jeudi 16 juillet 2009 - par Sandra.M

A ne pas manquer : « Harry Potter et le Prince de sang-mêlé » de David Yates

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Afin de ne pas heurter la sensibilité des « HarryPottermaniaques » je précise au préalable que je ne suis pas une lectrice de J. Rowling et que je n’ai commencé à suivre l’adaptation cinématographique de la saga qu’à partir de l’opus n°3. Et même si dans le 5 (« Harry Potter et l’ordre du Phénix », déjà réalisé par David Yates) l’ennui l’avait emporté, c’est néanmoins avec plaisir que je me suis rendue à l’unique projection presse organisée par la Warner, hier, avide d’évasion d’un Paris grisâtre et désenchanté, fût-ce pour un Poudlard désormais menacé par des forces démoniaques. Un opus très attendu par les fans d’autant plus que la sortie a été retardée de six mois, et que le livre dont il est adapté est un des plus riches contenant pas moins de 700 pages.

 

L’étau démoniaque de Voldemort se resserre ainsi sur l’univers des Moldus et le monde de la Sorcellerie. Poudlard a cessé d’être un havre de paix, le danger rode au cœur du château… mais Dumbledore (Michael Gambon) est plus décidé que jamais à préparer Harry Potter (Daniel Radcliffe) à son combat final, désormais imminent. Ensemble, le vieux maître et le jeune sorcier vont tenter de percer à jour les défenses de Voldemort. Mais à Poudlard d’autres préoccupations occupent également les esprits : Harry Potter est ainsi de plus en plus attiré par Ginny (Bonnie Wright) qui ne laisse pas indifférent son rival, Dean Thomas tandis que Lavande Brown (Jessie Cave) a jeté son dévolu sur Ron (Rupert Grint) alors que Hermione (Emma Watson) est rongé par la jalousie.

 

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C’est dans un Londres sous un ciel brumeux (qui a dit pléonasme ?) et colérique, sombre et inquiétant, attaqué par les disciples de Voldemort, que débute ce 6ème opus. L’impression est vertigineuse et nous fait immédiatement décoller de la réalité pour nous faire plonger de plein pied (ou balai) dans l’univers ensorcelé et ensorcelant d’Harry Potter qui, s’il nous est devenu familier, n’exerce pas moins une fascination aux réminiscences délicieusement enfantines sur les esprits les plus cartésiens.

 

Quelles que soient mes réserves émises ultérieurement, je confesse une totale immersion (ce qui me concernant est une véritable gageure sachant que je suis notamment réfractaire au cinéma d’animation), un jouissif oubli de la réalité et des 2H32 passées sans que je m’en aperçoive, les trouvant même trop courtes.

 

Ce scénario signé Steve Kloves, également scénariste des 4 premiers (et non du 5ème, ce qui explique peut-être sa qualité moindre) dose astucieusement le passé et le présent, les scènes d’une atmosphère ténébreuse et la comédie et même la comédie romantique pour au final donner cette potion magique malgré une relative vacuité de l’enjeu si ce n’est celui de nous faire patienter avant les ultimes épisodes. (En réalité un film en 2 parties : « Harry Potter et les reliques de la mort » dont la première partie sortira en novembre 2010, et la seconde à l’été 2011, deux parties également réalisées par David Yates).

 

La fin n’est ainsi pas à la hauteur du rythme trépidant et haletant, et n’a finalement d’autre but que de susciter l’attente avant les deux derniers épisodes, le vrai climax et la réelle confrontation que cet opus nous laissait espérer pour son dénouement, d’où un sentiment d’insatisfaction et d’avoir admirablement été menée en bateau (et à la baguette, au sens concret, cela va de soi) et de nous laisser sur notre faim.

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harrypotter5.jpgEn même temps que Harry Potter, Daniel Radcliffe a grandi et son jeu s’est affiné. Les personnages ont aussi gagné en ambivalence. La frontière entre le bien et le mal est de plus en plus floue, de même que celle entre l’enfance et l’âge adulte, la fin de l’innocence que vivent les élèves de Poudlard étant aussi celle d’un monde de plus en plus menacé. A l’inverse, Drago ( Tom Felton) , derrière son insolence et son arrogance laisse transparaître sa fragilité et sa vulnérabilité, donnant aussi une impression de manque d’épaisseur à son personnage et accessoirement (et un court instant) aux scènes dans lesquelles il apparaît. Un nouveau personnage, réjouissant, fait également ici son apparition sous les traits du professeur Slunghorn (Jim Broadbent) , dandy excentrique et snob. Le Professeur Rogue (Alan Rickman) , toujours aussi énigmatique, fait planer une menace constante et délectable.

 

 Certaines scènes sont lyriques, époustouflantes, voire mystiques à souhait, la scène de la grotte (que je vous laisse découvrir) faisant songer aux « Dix commandements ».

 

 La photographie joue savamment de l’ombre et la lumière, à l’image de l’ambivalence grandissante des personnages, une photographie signée Bruno Delbonnel (« Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain », « Un long dimanche de fiançailles »).

 

Maintenant que vous êtes prévenus de cette (petite) réserve quant à la fin, je peux vous recommander ce divertissement de très grande qualité pour sa potion magique constituée d’un savant mélange d’humour et de noirceur qui remplit pleinement son rôle à savoir nous faire oublier la réalité, le temps qui passe, (et l’enjeu ou son absence mais qu’importe) . Ne vous privez surtout pas de cette délicieuse sensation d’être immergés dans un ailleurs irréel devenu probable par la magie. De Poudlard. Et surtout… du cinéma.

 

A noter : dès le 15 juillet (date de sortie du film en salles), il sera projeté en IMAX au Gaumont Disney Village, l’unique salle IMAX 3D de France permettant ainsi de profiter de l’incomparable qualité de l’image et du son de l’IMAX Expérience. Les 12 premières minutes bénéficient ainsi de la technologie IMAX 3D.

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14 réactions


  • Surya Surya 16 juillet 2009 12:10

    Pottermaniaque moi même, je ne saurais trop vous recommander de lire les livres de Rowling, pas toujours de grands chefs d’oeuvre littéraires, mais bourrés d’humour, d’imagination et de fantaisie, et chaque tome à sa personnalité. Vous devriez vraiment lire les deux premiers, ils sont vraiment bien.
    Je ne suis pas allée voir le 5 au cinéma, le seul que j’ai raté, car j’avais trouvé que le tome 5 était largement en dessous des autres, il ne se passe pas grand chose en fait, j’avoue avoir eu un peu de mal à le terminer, mais il y a malgré tout une atmosphère tout à fait particulière, surtout dans le quartier général de l’Ordre du Phénix, et cette atmosphère est sûrement très difficile à rendre au cinéma, d’où je suppose l’impression d’ennui ressentie par ceux qui ont vu le film.
    Par contre le tome 6 est vraiment super, d’ailleurs d’après moi le meilleur, et je vais donc me rendre au cinéma les yeux fermés. Enfin, façon de parler...


  • Frédéric Alexandroff Frédéric Alexandroff 16 juillet 2009 13:45

    J’ai toujours pensé qu’un livre est d’autant plus facile à adapter au cinéma qu’il n’est pas, à l’origine, un bon livre. Harry Potter témoigne de ce fait, qui est un phénomène médiatique et commercial avant d’être littéraire ou même artistique.

    Si vous voulez de la vraie Fantasy, laissez tomber J. K. Rowling, lisez plutôt Pratchett ou Miéville.


    • Epeire 16 juillet 2009 13:56

      Je ne peux que renchérir, surtout pour Miéville.


    • Epeire 16 juillet 2009 14:08

      dans un genre qui n’est pas tout à fait de la fantasy (mais qui est quand même bien sympa) la tétralogie de l’âge de la Déraison par Greg Keyes est pas mal non plus.


    • Surya Surya 16 juillet 2009 15:24

      Votre commentaire est intéressant mais je ne suis pas d’accord avec vous sur l’idée mauvais livre/bon film, car le cinéma est plein de très bons films adaptés de très bons livres, par exemple La planète des Singes de Pierre Boule (je parle de la version des années soixante, pas de la récente que je n’ai pas vue.)

      C’était peut être une erreur de vouloir classer la saga Harry Potter dans la case « fantasy », bien que certains ingrédients de ce genre y soit présents, et je comprends du coup que les fans de Fantasy ne s’y retrouvent pas. Il faut voir Harry Potter comme quelque chose de totalement à part, sinon on risque de partir avec des préjugés, et faire des comparaisons.

      Bien que je vois les défauts de certains tomes d’Harry Potter, bien qu’il soit exact que l’écriture n’est pas « littéraire » au sens où on l’entend, je défends ces livres car ils ont un charme réel, et bien à eux.

      Je ne connais pas Pratchett et Miéville mais je vais lire quelque chose d’eux, et si vous avez un titre spécial à recommander je suis preneuse.


    • Lapa Lapa 16 juillet 2009 15:35

      les annales du disque-monde de Pratchett. très bon. Un chef d’oeuvre d’imagination, de fantastique et d’humour (attention y’a une flopée de tomes, mais ils peuvent se lire par 2 ou 3)


    • Surya Surya 16 juillet 2009 15:37

      Merci Lapa, je vais commencer par ça, donc.


    • Frédéric Alexandroff Frédéric Alexandroff 16 juillet 2009 19:40

      Bonjour Surya.

      Si je puis me permettre un petit conseil sur les Annales du Disque-Monde (qui peuvent se lire sans vraiment respecter un ordre quelconque, j’ai particulièrement apprécié « Au Guet ! », le huitième tome.

      Sinon, pour Miéville, essayez « Perdido Street Station ». C’est assez sombre, mais foutrement bien écrit.

      @ Epeire : Greg Kayes est effectivement un bon auteur, et l’Age de la Déraison une oeuvre des plus sympathiques. J’ai bien aimé la façon dont l’auteur a su réécrire l’histoire européenne en y adjoignant une bonne dose d’éléments fantastiques. Les Royaumes d’épines et d’os se laissent lire aussi, en dépit d’un style que j’ai trouvé un peu plus pesant.

      Amicalement,

      Frédéric Alexandroff


    • Epeire 16 juillet 2009 21:12

      J’ai lu aussi :] ainsi que les scarifiés et le concile de fer, pour continuer dans le style miéville (même si ça finit mine de rien par être un peu pesant d’une certaine façon).

      Bon après pour faire les chauvins faut aussi citer Pierre Bordage quoique je sois sortie de la période où j’avais tout le temps le nez dedans. (ah, les fables de l’Humpur...)


  • Fergus fergus 17 juillet 2009 08:32

    J’ai tenté un jour de regarder un Harry Potter. J’ai tenu moins de 30’ tant le spectacle m’a paru puéril et l’acteur principal médiocre.


  • Τυφῶν בעל Perkele Ahriman 17 juillet 2009 15:59

    Je vais le pirater et je reviens.

    Typhon


  • Surya Surya 17 juillet 2009 18:05

    Merci Frédéric Alexandroff pour vos références. J’ai de belles lectures en perspectives, c’est super !

    Fergus, n’oublions pas qu’à la base il s’agit de livres et films pour la jeunesse, et pour cette raison, c’est traité de façon assez édulcorée, dans les scènes qui peuvent être effrayantes, le suspens ne dure pas trop longtemps, mais certaines images peuvent malgré tout marquer, d’ailleurs je connais plusieurs jeunes ados qui ne veulent pas aller voir les films car ça leur fait peur. En tant qu’adulte, il faut bien sûr avoir envie de se plonger dans cet univers effectivement un peu enfantin pour apprécier. Mais ça vaut vraiment le coup d’entrer dedans.


    Voici mes impressions du film, commentaire que j’envoie par hibou express à la Gazette des Sorciers :

    Je confirme que le numéro 6 est un bon film, il est un peu long à démarrer peut être, mais ensuite on est en plein dedans, magnifiques effets spéciaux (j’ai plongé ma tête dans la pensine en même temps que Harry) très belles images, et certains acteurs vraiment supers, notamment la jeune fille qui fait Lavande Brown est excellente dans son rôle d’amoureuse transie, et le gamin qui joue Tom Jedusor (V-------T) jeune est carrément impressionnant ! On ne le dit peut être pas assez, mais le jeune qui joue Ron (je ne me rappelle plus son nom) est tout simplement excellent, et ceci depuis le tout premier épisode.

    Toujours la même petite critique que je ferais malgré tout : difficile d’aller le voir si on n’a pas lu la saga, en tout cas si on n’a pas vu les précédents films, car on ne comprendrait pas les allusions et du coup on risque de s’ennuyer un peu. 

    il est évident que la psychologie des personnages ne peut être aussi développée que dans les livres, mais on fait avec, car l’atmosphère est très prenante, et je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. Une réussite, donc.





  • Chromino Chromino 19 juillet 2009 22:48

    Pourtant plutôt « bon public » pour ces films à grand spectacle...les harry potters vraiment j’adhère pas, j’ignore pourquoi mais ca m’ennuie ferme.
    Ce soir, je viens de zapper sur la fin du 1° diffusé sur TF1...et à mon grand étonnement, ca ne me dit rien et pour cause, je n’avais jamais réussi à atteindre ce niveau du film.


  • docmib 20 juillet 2009 09:50

    J’aime bien les Harry Potter en général (sans avoir lu les livres). Mais dans ce volet là je me suis limite ennuyé ferme pendant 2h30... Sortant du cinémas j’aime bien écouter les gens parler... Pas un seul « -T’as vu quand... ? » ou « -Et pis ca c’était géant »...

    Ma copine est une inconditionnelle des livres... Elle l’a trouvé tellement mauvais qu’elle avait douté d’avoir bien lu le livre... et l’a reprit du début...

    Sérieux autant le louer à sa sortie ou l’emprunter pour la « culture générale » que de payer le billet de ciné pour aller le voir.


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