La communication : jeux d’influence
Détournés intentionnellement de leur sens premier pour servir mon propos, les trois singes de la sagesse, ou les trois vérités, ont depuis des millénaires alimenté toutes les contradictions.
« Ne rien voir de mal, ne rien entendre de mal, ne rien dire de mal »
Par souci de chronologie, j’ai pensé illustrer et mettre en évidence cette symbolique aux origines de la nuit des temps. Sous l’angle bouddhique, le nirvana est assuré. Nous sommes protégés et dans la voie de la sagesse. Mais hors du contexte asiatique, il est naturel que l’on prenne le contre pieds. Loin d’une tradition, d’un enseignement, l’émotion à l’état brut agit, la peur viscérale remonte, la peur de la différence, la peur de ce l’on ignore, « ils sont effrayants ces singes » c’est alors la projection qui dessine son véto et impose son image.
C’est à la fois l’indice de l’expression de la liberté, mais aussi de son contraire. Nous restons fixés à notre sentence et demeurons sur notre position. C’est un choix. Nous cherchons alors un sens à la mesure de notre ouverture d’esprit et de notre sensibilité.
Ne rien voir, écouter les autres et en parler,
Entendre et voir des choses mais ne pas en parler
Voir des choses et en parler sans écouter l’autre...
etc, tout est possible, la liberté de penser et d’exprimer sont vertigineuses.
Le modèle asiatique archaïque déposé, puis transposé dans monde actuel, anticipé dans les deux prochaines décennies...et la chine devient la première puissance économique. Adressez vous aux sinologues, économistes, philosophes...Là ou jadis l’Europe échouât, en Afrique, la chine investit, prospecte, projette, organise, construit, s’installe.
« Ne rien voir de mal, ne rien entendre de mal, ne rien dire de mal »
Tel est le modèle conscient et inconscient du chinois moyen.
Une anti-communication, « pour rire jaune » et pour enfoncer le clou dans nos chairs sado-masochistes meurtries occidentales.
L’Amérique, et une partie de l’Europe, participent à une opération « bonnes intentions »
Nous désirons « imposer » une démocratie au pays des mille et une nuit, Babylone, notre Genèse, le pays du croissant fertile où naquit Abraham, père des judéo-chrétiens et des musulmans. Pays à l’intransigeante mémoire dictatoriale où sévissent les fantômes de Sadam-Saladin.
L’échec est une issue probable.
A quelque désert de là, en Afghanistan, même scénario, dans un pays médiéval, féodal, corrompu, un des greniers mondiaux de la drogue...
Dans ce lieu aux différences criantes, voire explosives, des militaires, les « justes » venus d’ailleurs, çà commence mal !
Des soldats disais-je, en tenue sophistiquée impressionnante, tout droit sortis d’un jeu vidéo...de Terminator peut-être ?... en face, et surtout, hélas, de tous les cotés, l’ennemi. Signes distinctifs, une espèce de « pyjama » de toile écrue, avec, et pour variante, sur, et autour de la tête, une galette brune cachotière, où le turban hermétique. Le tout souligné par une barbe prophétique et cabalistique. Voilà bien une communication « quelle » est mal engagée. Passé la mise en scène drôlesque, quant au fond, je ne ris plus !
Quel est le modèle de communication qui prévaut chez nous, judéo-chrétiens ?
Nous avons nous aussi de belles maximes.
« La communication est un pouvoir. Ceux qui en maîtrisent l’emploi peuvent modifier la notion qu’ils ont du monde et la notion que le monde a d’eux »
Ce n’est pas éloigné de celle préconisée par nos amis chinois d’antan. La différence vient de la formulation et surtout de la détermination du communicateur, de son rayonnement et de l’influence qu’il exerce sur « l’organe » récepteur.
Dans mon précédent papier « Le kaléidoscope facétieux, » nous avions les aveugles de service, pour la métaphore. Ils avaient des comportements autistiques, (mise en scène erronée). Dans la réalité, les aveugles utilisent naturellement des récepteurs très subtils. Ils évoluent quasiment dans le domaine des ultrasons et des infrasons. La pointe de l’histoire se situait pour moi, en partie, dans le domaine de la communication.
Le communicateur influant était le prince, par son statut mais aussi par son charisme, sa capacité d’écoute et son respect pour l’environnement social et humain.
Souvenez-vous, il se présente aux portes d’une ville inconnue, monté sur un royal animal. Il campe à l’extérieur de la ville, au pied des fortifications. Ce n’est pas un colonisateur, il n’a pas la prétention de représenter la culture et la civilisation. Ce sont même les habitants de la ville qui s’intéressent à son animal mystérieux. Ces mêmes habitants vont le solliciter pour résoudre un différent engendré par un problème de communication. ( c’est curieux comme l’histoire se répète, mais c’est étrange, les grandes personnes sont moins intelligentes que les enfants...les enfants des contes de fées, évidemment. !..quoique, l’enfance existe, mais elle est tellement éveillée, qu’elle vient de se mettre depuis peu sur ses pieds. Après, c’est trop tard !)
Il acceptera d’écouter respectueusement chacun des participants. A la description du modèle, l’éléphant, il répondra calmement et respectueusement à chacun des aveugles, d’une manière juste mais valorisante. Il développera une synthèse équilibrée et satisfaisante.
Il me prend à rêver à tout ce que je ne fais pas pour mieux communiquer, pour tendre vers ce modèle idéal d’échange. C’est tellement paisible.
Je pense alors à cette dernière parabole :
Un swami se promène avec ses trois disciples dans les jardins d’un ashram, voyant une limace qui dévore une salade, le premier disciple l’écrase du pied.
Le deuxième dit alors : « Maitre, n’est-ce pas un péché que d’écraser cette créature ?
Le maitre lui répond : « Tu as raison, mon fils. »
Mais elle mangeait notre nourriture, n’ai-je pas bien fait ?
Le maitre lui répond : « Tu as raison, mon fils. »
Le troisième dit alors :
Ils disent tous deux des choses contradictoires,
Ils ne peuvent avoir tous les deux raison ?
Et le maitre lui répond : « Tu as raison, mon fils »
« Ne rien voir de mal, ne rien entendre de mal, ne rien dire de mal »