mercredi 14 mai - par C’est Nabum

À propos du conte

 

L'espace de tous les possibles !

 

La littérature orale est vieille comme la parole. L'humanité dès l'instant que ses membres ont su communiquer en parlant a profité de cette aubaine pour passer outre le simple échange de consignes ou de propos pratiques. Des humains ont répondu aux grandes questions existentielles en créant des récits qui avaient la vertu de transmettre des connaissances, de dépasser des peurs, d'ouvrir des espérances et de transcender la condition humaine.

Le conte est né autour du feu au sein de la communauté pour en tisser les liens tout en favorisant la cohésion du groupe. C'est par le truchement d'aventures épiques, mirifiques, fantastiques que l'idée de partager une épopée unique sur cette Planète a germé dans les esprits. La fiction emprunte d'éléments magiques a permis aux individus de se projeter dans une curieuse notion pour des membres soucieux uniquement d'assurer l'immédiat.

L'avenir est né dans cette forme qui semble ne se tourner que vers le passé. C'est là le point essentiel de cette forme d'expression qui semble étonnamment incomprise depuis quelque temps dans notre société si furieusement contemporaine. La formule rituelle :« Il était une fois ! » a laissé croire que cette activité ne se souciait que de se retourner inlassablement vers un avant des plus lointains.

Erreur funeste qui a privé le conte de ses desseins essentiels : se montrer subversif pour avancer en gommant les imperfections et les errements des récits antérieurs tout en mettant en garde sans cesse sur les fausses routes, les leurres et les pièges que l'existence sème sans cesse sur le trajet des individus.

La littérature orale prend les habits du passé pour ouvrir de nouveaux possibles. C'est un acte éminemment politique qui n'a pas été perçu ou volontairement gommé par ceux qui se sont évertués à laisser croire que ce n'est qu'une forme d'expression réservée aux jeunes enfants. Les bibliothécaires dans cette interprétation malheureuse ont considérablement desservi les conteurs qui s'évertuent à créer de nouveaux textes.

Il faut aussi admettre que bien des pratiquants de cette activité ont succombé à cette dérive en acceptant cette déplorable limitation, cessant de se produire devant des adultes ou se contentant de pratiquer devant des auditeurs avertis de moins en moins nombreux. Le grand public fuit des spectacles qui sont affublés de tous les défauts de la terre : ringards, dépassés, archaïques, soporifiques, pénibles, exigeants, incompréhensibles…

Il serait possible de continuer inlassablement la litanie des tares que les esprits éclairés par les seuls écrans de toute nature attribuent à ce précieux héritage littéraire. Il est vrai que leur incapacité à donner du sens en dehors du bruit et de l'image les laisse sur le bord du chemin tandis que leur capacité à donner du sens et à se concentrer plus de quelques minutes les fait sortir du cadre.

C'est donc ainsi que le conte est devenu un vecteur d'expression réservé à tous ceux qui d'une manière ou d'une autre ont échappé au terrible conditionnement de masse qui souhaite poursuivre l'œuvre assigné à l'école de fabriquer des crétins ineptes à la réflexion et à la projection. Nous pouvons mesurer les effets de cette stratégie menée par des élites qui entendent ainsi manipuler toujours plus des masses condamnées à l'état d’hébétude devant un réel qu'ils ne sont plus en mesure d'analyser, comprendre et infléchir.

Les choix politiques évoluent clairement vers cette lente fascination pour les solutions radicales, ségrégationnistes, violentes et parfaitement ineptes pour affronter les défis d'un futur imprévisible, incohérent et menaçant. Le conte devrait être cet outil d'analyse et de projection qui ouvrirait des débats, des réflexions collectives de nature à penser autrement qu'en suivant les simplifications des prophètes du malheur.

 



7 réactions


  • Étirév 14 mai 12:07

    C’est la Tradition orale qui contient la véritable histoire de l’humanité. On peut détruire les livres, on ne détruira pas les traditions. C’est ainsi que l’histoire primitive est arrivée jusqu’à nous.
    La tradition contient deux séries parallèles de faits : d’une part, les faits du monde gynécocratique primitif qui forment la légende sacrée des premiers temps, et qui, elle, contient l’origine des langues, des sciences, des croyances, de la vie morale, et de la vie sociale ; d’autre part, les faits du monde androcratique qui constituent la légende profane. C’est dans cette partie de la tradition que se trouve l’histoire des passions des hommes, de leurs luttes pour le pouvoir. C’est l’histoire des vices humains, elle commence à la luxure, passe par l’orgueil et l’égoïsme pour arriver au despotisme et au crime « légitime » qu’on appelle la guerre.
    C’est cette seconde partie qui a été soigneusement conservée pour être donnée comme sujet d’études et d’édification aux jeunes générations. Quant à l’autre, on a employé tous les moyens possibles pour la faire disparaître.
    Cependant, on n’y a pas réussi. La femme qui avait fait cette histoire-là n’a jamais cessé de la raconter à l’enfant. Elle en a fait une collection de petits contes. Ils font toujours les délices des enfants ; c’est l’antique enseignement maternel, tenace comme une habitude religieuse.
    Voici « La Belle au Bois dormant », où l’on retrouve un épisode du roman de Perce-Forest. Ce conte nous montre la femme endormie, c’est-à-dire hors la vie active, hors le monde pendant mille ans, l’« Âge de Fer », mais réveillée par le Prince charmant, l’homme « régénéré », qui lui rend sa place après ce long sommeil, avec le baiser de paix.
    Dans « Le Petit Chaperon rouge », on nous montre l’enfant qui, rentrant au logis, trouve l’ogre (le Père) occupant la place de la Bonne Mère et, terrifié de cette substitution, exprime au géant son étonnement de le voir si grand.
    « Cendrillon », c’est la femme supérieure avilie, sa grandeur intellectuelle est cachée et employée à d’obscures besognes domestiques, tandis que ses sœurs, qui ne la valent pas, la méprisent, l’humilient (ce sont les femmes faibles et coquettes qui ont suivi les hommes dans leur vie de plaisir). Cependant, le jour vient où sa valeur morale est appréciée, sa nature supérieure reconnue, alors elle est rendue à sa vraie destinée, elle devient la Reine. C’est une réminiscence de l’aventure de Rhodopis qui, pour avoir perdu l’un de ses petits souliers, épouse un roi d’Egypte.
    Les contes de Fées ne sont pas des histoires sans signification, écrites pour amuser les paresseux, elles renferment en elles La Religion de nos Ancêtres.


    • C'est Nabum C’est Nabum 14 mai 12:46

      @Étirév

      C’est pourquoi cette volonté de faire taire les conteurs est un signe de ce temps d’inculture et de barbarie

      Seule la tradition orale peut s’opposer au rouleau compresseur de la médiocrité ambiante.

      Merci


  • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 14 mai 16:53

    Vous êtes guidés par des codes surannés : Symétrie&Inversion, Caverne, Raison|passion, Politique, Malthus, Valeur, Tiers-exclu, opposition, menace, en particulier. Celà forme les Kode-à-2-balles sur lesquels ils auto-réalisent leur dégénérescence narcissique. L’inversion est au coin de tous leurs raisonnements. Celà tient à leûr secret qu’îls serrent très fort entre leurs petîts doîgts : La Monnaie, La Valeur, Leûr bÊte.

    Pour les contes, ce sont l’expression de la BONté de l’homme, naturellement.


    • C'est Nabum C’est Nabum 14 mai 17:01

      @Sylfaën.H.

      Le suranné me convient très bien


    • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 14 mai 17:50

      @C’est Nabum
       smiley
      Le suranné concernait le Vous, les puissants qui nous gouvernent, nous amènent au chaos. Je n’aurai pas osé m’en prendre lâchement à votre grÂnd-Âge smiley
      Pour ce qui est du texte, un plaisir à lire, et partager donc


    • C'est Nabum C’est Nabum 14 mai 18:18

      @Sylfaën.H.

      Je bats ma coulpe pour éviter de m’en prendre à ces canailles, responsables de tous nos maux


  • juluch juluch 14 mai 18:15

    La tradition, c’est important....tout à fait.


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