mardi 29 septembre 2009 - par jack mandon

La communication : jeux d’influence

Détournés intentionnellement de leur sens premier pour servir mon propos, les trois singes de la sagesse, ou les trois vérités, ont depuis des millénaires alimenté toutes les contradictions.

« Ne rien voir de mal, ne rien entendre de mal, ne rien dire de mal »


Par souci de chronologie, j’ai pensé illustrer et mettre en évidence cette symbolique aux origines de la nuit des temps. Sous l’angle bouddhique, le nirvana est assuré. Nous sommes protégés et dans la voie de la sagesse. Mais hors du contexte asiatique, il est naturel que l’on prenne le contre pieds. Loin d’une tradition, d’un enseignement, l’émotion à l’état brut agit, la peur viscérale remonte, la peur de la différence, la peur de ce l’on ignore, « ils sont effrayants ces singes » c’est alors la projection qui dessine son véto et impose son image.

C’est à la fois l’indice de l’expression de la liberté, mais aussi de son contraire. Nous restons fixés à notre sentence et demeurons sur notre position. C’est un choix. Nous cherchons alors un sens à la mesure de notre ouverture d’esprit et de notre sensibilité.

Ne rien voir, écouter les autres et en parler,

Entendre et voir des choses mais ne pas en parler

Voir des choses et en parler sans écouter l’autre...

etc, tout est possible, la liberté de penser et d’exprimer sont vertigineuses.

Le modèle asiatique archaïque déposé, puis transposé dans monde actuel, anticipé dans les deux prochaines décennies...et la chine devient la première puissance économique. Adressez vous aux sinologues, économistes, philosophes...Là ou jadis l’Europe échouât, en Afrique, la chine investit, prospecte, projette, organise, construit, s’installe.

« Ne rien voir de mal, ne rien entendre de mal, ne rien dire de mal »

Tel est le modèle conscient et inconscient du chinois moyen.

Une anti-communication, « pour rire jaune » et pour enfoncer le clou dans nos chairs sado-masochistes meurtries occidentales.

L’Amérique, et une partie de l’Europe, participent à une opération « bonnes intentions »

Nous désirons « imposer » une démocratie au pays des mille et une nuit, Babylone, notre Genèse, le pays du croissant fertile où naquit Abraham, père des judéo-chrétiens et des musulmans. Pays à l’intransigeante mémoire dictatoriale où sévissent les fantômes de Sadam-Saladin.

L’échec est une issue probable.

A quelque désert de là, en Afghanistan, même scénario, dans un pays médiéval, féodal, corrompu, un des greniers mondiaux de la drogue...

Dans ce lieu aux différences criantes, voire explosives, des militaires, les « justes » venus d’ailleurs, çà commence mal !

Des soldats disais-je, en tenue sophistiquée impressionnante, tout droit sortis d’un jeu vidéo...de Terminator peut-être ?... en face, et surtout, hélas, de tous les cotés, l’ennemi. Signes distinctifs, une espèce de « pyjama » de toile écrue, avec, et pour variante, sur, et autour de la tête, une galette brune cachotière, où le turban hermétique. Le tout souligné par une barbe prophétique et cabalistique. Voilà bien une communication « quelle » est mal engagée. Passé la mise en scène drôlesque, quant au fond, je ne ris plus !

Quel est le modèle de communication qui prévaut chez nous, judéo-chrétiens ?

Nous avons nous aussi de belles maximes.

« La communication est un pouvoir. Ceux qui en maîtrisent l’emploi peuvent modifier la notion qu’ils ont du monde et la notion que le monde a d’eux »

Ce n’est pas éloigné de celle préconisée par nos amis chinois d’antan. La différence vient de la formulation et surtout de la détermination du communicateur, de son rayonnement et de l’influence qu’il exerce sur « l’organe » récepteur.

Dans mon précédent papier « Le kaléidoscope facétieux, » nous avions les aveugles de service, pour la métaphore. Ils avaient des comportements autistiques, (mise en scène erronée). Dans la réalité, les aveugles utilisent naturellement des récepteurs très subtils. Ils évoluent quasiment dans le domaine des ultrasons et des infrasons. La pointe de l’histoire se situait pour moi, en partie, dans le domaine de la communication.

Le communicateur influant était le prince, par son statut mais aussi par son charisme, sa capacité d’écoute et son respect pour l’environnement social et humain.

Souvenez-vous, il se présente aux portes d’une ville inconnue, monté sur un royal animal. Il campe à l’extérieur de la ville, au pied des fortifications. Ce n’est pas un colonisateur, il n’a pas la prétention de représenter la culture et la civilisation. Ce sont même les habitants de la ville qui s’intéressent à son animal mystérieux. Ces mêmes habitants vont le solliciter pour résoudre un différent engendré par un problème de communication. ( c’est curieux comme l’histoire se répète, mais c’est étrange, les grandes personnes sont moins intelligentes que les enfants...les enfants des contes de fées, évidemment. !..quoique, l’enfance existe, mais elle est tellement éveillée, qu’elle vient de se mettre depuis peu sur ses pieds. Après, c’est trop tard !)

Il acceptera d’écouter respectueusement chacun des participants. A la description du modèle, l’éléphant, il répondra calmement et respectueusement à chacun des aveugles, d’une manière juste mais valorisante. Il développera une synthèse équilibrée et satisfaisante.

Il me prend à rêver à tout ce que je ne fais pas pour mieux communiquer, pour tendre vers ce modèle idéal d’échange. C’est tellement paisible.

Je pense alors à cette dernière parabole :

Un swami se promène avec ses trois disciples dans les jardins d’un ashram, voyant une limace qui dévore une salade, le premier disciple l’écrase du pied.

Le deuxième dit alors : « Maitre, n’est-ce pas un péché que d’écraser cette créature ?

Le maitre lui répond : « Tu as raison, mon fils. »

Mais elle mangeait notre nourriture, n’ai-je pas bien fait ?

Le maitre lui répond : « Tu as raison, mon fils. »

Le troisième dit alors :

Ils disent tous deux des choses contradictoires,

Ils ne peuvent avoir tous les deux raison ?

Et le maitre lui répond : « Tu as raison, mon fils »

« Ne rien voir de mal, ne rien entendre de mal, ne rien dire de mal »



9 réactions


  • Gül 29 septembre 2009 11:59

    Bonjour Jack smiley

    Vous m’avez extirpé un éclat de rire avec la morale de ce billet ! Je ne devrais pas mais c’est tellement juste cette histoire.

    Le mot qui me vient à l’esprit avec cette lecture c’est : « inextricable ».
    Tout est trop complexe pour qu’on puisse, ne serait-ce qu’apercevoir le début d’une solution à une meilleure communication...

    Il reste la tolérance et le respect appuyés d’une certaine fermeté malgré tout. C’est un pis aller mais c’est mieux que rien.

    Et à propos de ne rien voir, j’en profite pour vous dire que vous êtes un fieffé coquin cachotier et nous une bande d’imbéciles...aveugles ! smiley

    Je vous embrasse de même que la clé lumineuse qui embellit vos journées.


    • jack mandon jack mandon 29 septembre 2009 22:16

      @ Gül

      L’éclat de rire, c’est peut être la morale de l’histoire. L’humour préside à l’équilibre du corps et de l’esprit. Mieux, l’humour participe activement à la qualité de la communication.
      On observe que les fanatiques, les paranoïaques, les sadiques, les tyrans, pour faire court, les personnes profondément perturbées, ont très peu d’humour. Exceptionnellement, quand elle l’exprime, c’est assez hermétique. Si les autres en rient, c’est d’un rire jaune. C’est toujours un peu cynique.
       Imagine, en l’oubliant tout de suite, surtout à cette heure avancée de la soirée, l’humour de Sadam, Ben Laden, Hitler, Staline, Mussolini, Mao...personnellement, je me tord de rire...je me tord surtout !
      L’humour nous permet de prendre du recul dans toutes les situations, c’est une respiration de l’âme. Il possède un autre avantage, il nous éclaire sur nos limites et nous fait tendrement sourire sur l’inconfort d’autrui. D’autant que l’autre, c’est nous en miroir.

      Je me plais bien chez toi

      Bonsoir joyeuse petite soeur

      Jack

      Bisous joyeuse petite soeur


  • Gollum Gollum 29 septembre 2009 12:24

    Savoureuse l’histoire du Swami qui donne raison à tout le monde..


    Elle illustre le fait qu’il ne saurait y avoir de vérités relatives qui ne peuvent être remises en cause si l’on change de point de vue.. 
    Seule compte pour le Swami l’unique vérité absolue qui émerge lors de la Libération. 

    Mais nous autres occidentaux habitués à perpétuellement discutailler de tout et de rien et bien souvent de futilités, sommes assez éloignés de ce schéma de pensée, et c’est peut-être dommage..

    • jack mandon jack mandon 29 septembre 2009 22:27

      @ Gollum

      « Il ne saurait y avoir de vérités relatives qui ne peuvent être remises en cause si l’on change de point de vue. »
      Bien dit, on se croirait revenu à l’époque de Péricles, l’aspect le plus pur de la démocratie à l’antique. L’ombre de Socrate plane au-dessus de la place.

      Merci pour votre intervention, vous ne trouvez pas que l’on se bouscule sur ce site ?


  • jack mandon jack mandon 29 septembre 2009 13:36

    @ Aux justes pointilleux,

    Il est des moments où le différend orthographié correctement déculpabilise,
    même, et surtout en communication...enfin le différent se distingue tout de même. 


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 29 septembre 2009 14:06

    j’ aime bien quand le différent est un peu différend ,

    j’ aime encore plus quand le maître donne raison aux  trois disciples , c ’est d’ ailleurs pour celà qu’ il est le maître , il sait donner raison à chacun de ses interlocuteurs .


    L’ ABC du commerce .Le client a la parole , le commerçant l’ argent .

    Vous revenez quand vous voulez Jack , you are welcome .


  • jack mandon jack mandon 29 septembre 2009 22:40

    @ Haddock,

    Vous avez raison capitaine, en face d’un communicateur bienveillant nous aurions vous et moi l’occasion de nous sentir entendus et considérés.
    Pour quand la prochaine aventure dans les pays de notre enfance ?
    Ce château de Moulinsard nous pèse milles sabords !
    Qu’avez-vous fait du professeur Tournesol ? cet ectoplasme du savoir.

    Salut capitaine


  • Dora-Rafaella Dora-Rafaella 1er octobre 2009 09:42

    Bonjour Maître,
    J’ai juste une petite question, avez-vous des ascendants chimpanzés dans votre famille ? Ou plutôt, à quelle espèce de singe, précisemment, appartenez-vous ? J’ai du mal à distinguer vos oreilles sur la photo...
    Et surtout, est-ce que vous aimez les bananes ?
    Sourire,
    Votre coquine Amazone....


  • jack mandon jack mandon 1er octobre 2009 13:01

    @ Dora-Rafaëlla

    Une intruse, persane, je le suppose, car son regard est perçant...et fascinant.
    Je me calme et j’analyse.
    Dans un premier temps, je me sens protégé. Le comité des sages censeurs d’AGORA a parfaitement accompli son travail de filtrage. Ce n’est pas une vraie religieuse.
    Ses yeux sont orientés vers le haut et à gauche, c’est une« visuelle remémorée »
    Ce qui signifie qu’elle fait référence à une ou plusieurs situations vécues. Les couleurs, les formes et les perspectives ont marqué ses souvenirs de courtisane.
    En fait, je me le confie, il s’agit de Shéhérazade, l’héroïne des contes des mille et une nuit. Elle émerge, mutine, entre deux récits, pour me rappeler que les chimpanzés lui sont coutumiers, en particulier les bonobos, espèce freudienne qui se vautre dans le stupre.
    Mon Dieu comme ils ont de la chance ! pour la banane, ce n’est pas de la contrebande, tout est parfaitement en règle dans ce journal.


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