jeudi 31 mai 2018 - par rosemar

Le mystère des mots...

 

JPEG "On n’a pas évoqué une chose quand on l’a appelée par son nom. Les mots, les mots, on a beau les connaître depuis son enfance, on ne sait pas ce que c’est", a écrit Henri Barbusse, dans L’Enfer...

 

Les mots constituent un réseau, un monde complexe de significations diverses, de sons différents, d'échos, de résonnances, de musiques. Ils nous permettent de penser, de communiquer, de dire, d'exprimer tellement de nuances !

 

D'abord, ils mettent en jeu des sonorités plus ou moins douces, des voyelles plus ou moins aiguës. Les mots associés ne créent-ils pas une sorte d'harmonie musicale ? On peut, grâce à eux, entendre la violence terrifiante et terrible d'un combat, la douceur apaisée d'un soir d'automne, un moment de mélancolie alanguie.

 

On peut entendre un cri de douleur : "Ah longues nuits d'hiver de ma vie bourrelles/ Donnez moi patience et me laissez dormir !", écrit Ronsard, dans un de ses derniers poèmes, où il évoque ses souffrances, ses nuits d'insomnie.

 

Les mots chantent, crient, parlent, racontent : ils ont parfois plusieurs sens : la "grève" nous fait voir une plage qui se déroule à l'infini, ce même mot nous fait entendre des ouvriers en colère qui manifestent, qui hurlent, qui défendent leurs droits.

 

Le nom commun "pompe" désigne tantôt le faste, la magnificence, tantôt un appareil qui sert à pomper de l'eau, il peut, même, évoquer familièrement une paire de chaussures.

 

Certains termes ont un sens péjoratif, d'autres une connotation élogieuse et valorisante : un "bellâtre", une "pécore" nous sont peu sympathiques. D'autres sont dotés de suffixes à valeur affectueuse : une "fillette", une "maisonnette".

 

Les mots peuvent se combiner entre eux : véritables carambolages de mots ! Le verbe "écrabouiller" est bien la contraction de deux vocables : "écraser et bouillie".

 

Les mots comportent aussi de nombreuses connotations par association d'idées : la mer évoque l'immensité, le voyage, la liberté, le mouvement, l'évasion.

 

Les mots forment des ensembles, des familles indissociables : clamer, clameur, acclamer, déclamer, s’exclamer, proclamer, réclamer...Clara, clarifier, clarinette, Clarisse, clarté, déclarer...

 

Les mots possèdent une histoire, leur sens évolue, dérive, se modifie à travers le temps.... 

Le nom embonpoint désignait, autrefois, l' état où se trouve une personne qui est "en bon point", c'est à dire en bonne santé.


Le terme enthousiasme évoquait le fait d'être habité par une divinité, théos, en grec, c'était anciennement une "fureur prophétique ou poétique qui transporte l'esprit, et qui lui fait dire des choses surprenantes et extraordinaires."
L'adjectif superbe se disait aussi de"celui qui est orgueilleux, qui a de la présomption, une trop bonne opinion de lui-même."
 
Que de mystères dans les mots ! Que d'énigmes à découvrir, tant leur richesse est infinie !

JPEG
 

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/article-le-mystere-des-mots-123297412.html

 



12 réactions


  • Étirév 31 mai 2018 17:05

    La première écriture, la proto-graphie, fut universelle comme la première langue fut universelle.

    Tous les vestiges archaïques se ressemblent.

    L’écriture fut d’abord formée de signes idéographiques.

    Il est si naturel que l’écriture ait été, au début, la représentation d’une idée par un dessin, d’un objet par l’image de l’objet, qu’on ne conçoit même pas que cela ait pu commencer autrement.

    D’autant plus que ce système d’écriture existe encore dans certains pays, notamment en Chine.

    Mais il restait à savoir comment l’écriture idéographique est devenue alphabétique.

    Une des choses qui ont le plus frappé les premiers humains, c’est la différence des sexes. Il est bien certain qu’ils ont représenté le garçon par le signe « I » et la fille par le signe « O » ; et ces deux signes primordiaux qui ont servi à désigner le masculin et le féminin sont l’origine des lettres ; ils sont arrivés, en se modifiant de différentes manières, à former l’alphabet. Les lettres sont faites de « I » et de « O » combinés.

    Le système d’écriture ionien, en les combinant de 25 manières, en forma un alphabet, le même dont nous nous servons.

    Quand la pudeur sera née, beaucoup plus tard, on dira que ces deux signes représentent une baguette et une bague.

    On les retrouve partout sous cette idée nouvelle et ils deviennent des symboles.

    Le système du symbole féminin (la bague) se développe puissamment en Europe.

    Annules (anneau) est un mot dérivé du nom d’une grande Déesse  : Ennia.

    Sortija (en espagnol) signifie sortilège des magiciennes. Ring (en anglais) vient de Rhénus, le pays où naquit la civilisation gynécocratique.

    La bague servira à sceller les décrets (ceux du pontife Janus, diront les auteurs masculins).

    Dans certaines langues, comme l’hébreu, le « I », devenu le « Y o d », servira à représenter le sexe masculin.

    C’est cette lettre « I » qui sera représentée plus tard par les Obélisques, alors que le «  O » sera représenté par les arcs de triomphe.

    Oros, la lumière en hébreu, Horus en égyptien, le fils d’Isis, dans le Tarot les or sont les symboles de l’Esprit féminin.

    En Asie, on relia ces deux signes « I » et « O » par un trait, un lien, mettant d’un côté la pointe de « I », de l’autre l’anneau. Ainsi rattachés, cela forma une flèche effilée par un bout, et arrondie par l’autre en forme d’anneau.

    Ces flèches se disaient en saxon Log, d’où dérive le mot pélasgique Logos.

    Le système d’écriture assyrienne se fonda sur ces signes.

    Faits et temps oubliés

    Cordialement.


    • rosemar rosemar 31 mai 2018 22:51

      @Étirév

      L’origine du langage, des lettres : un sujet passionnant, aussi.

      MERCI pour ces réflexions.

  • Clark Kent Clark Kent 31 mai 2018 17:15

    Tiens ! Encore avant que je rentre chez moi :  la mode « rasta » utilise un mot dérivé de l’arabe « ras », équivalent de « chef », et n’est pas du tout un diminutif de rastaquouère, mot emprunté à l’argentin « arrastacuero », un métèque à la moralité suspecte.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 31 mai 2018 17:17

    Et la « fraise » qui permettait aux aristocrates de se hausser du col. Une croyance répandue veut que cette expression viendrait de ces collerettes plissées appelées fraises que portaient les hommes et les femmes des XVIe et XVIIe siècle. En effet, ces personnes lorsqu’elles étaient âgées et tremblantes pouvaient répandre dessus ce qui leur servait à se poudrer le visage et qui ressemblait à du sucre en poudre très fin.


  • Henry Canant Henry Canant 31 mai 2018 18:26

    Rosemar,


    Quel est le dico étymologique que tu as utilisé pour ton article ?

    Il aurait été normal que tu nous fasses partager la source.

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 31 mai 2018 18:34

    C’est justment notre curiosité qui nous attire vers le dictionnaire éty« mot »logique. Question de remonter aux arbres et d’y cueillir les noix qui ne tombent pas toutes seules cuites dans la bouche et en plus il faut un marteau et un tourne-vis pour les ouvrir. Seul Un autiste est à même de réciter le dictionnaire étymologique par coeur. Et d’ailleurs, pourquoi copié-collé et pas copier-coller. au moins Rosemar fait des recherches et vous les offre. Vous vous bouffez votre hamburger devant l’ordi en pétant sur un coussin. On voit le genre. https://www.google.be/search?q=Bidochon&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwjfv9S1sLDbAhXDYJoKHYf3ADAQ_AUICigB&biw=1164&bih=614#imgrc=XKT9dzbWp_kx_M :


    • rosemar rosemar 31 mai 2018 19:21

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      La curiosité,oui, nous invite à aller à la découverte des mots : et on a parfois des surprises...

    • aimable 1er juin 2018 01:20

      @rosemar
      le pour désigner un homme me parais logique ainsi que le pour la femme c’était déjà très imagé , une vraie découverte pour nous , de découvrir comment l’alphabet a commencé smiley


  • gueule de bois 31 mai 2018 20:31

    Et pas un mot sur les gros mots ?


Réagir