samedi 15 octobre 2022 - par C’est Nabum

Vitalité Rurale

 

La force de la vie culturelle

 

Sans en perdre mon latin, je m'interroge sur ce qui peut distinguer ce qui est Vital à la campagne en opposition à la vie trépidante et somme toute assez triste de la grande ville. D'autres, au lieu de se gratter la tête, ont tout simplement pris le taureau par les cornes – ce qui eut été problématique au cœur de la cité – pour apporter la culture là où l'État et le désastre économique ferment tout ce qui peut faire encore lien.

La vitalité par le beau, le créatif, le convivial, le festif, le distrayant. Il ne fallait pas être grand clerc pour y songer mais plus sûrement un ermite, égaré dans son refuge, oublié de beaucoup et désireux de rebondir tout en donnant un élan à cette campagne qu'il chérit tant. Il est vrai que fixer attentivement le décor derrière un œilleton aiguise la passion et donne des ailes de colibri.

La Vitalité sera rurale ou ne sera pas dans l'esprit enfiévré de celui qui entend déplacer des montagnes dans notre territoire désespérément plat. Qu'à cela ne tienne, les obstacles ne manquent pas qui se dressent sur tous les chemins de ceux qui entendent ne pas subir le dictat du pragmatisme économique, de la grande concentration, de la facilité et de la médiocrité qui déplace les foules.

Le plus redoutable obstacle, paradoxalement, provient de ceux-là même qui râleront en prétendant qu'il ne se passe rien dans leur coin, qu'ils sont les exclus de la culture, les oubliés des évènements de toute nature. Ils s'indignent de ne profiter de rien, d'être quantité négligeable et quand un spectacle, une animation, une exposition vient frapper à leur porte, ils trouvent prétexte pour ne pas s'y rendre.

Ils ont beau jeu d'affirmer qu'ils n'étaient pas au courant. C'est si facile de passer à côté des affiches sans les lire, de parcourir le journal d'un œil amnésique, de se couper des communiqués de sa commune. Il suffit de prétendre être débordé, de n'avoir pas pris le temps, d'affirmer que la communication avait été certainement mal faite, pour se dédouaner d'une petite visite, d'un brin de curiosité ou d'une participation active.

Il est vrai qu'à la maison, il y a bien mieux, plus facile et surtout bien plus connu. Sur l'écran magique d'une lucarne à blaireau, les grandes vedettes internationales viennent sans leurs gros sabots jusque dans leur salon. Alors, pensez donc, pour se déplacer pour des inconnus qui ont l'outrecuidance de venir s'imposer alors qu'ils ne sont pas d'ici ?

Ces gens s'imaginent sans doute qu'il y a la possibilité de faire venir à deux pas de chez eux, les idoles de pacotille de leur miroir aux paillettes. Et si par hasard, le monde de la culture de masse ne les touche nullement, les séries et les films à la maison, feront largement l'affaire pour justifier leur apathie, leur absence et leur ablation de la curiosité.

La Vitalité en prend un coup. Le public est maigre, les efforts ne sont pas récompensés même si ceux qui sont venus se félicitent d'avoir franchi le pas. Comment remuer ceux qui restent agrippés à leur canapé, à leurs certitudes, à leur confort, à leurs goûts façonnés par un consumérisme culturel qui ne fait aucune place à la création locale ou de proximité ?

Les deux instigateurs, organisateurs poursuivent inlassablement leur mission, oubliant les désillusions, les coups d'épée dans l'eau, les opérations déficitaires. Ils se veulent les preux chevaliers de la Ruralité, ils se refusent de plier devant cette réalité poisseuse d'une nation qui a subi avec une rare efficacité le rouleau compresseur du formatage intellectuel. Ils reprennent inlassablement l'un son œilleton, l'autre ses pinceaux et tous deux leur bâton de saltimbanque des villages pour proposer une nouvelle animation, un autre événement selon ce terme désolant d'une modernité vide de sens. La bataille du sens, c'est lui et elle qui la livrent. Sortez donc le nez de votre écran et allez à leur rencontre et à celle de ceux qu’ils font venir tout près de chez vous.

À contre-tendance.

Merci vous deux ...



11 réactions


  • Clocel Clocel 15 octobre 2022 09:18

    Qu’est-ce qui vous choque Nabum ?

    Les ruraux sont moins « addicts » à la société de spectacle ?

    C’est plutôt une bonne nouvelle, non ? Ça sent le bon équilibre.

    Ça veut dire qu’ils ont le nécessaire et le superflu disponible dans leur environnement immédiat et qu’ils n’ont pas envie d’aller s’emmerder dans les raouts commerciaux planqués derrière des vernis culturels.

    Laissez-donc les dérivatifs concentrationnaires à ceux qui ont choisi de vivre dans la ruche ou la termitière et qui ont besoin de se jouer la grande scène des loisirs salvateurs.


    • Clark Kent Clark Kent 15 octobre 2022 09:28

      @Clocel

      Je voudrais bien te croire, mais j’habite dans un village, et la fille de mes voisins a gagné en finale de « n’oubliez pas les paroles ». Elle et sa mère passent leur vie devant la télé pendant que le mari/père va bosser au supermarché le plus proche (15km) comme remplisseur de rayons. Il ramène des plats préparés pour bouffer sur un plateau devant la télé. Les champs autour, tous remembrés, sont cultivés par des techniciens agricoles salariés par le GAEC qui a le monopole.


    • Clocel Clocel 15 octobre 2022 09:43

      @Clark Kent

      A la campagne, tu pars avec une page blanche, à toi d’écrire ton histoire, réduire ses besoins au maximum pour s’éviter le tapin quotidien, produire ce qui peut être produit sur place, échanger et vivre en bonne harmonie avec le voisinage, quelques bouquins, du réseau si possible, et anda, ta vie est remplie, même une TV ne trouve plus sa place.


    • C'est Nabum C’est Nabum 15 octobre 2022 18:41

      @Clocel

      Ce qui m’exaspère c’est que les bonnes volontés, les organisateurs, les bénévoles se fracassent à un mur d’indifférence


  • Clark Kent Clark Kent 15 octobre 2022 09:21

    La vie « culturelle » des villages a disparu des campagnes comme les petits commerces ont disparu des centres des bourgs ?

    C’est difficile de ramer à contre-courant. Bon courage, sincèrement car, sans les initiatives de gens têtus comme vous, la campagne ne sera bientôt plus peuplée que de « jardiniers du paysage » salariés par les parcs régionaux et de vacanciers pendant les congés scolaires.

    Même les gîtes et leurs propriétaires ancrés dans le terroir local ont tendance à céder la place à Airbnb et des « hôtes » intérimaires. L’environnement n’est plus qu’un décor aseptisé qui ne doit plus sentir le fumier ni être perturbé le matin pat le chant des coqs. Et quand il neige l’hiver, il faut que ce soit partout, sauf sur la route.


  • juluch juluch 15 octobre 2022 13:39

    Dans mon coin là bas dans l’Hérault il y a pas mal de spectacles, de visites pour les petits et les grands....bien achalandé.


  • titi titi 15 octobre 2022 16:17

    @L’auteur

    "’est si facile de passer à côté des affiches sans les lire, de parcourir le journal d’un œil amnésique, de se couper des communiqués de sa commune.

    « 

    Malheureusement, il faut bien avoué que la »communication« et le »marketing", c’est un vrai métier.
     
    Qui lit le journal ? Qui consulte les communiqués de sa commune ?
    Si votre objectif était d’attirer des jeunes, vous vous êtes trompé de méthode.


  • zygzornifle zygzornifle 17 octobre 2022 08:45

    Vitalité ou vite alité ?


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