation historique qui met en scène les mariniers, les passeurs, les pêcheurs, les laveuses, les charpentiers navals. Il n'est qu'à observer les toponymies pour trouver de quoi moudre son petit grain de folie. Plus loin dans le passé et l'imaginaire, les légendes ne font pas défaut. Cette fois la terrifiante bête qui hante les rives et la rivière se nomme la Velue tandis que la bonne fée de Montagis ou la vilaine sorcière d'Ernage lui disputent la vedette. Les dames blanches ne manquent pas pour au final retrouver tous les ingrédients qui alimentent nos récits.

Source guérisseuse, mystères insondables, revenants tourmenteurs ou demeures englouties, rien ne manque à l'appel tandis que l'imaginaire se heurte au manque d'imagination des historiens qui prétendent que Sarthe vient du latin Sable en négligeant une fois encore le gaulois qui renvoie à l'eau et aux marécages. Je laisserai ces querelles de doctes personnages pour suivre les traces de ces deux faiseurs d'histoires et à mon tour apporter un peu d'eau à ce beau moulin.

 

À L’occasion des Journées du patrimoine de pays et des moulins, l’association Parcé découverte et patrimoine vous propose diverses animations au moulin du bourg, en partenariat avec les propriétaires, Isabelle et Jean-François Monnet.

Nous accueillerons le Club photo du Bailleul qui proposera des photos sur le thème de l’eau.

Katy Barrault, céramiste parcéenne, exposera quelques œuvres.

À 16 h, le dimanche 23 juin, sur la plage Paul-Termeau, les Souffleurs de vent proposeront un spectacle de contes et de chants sur le thème de la rivière, des bateliers, des lavandières. Participation au chapeau.

Visite libre du moulin, ses ouvrages, ses grandes roues restaurées, son petit musée et ses expos.

Exposition des bois flottés du meunier.

Présence de la librairie l’Ancre des mots.

Vente de boissons assurée par l’association P.A.R.C.E et des glaces de Courbeton.



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