vendredi 24 mai - par rosemar

Un spectacle burlesque dans un cadre champêtre : les Jardins de la Fontaine...

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Un spectacle burlesque en déambulation dans un cadre champêtre et prestigieux : les Jardins de la Fontaine à Nîmes, l'occasion de découvrir aussi ce lieu chargé d'Histoire, le canal, la source, le temple de Diane... un spectacle savoureux qui mêlait humour et culture... 

Ce spectacle a été présenté lors des Journées Romaines de Nîmes... par la Compagnie Art Scène Lutin.

Dans l'allée principale des Jardins, cette farce intitulée TRAHISON s'ouvrait sur un contrôle d'identité à la romaine : la Police Prétorienne interpelle une femme qui, apeurée, décline péniblement son identité : "Je m'appelle Polyvalencia, je suis guide touristique..." un contrôle suivi d'un "alcooletum testum".

Une scène amusante où l'un des policiers se révèle lui-même positif à ce test d'alcoolémie, un procédé comique : un renversement de situation... qui provoque les rires des acteurs et du public...

 

Arrive alors un autre personnage, un Romain qui se présente : "Mythomarcius Balivernus, narrateur et grand historien de Rome..." On sourit, bien sûr, de ce nom parodique à souhait...

Balivernus présente aussi sa complice : "Polyvalencia, issue des tribus ibériques de barbares, comme on dit...", appellation aussitôt contestée par l'intéressée.

"Je suis venu pour vous dire que rien ne va plus dans notre Rome tant aimée. Des Romains haut placés complotent dans l'ombre et rien ne va plus", poursuit Balivernus.

"Tout a commencé en l'an 8 après JC", précise Polyvalencia. "Et on va vous narrer toute la petite histoire qui a fait que c'est devenu la grande et qui a fait que c'est devenu le déclin de l'Empire."

Et Balivernus ajoute :"Alors, il y a des espions partout, nous sommes sur le qui vive, alors moi, Balivernus, je vais vous donner un secret pour ne jamais être contrôlé par la garde prétorienne. Dès que vous avez le soupçon sur qui que ce soit, il vous suffit de faire ce que l'on appelle : "l'extase."

Comique de gestes à l'appui : pied droit en avant, bras ouverts, buste penché en arrière, tout cela souligné par un "ooooh !" prolongé...

La foule participe au spectacle et se prête aussi au jeu de l'extase...

 

Le spectacle se poursuit dans un autre lieu des Jardins : près du canal que nous présente Balivernus :

"Vous êtes ici devant ce que l'on appelle non pas des bains, non pas un bassin, mais une chose extrêmement importante : le canal qui va amener les eaux jusqu'à la ville de Nemausus. Pourquoi il est intéressant de s'arrêter ici ? Le canal alimente des fontaines, des abreuvoirs, etc. Mais je dois vous révéler une chose : nous avons réglé un petit problème qui prenait beaucoup d'ampleur... figurez-vous que le canal, on l'a submergé, car on pouvait marcher entre les arcades et s'y promener. Et voyant cela, nous avons mis des poissons, et pour éviter que les gens ne s'y promènent, ce sont des piranhas... le moindre petit doigt, le moindre pied qui s'aventureraient dans le canal seraient immédiatement dévorés... alors, vous allez me dire : "Pourquoi vous avez fait ça ?" Eh bien, c'est assez simple : la jeunesse de Nemausus, pleine de vigueur, pleine d'amour, venait le soir, à la nuit tombée, se promener en dessous, ils amenaient de la nourriture, ils amenaient du vin, ils s'enivraient, on pouvait dire que c'étaient les premières boîtes de nuit, et ça faisait du bruit !

Et donc, ce canal est situé en contrebas de la colline d'en face et, quand les jeunes se donnaient rendez-vous, ils disaient : "On se retrouve ce soir au canal, on se retrouve ce soir au BAS CANAL" aux Bacchanales, vous savez ce que c'est que les Bacchanales ? C'est un lieu de perdition, où on boit, où on mange... les enfants, bouchez-vous les oreilles ! Et il y a également des hommes nus."

"Où ça ?" demande, intéressée, Polyvalencia.

"Et aussi des femmes nues et ça batifole, et ça batifole, d'où l'expression, grâce au canal des Jardins de la Fontaine de Nemausus : "Allons faire une bas canale, bacchanale"...

Voilà une étymologie originale, étonnante qui provoque le rire des spectateurs...

 

Nouvelle scène, cette fois devant le temple de Diane...

"La plupart d'entre vous pensent qu'ici c'est le temple de Diane, c'est normal, c'est écrit sur les prospectus, partout... mais que nenni, pas du tout ! car c'est un Augusteum, un hommage à Auguste, nous, on va dire que c'est un Augusteum..." explique alors Polyvalencia.

"Tu as tout à fait raison, Polyvalencia... nous allons descendre... en bande organisée." poursuit Balivernus.

Rires de la foule devant cette expression empruntée au droit, en complet décalage avec le contexte...

"Alors, comme vous le disait Polyvalencia, ce ne peut pas être le temple de Diane, je vous rappelle que maintenant nous sommes en l'an 9 après JC, et là ce ne peut être qu'un Augusteum, car je connais personnellement l'empereur Auguste, premier empereur de Rome ! Et quand il est venu ici en villégiature, de passage, il m'a dit : "Balivernus, sois la mémoire de mon passage à Nemausus et fais donner en mon honneur une cérémonie de façon à ce qu'ils s'en souviennent toujours. Nous sommes arrivés à la date fatidique, ça se produit tous les 200 ans, c'est pour vous dire que vous avez beaucoup de chance !"

S'ensuit une cérémonie avec fumées, danses des Vestales transformées pour la circonstance en pom-pom girls, battement de tambour...

Balivernus mène la cérémonie : "Oh grand Augustus, tus, tus ! Là, je fais l'écho, parce que je vous explique : avant, il y avait des murs, et malheureusement, après un terrible incendie, tout s'est écroulé, mais avant, ça résonnait fort, très fort ! Donc vous allez faire aussi l'écho avec moi."

Et le public participe à la création de l'écho : 

"Oh grand Augustus !" TUS, TUS, crie la foule. Premier empereur des Romains, MAIN, MAIN ! Prends nos enfants par la main, MAIN, MAIN ! Pour les emmener vers demain, MAIN, MAIN !

Et la scène s'achève avec une version parodique et décalée de la chanson d'Yves Duteil : Prendre un enfant par la main, entonnée par la foule et avec une séance d'extase...

Plus loin, Balivernus remonte le temps et fait un cours d'histoire sur Jules César qui n'a jamais été empereur, il a été gouverneur de Rome, grand commandant en chef de toutes les armées, avec des pouvoirs économiques, politiques. Et Balivernus évoque, de manière pittoresque, le complot fomenté par Brutus pour assassiner César.

Dernière volonté de César : "Je veux que celui qui me remplace s'appelle Octave..." Octave qui deviendra Auguste, premier empereur de Rome.

 

Nouveau tableau devant la source de Nemausus, dieu celte qui a donné son nom à la ville : "Les celtes ont ont été les premiers à venir s'installer ici", explique Polyvalencia...

"Ils sont venus pas par hasard mais parce qu'il y a des résurgences d'eau de pluie qui s'infiltrent dans le sol et qui font qu'ils avaient de l'eau..."

Et Balivernus en vient à raconter sa rencontre avec les nymphes de la source, un soir de pleine lune :

"Derrière moi, sur le côté, j'entends : "Balivernus ! Balivernus !" Je me retourne, un peu interloqué, qui m'appelle ? Et j'entends une autre voix : "Balivernus ! Comme tu es beau !" Et une troisième voix : "Balivernus ! Balivernus ! On t'aime !"

Je me retourne et je regarde et qu'est-ce que je vois ? A la surface de l'eau, trois nymphes... et je dis : "Mais que faites vous là ?" 

"Mais c'est parce qu'on voulait te voir et l'une d'entre nous voulait te faire un cadeau..."

"Ces nymphes s'appellent Oxygénia, Métania, Azotia...

Mais elles souffrent d'un problème, nous dit Balivernus : elles font de l'aérophagie, et ces trois nymphes pètent dans l'eau, et si vous voyez des bulles revenir à la surface, c'est qu'elles sont là.

Et Oxygénia est la fille de Chronos et là elle me dit : "Tiens Balivernus, ceci est un de mes présents. C'est mon père qui l'a fabriqué... cette chose que j'ai dans la main me permet d'arrêter le temps, quand je le veux, je peux le bloquer, le débloquer, le rebloquer, le débloquer, le faire repartir en arrière, en avant. Je vous en ferai la démonstration dans quelques secondes..."

 

La scène finale se déroule devant le grand mur des Jardins : le couple Germanicus, Agrippine s'apprête à recevoir des invités : un autre couple, Arminius, (conseiller du gouverneur Varus, ambassadeur de Rome après des tribus barbares germaniques) et sa femme Thusnelda.

 

Agrippine et Germanicus sont vraiment d'origine romaine, alors que Thusnelda et Arminius sont, eux, des barbares, des Germains qui ont été élevés tout petits par Rome et ils vont commencer à vouloir trahir Rome.

Les deux couples se querellent et décident de régler leur différent dans une partie de "chifoumium" ! La partie est remportée par Agrippine et Germanicus, ce qui provoque la colère d'Arminius et de Thusnelda qui s'en vont dépités. Ils vont remonter sur le front de l'est pour fomenter un complot...

 

Bien que le spectacle soit éminemment comique (avec nombre de procédés : comique de gestes, de situation, de mots, de caractère, de répétition, grossissements burlesques), il est émaillé de faits réels qui ont constitué l'histoire de Rome : le sanctuaire dédié au dieu celte Nemausus, près de la source, intégré ensuite par les Romains dans l'Augusteum, lieu de culte dédié à l'empereur Auguste, premier empereur de Rome.

Le temple de Diane s'inscrit dans ce sanctuaire mais sa fonction première est discutée. Son plan basilical exclut le fait qu'il s'agisse d'un temple romain et le terme "de Diane" ne s'appuie sur aucune donnée archéologique ou historique connue à ce jour. On date bien l'édifice de l'époque d'Auguste.

Autre fait historique réel : l'assassinat de César par Brutus.

La trahison d'Arminius, chef d'origine chérusque a valu à Rome une de ses plus cuisantes défaites lors de la bataille de Teutobourg, en l'an 9 après J.C.

Enfin, les noms pittoresques de tribus germaniques cités dans la dernière scène sont bien réels : les Chauques, les Chérusques, les Chattes, les Angrivariens, les Usipètes, les Bructères.

 

Merci à tous les acteurs de la troupe pour ce bon moment passé en leur Compagnie dans ce lieu mythique : Les Jardins de la Fontaine à Nîmes...

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2024/05/un-spectacle-burlesque-dans-un-lieu-champetre-les-jardins-de-la-fontaine.html

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Teutobourg

 

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